Dans un podcast, l’universitaire et activiste amazigh Ahmed Assid s’est prononcé sur plusieurs sujets dont la répression des voix contestataires au Maroc, la liberté d’expression ou encore la laïcité.
Quinze titres marocains publient une pétition initiée par l’association Bayt Al Hikma pour défendre les libertés individuelles. Pourquoi soutenir cet appel ? Ahmed Réda Benchemsi, directeur de TelQuel, l’une des quinze publications ayant soutenu cette initiative, part d’un constat : Le "camp d’en face" (celui des islamistes plus ou moins extrémistes et de tous les populistes qui, objectivement, font leur jeu), dispose d’un cadre idéologique clair : la religion et la morale islamique "pures et parfaites" - ou du moins, c’est ainsi qu’ils la fantasment.
"L’autre camp" (celui des démocrates, libéraux et autres humanistes) a, lui, un problème : son discours ne s’inscrit pas dans un corps de doctrine clair et ouvertement affirmé. Ce camp-là se contente de dire, à chaque fois que l’actualité l’exige : "Ce n’est pas bien de juger et de condamner autrui sur la base de choix de vie personnels"... mais sans dire, en contrepoint : "Voilà ce qui est bien, et voilà la doctrine universellement reconnue dans laquelle notre condamnation s’inscrit". Cette doctrine, qu’il s’agit désormais de revendiquer haut et fort, porte un nom : cela s’appelle les "libertés individuelles". C’est en ces termes que le directeur de TelQuel explique les raisons de son adhésion à ce manifeste qui commence comme suit :
"Depuis quelques années, on assiste au Maroc à une inquiétante prolifération des menaces et agressions (verbales ou physiques) à l’encontre de divers groupes ou individus." Les auteurs de cette pétition estiment que des "campagnes de stigmatisation religieuse émanent de divers groupes intégristes, y compris des titres de presse et constituent de graves atteintes aux libertés individuelles.
En effet, fin 2007, une véritable joute, par éditoriaux interposés, avait opposé les titres indépendants francophones Telquel et Le Journal Hebdomadaire au quotidien arabophone Al Massae suite à la publication par ce dernier d’images d’une soirée privée qui allait ainsi devenir l’affaire du « mariage supposé homosexuel ».
Rappelons les faits : Le 18 novembre, plusieurs dizaines de personnes assistent à une fête dans une maison de Ksar El-Kébir, bourgade paisible au nord du Maroc. Des images prises pendant cette soirée privée se retrouveront sur le site de YouTube. Dans cette vidéo, on voit des hommes danser, l’un d’entre eux porte une tenue de mariée. Le lendemain, court la rumeur d’un « mariage gay ». Certains medias, dont le quotidien arabophone Al Massae, l’un des meilleurs tirages du pays, rendent compte de l’affaire. Les jours qui suivent, des manifestants homophobes, et parfois violents, prennent d’assaut les rues tranquilles de Ksar El-Kébir.
La semaine suivante, six personnes soupçonnées d’avoir eu des relations homosexuelles au cours de cette soirée sont arrêtées. Le 10 décembre, le tribunal de première instance de Ksar El-Kébir condamne six hommes à des peines de prison. Le 15 janvier, la cour d’appel confirme la peine de dix mois de prison ferme pour le principal accusé, inculpé pour « homosexualité » et « commerce illégal d’alcool », et deux à quatre mois de prison ferme pour ses coaccusés.
L’association Bayt Al Hikma, fondée et présidée par la militante des droits de l’homme Khadija Rouissi, a été crée en juillet dernier dans le but de défendre les libertés individuelles. L’affaire de Ksar El-Kébir montre combien son combat est nécessaire.
APN
L’appel :
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