Cinq individus, âgés entre 22 et 46 ans, soupçonnés d’appartenir à l’organisation terroriste Daesh et de préparer des attentats contre des installations vitales et des institutions sécuritaires, ont été arrêtés par les forces de sécurité marocaines.
« Ce n’est qu’après l’aboutissement de l’enquête à Madrid qu’on va savoir qui était vraiment derrière les attentats du 16 mai 2003 à Casablanca » : cette petite phrase de Mohamed Darif, un chercheur marocain spécialiste des mouvements islamistes, résume bien le flou qui demeure encore aujourd’hui sur les commanditaires des attentats de Casablanca qui ont fait 45 morts et plus de 100 blessés.
La mort de la plupart des kamikazes dans les explosions a rendu le travail des enquêteurs marocains particulièrement compliqué.
Près d’un an après, une seule chose est sûre : les poseurs de bombes, âgés de 20 à 30 ans, étaient tous marocains et tous issus de Sidi Moumen, l’un des bidonvilles les plus pauvres de la périphérie de Casablanca. Les autorités marocaines, qui ont « ratissé » très large, multipliant les arrestations dans tous les milieux islamistes, en ont attribué la responsabilité à deux groupes intégristes marocains, la Salafia Jihadia (salafistes combattants) et Assirat al-Moustaqim (le Droit Chemin). Mais elles n’ont pu identifier clairement leurs commanditaires. Ni établir leurs liens éventuels avec le « terrorisme international », même si la présence d’un nombre important de Marocains dans cette nébuleuse est patente. Nombre des militants radicaux raflés après les attentats y avaient de solides ancrages. Les prédicateurs de la Salafia Jihadia ont ainsi été formés à la loi islamique en Arabie Saoudite et sont passés par l’Afghanistan dans les années 80, avant de rentrer au Maroc dans les années 90.
Les enquêteurs marocains ont toujours travaillé sur plusieurs pistes internationales. L’arrestation à Tanger de Richard Robert, un jeune Français de Saint-Etienne converti à l’islam, les a vite orientés vers une « filière espagnole » (deux des supérieurs directs de Robert ont d’ailleurs été arrêtés par la police espagnole). Un cordonnier de Fès, Abdelhaq Bentassir, chef apparent des terroristes, pourrait en outre avoir été le chaînon manquant reliant les kamikazes, à peu près analphabètes, de Sidi Moumen au terrorisme international. Sa mort subite pendant un interrogatoire n’a toutefois pas permis d’en savoir plus.
Quels étaient les liens entre ce groupe de Casablanca et les trois Marocains suspectés d’être impliqués dans les attentats de Madrid ? Notamment Jamal Zougam, originaire de Tanger, qui a quitté le royaume trois semaines après la tuerie de Casablanca (Rabat avait alerté Madrid en juin 2003 sur son installation en Espagne, en notant son appartenance à Al-Qaeda). La question de ces liens demeure posée. Mais, si le Groupe marocain combattant est, comme l’affirme Mohamed Darif, impliqué dans le carnage d’Atocha, l’ombre d’Al-Qaeda planerait effectivement sur Casa et Madrid. Car ces Marocains afghans seraient liés à Ansar al-Islam du Jordanien Abou Mousab al-Zarqaoui, lui-même proche d’Al-Qaeda.
Par José GARاON
mercredi 17 mars 2004
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