Attentats du 11 mars - Nébuleuse islamiste de Casablanca à Madrid

17 mars 2004 - 10h16 - Espagne - Ecrit par :

« Ce n’est qu’après l’aboutissement de l’enquête à Madrid qu’on va savoir qui était vraiment derrière les attentats du 16 mai 2003 à Casablanca » : cette petite phrase de Mohamed Darif, un chercheur marocain spécialiste des mouvements islamistes, résume bien le flou qui demeure encore aujourd’hui sur les commanditaires des attentats de Casablanca qui ont fait 45 morts et plus de 100 blessés.

La mort de la plupart des kamikazes dans les explosions a rendu le travail des enquêteurs marocains particulièrement compliqué.

Près d’un an après, une seule chose est sûre : les poseurs de bombes, âgés de 20 à 30 ans, étaient tous marocains et tous issus de Sidi Moumen, l’un des bidonvilles les plus pauvres de la périphérie de Casablanca. Les autorités marocaines, qui ont « ratissé » très large, multipliant les arrestations dans tous les milieux islamistes, en ont attribué la responsabilité à deux groupes intégristes marocains, la Salafia Jihadia (salafistes combattants) et Assirat al-Moustaqim (le Droit Chemin). Mais elles n’ont pu identifier clairement leurs commanditaires. Ni établir leurs liens éventuels avec le « terrorisme international », même si la présence d’un nombre important de Marocains dans cette nébuleuse est patente. Nombre des militants radicaux raflés après les attentats y avaient de solides ancrages. Les prédicateurs de la Salafia Jihadia ont ainsi été formés à la loi islamique en Arabie Saoudite et sont passés par l’Afghanistan dans les années 80, avant de rentrer au Maroc dans les années 90.

Les enquêteurs marocains ont toujours travaillé sur plusieurs pistes internationales. L’arrestation à Tanger de Richard Robert, un jeune Français de Saint-Etienne converti à l’islam, les a vite orientés vers une « filière espagnole » (deux des supérieurs directs de Robert ont d’ailleurs été arrêtés par la police espagnole). Un cordonnier de Fès, Abdelhaq Bentassir, chef apparent des terroristes, pourrait en outre avoir été le chaînon manquant reliant les kamikazes, à peu près analphabètes, de Sidi Moumen au terrorisme international. Sa mort subite pendant un interrogatoire n’a toutefois pas permis d’en savoir plus.

Quels étaient les liens entre ce groupe de Casablanca et les trois Marocains suspectés d’être impliqués dans les attentats de Madrid ? Notamment Jamal Zougam, originaire de Tanger, qui a quitté le royaume trois semaines après la tuerie de Casablanca (Rabat avait alerté Madrid en juin 2003 sur son installation en Espagne, en notant son appartenance à Al-Qaeda). La question de ces liens demeure posée. Mais, si le Groupe marocain combattant est, comme l’affirme Mohamed Darif, impliqué dans le carnage d’Atocha, l’ombre d’Al-Qaeda planerait effectivement sur Casa et Madrid. Car ces Marocains afghans seraient liés à Ansar al-Islam du Jordanien Abou Mousab al-Zarqaoui, lui-même proche d’Al-Qaeda.

Par José GARاON
mercredi 17 mars 2004

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Casablanca - Madrid - Terrorisme - Attentats de Casablanca

Ces articles devraient vous intéresser :

Coup de filet au Maroc contre une cellule terroriste planifiant des attaques

Cinq individus, âgés entre 22 et 46 ans, soupçonnés d’appartenir à l’organisation terroriste Daesh et de préparer des attentats contre des installations vitales et des institutions sécuritaires, ont été arrêtés par les forces de sécurité marocaines.

Une cellule préparant des attentats au Maroc démantelée

Le Bureau central des investigations judiciaires (BCIJ), se basant sur des informations fournies par la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), a annoncé le démantèlement d’une cellule terroriste liée à l’organisation Daech. Cette...

Décès de Malika El Aroud, « La Veuve noire du Jihad »

Malika El Aroud, condamnée pour terrorisme en 2008, est décédée à l’âge de 64 ans. Cette femme, qui avait la double nationalité belge et marocaine, avait été déchue de sa nationalité belge en 2017 pour avoir « gravement manqué à ses devoirs de...

Le Maroc frappe un grand coup dans la lutte contre le terrorisme

Une cinquantaine d’individus ont été arrêtés mercredi au Maroc lors d’une importante opération visant des membres présumés de groupes djihadistes.

Terrorisme au Maroc : une lutte permanente depuis 2003

L’extrémisme islamiste au Maroc a été marqué par cinq moments forts, dont notamment les attentats de Casablanca en 2003 et 2007, le printemps arabe en 2011, et la création de l’État islamique (EI) en 2014. Pour lutter contre le phénomène, les autorités...

Maroc : les casinos sous haute surveillance

Dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, les services compétents du ministère de l’Intérieur ont effectué des missions de contrôle dans sept casinos entre avril et septembre 2024, et démantelé plusieurs...

Blanchiment d’argent : Le Maroc serre la vis et ça paye

La lutte contre les activités de blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme connaît des progrès significatifs au Maroc. En témoigne le nombre de déclarations de soupçon reçues par l’Autorité nationale du renseignement financier (ANRF) en...

Projet d’attentat déjoué au Maroc : Treize individus arrêtés par le BCIJ

Treize personnes ont été arrêtées par le Bureau Central d’Investigations Judiciaires (BCIJ), jeudi dernier. Soupçonnés d’être partisans de l’organisation terroriste « État islamique », les individus ont été arrêtés lors d’opérations menées dans...