Pour les anciens mineurs marocains le long chemin vers l’égalité des droits

4 octobre 2008 - 12h57 - France - Ecrit par : Bladi.net

Depuis 1989, une association basée à Dechy, dans le Douaisis, défend les droits des anciens mineurs marocains. L’un de ses combats concerne le rachat des avantages en nature, une disposition héritée du statut du mineur... mais dont sont exclus les travailleurs originaires du Maghreb. Une audience de conciliation a eu lieu cette semaine au conseil des prud’hommes de Douai.

Lorsqu’ils évoquent les Houillères, les anciens mineurs parlent souvent d’un État dans l’État. Pas faux. Ses réglementations sont si complexes qu’à côté, la lecture du Code civil est une partie de plaisir. Plus gênant : les règles de Charbonnages de France ne sont pas toujours justes à l’égard de certaines catégories de mineurs.

Un exemple. Au moment de la fermeture des mines, dans le cadre des plans sociaux, Charbonnages de France a accordé aux mineurs le droit de racheter leurs avantages en nature (lire l’éclairage ci-contre). « Ce droit, on l’a accordé aux mineurs français et européens, puis aux Polonais. Mais on a exclu les Maghrébins », raconte Abdellah Samate, président de l’Association des mineurs marocains et reconvertis du Nord - Pas-de-Calais (AMMN). Une association créée en 1989, dont le but est d’aider les anciens mineurs originaires du Maghreb à faire les démarches pour obtenir les mêmes droits que les autres gueules noires.

En mai dernier, l’association a obtenu une belle victoire : la Haute Autorité de lutte contre les discriminations (la HALDE) a considéré que les mineurs marocains devaient, au même titre que les Français et Européens, obtenir le droit de racheter leurs avantages en nature. Suite à cet avis, l’ANGDM (Agence nationale pour la garantie des droits des mineurs) annonçait publiquement qu’elle allait faire cesser cette « discrimination ».

La conciliation échoue

« L’ANGDM avait un délai de deux mois pour l’appliquer, explique M. Samate. Le délai dépassé, nous avons décidé d’aller devant les prud’hommes de Douai. » Soutenus par l’AMMN, dix anciens mineurs marocains se sont rendus, jeudi, à une audience de conciliation. Là, ils ont exposé chacun leur tour leurs arguments et exigé qu’il y ait une parfaite égalité de droits entre tous les anciens mineurs. Las, la conciliation avec l’ANGDM a échoué. Il faudra attendre le 19 mars pour que la justice rende son jugement. Abdellah Samatte a-t-il bon espoir ? « Je vais vous dire, ce ne sont pas les euros qui comptent. Ce qu’on veut gagner surtout, c’est la dignité. » Il relève son bas de pantalon et montre une large cicatrice, sur son pied droit. Et il raconte ses cinq années passées « au fond ». L’accident du travail, la jambe perforée par l’explosion d’une machine. Son combat pour conserver son emploi et ne pas être reconduit au Maroc. Il dit aussi : « Il fallait qu’on travaille plus que les autochtones pour espérer être considérés comme leurs égaux. Et quand on sort de là, on n’a pas les mêmes droits ! Ça fait mal... Nos enfants savent tout ça. Qu’est-ce qu’ils vont penser de la France ? »

Source : La Voix du Nord - Anne Lise Teneul

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Droits et Justice

Ces articles devraient vous intéresser :

Mohamed Ihattaren risque d’aller en prison

L’avocat de Mohamed Ihattaren, Hendriksen, confirme que le joueur d’origine marocaine est poursuivi en justice pour légère violence envers sa fiancée Yasmine Driouech en février dernier. La date de l’audience n’est pas encore connue.

Maroc : Une vague de racisme contre les mariages mixtes ?

Des activistes marocains se sont insurgés ces derniers jours sur les réseaux sociaux contre le fait que de plus en plus de femmes marocaines se marient avec des personnes originaires des pays d’Afrique subsaharienne. Les défenseurs des droits humains...

Maroc : les fraudeurs fiscaux bientôt devant la justice

Au Maroc, les fraudeurs fiscaux présumés vont répondre de leurs actes. Les contrôleurs de l’administration fiscale ont transmis leurs dossiers à la justice aux fins de poursuite.

Maroc : Vague d’enquêtes sur des parlementaires pour des crimes financiers

Une vingtaine de parlementaires marocains sont dans le collimateur de la justice. Ils sont poursuivis pour faux et usage de faux, abus de pouvoir, dilapidation et détournement de fonds publics.

Maroc : 30 députés éclaboussés par des affaires de corruption

Au total, 30 députés marocains sont poursuivis par la justice en leur qualité de président de commune pour leur implication présumée dans des affaires de corruption, de dilapidation de deniers publics, de chantage, et de falsification de documents...

L’affaire "Escobar du désert" : les dessous du détournement d’une villa

L’affaire « Escobar du désert » continue de livrer ses secrets. L’enquête en cours a révélé que Saïd Naciri, président du club sportif Wydad, et Abdenbi Bioui, président de la région de l’Oriental, en détention pour leurs liens présumés avec le...

L’appel des chrétiens marocains

La communauté chrétienne au Maroc a réitéré, à l’occasion de la célébration de la fête de Noël, sa demande d’abrogation de l’article 220 du Code pénal et de la dépénalisation du prosélytisme.

Affaire de viol : Achraf Hakimi devant le juge

L’international marocain du Paris Saint-Germain, Achraf Hakimi, a eu affaire à la justice ce vendredi matin, en lien avec une accusation de viol portée contre lui.

ADN au Maroc : vers un fichage incontrôlé ?

L’utilisation à des fin illégales des empreintes et des échantillons d’ADN des Marocains, prélevés dans le cadre des enquêtes criminelles, préoccupe des parlementaires qui ont interpelé le gouvernement à ce sujet.

Maroc : des biens et des comptes bancaires de parlementaires saisis

Au Maroc, les parquets des tribunaux de première instance ont commencé à transmettre aux nouvelles chambres chargées des crimes de blanchiment d’argent les dossiers des présidents de commune et des parlementaires condamnés pour dilapidation et...