Parmi les victimes des attentats perpétrés à la Casa de España figure un employé d’une compagnie d’assurances. Il s’agit de Fatah Mohamed. Né en 1955, Fatah était le père d’une famille de cinq enfants. Aziza, l’aînée âgée de 21 ans, est étudiante en 3e année de médecine, Imane, 19 ans, est en 1re année de BG, Chouaïb 17 ans et les jumeaux 16 ans sont lycéens.
Invité par quelques copains la nuit du 16 mai, Fatah a quitté la maison après avoir dîné en famille. Sa mort est une grande perte à tous les niveaux, surtout pour les deux filles.
Locataire d’un appartement au quartier Sidi Maârouf V en face de Korea de Derb Sultan, la famille vit dans des conditions qui frisent l’indécence. D’une maturité précoce, Aziza et Imane discutent de la « furie intégriste » qui s’accapare des mentalités. La misère ne fait pas plonger cette famille conservatrice dans le discours fanatique des obscurantistes.
« Si la misère a conduit les gens à s’installer dans des huttes et cahutes, ce n’est pas une raison pour brandir une idéologie destructrice injustifiée », rétorque Aziza abattue. La mort du père n’est pas sans conséquence. Elle a causé une mise en suspension de l’avenir des enfants. C’est d’ailleurs le motif qui a amené Imane à prendre une décision capitale. Elle a choisi d’interrompre ses études pour subvenir aux besoins de sa famille. Une décision certes courageuse mais qui risque de compromettre l’avenir de cette jeune fille encore en début de chemin.
Aïcha, femme au foyer, a passé toute sa vie au service de son mari et de ses enfants. « Aujourd’hui, les choses vont prendre un autre tournant. Mon mari était une assurance contre toute menace extérieure. Je vais dorénavant devoir faire face à la vie toute seule », dit-elle. La situation financière des Fatah est précaire. La famille compte principalement sur les dotations annoncées par le Souverain. D’autre part, la compagnie d’assurances a promis d’accélérer le processus pour la perception du capital-décès et l’assurance individuelle.
Hayat KARIM ALLAH pour leconomiste.com