Anciens combattants marocains : Les laissés-pour-compte de Bordeaux

25 novembre 2004 - 18h52 - Monde - Ecrit par :

Depuis 1996, une centaine d’anciens combattants marocains ont élu domicile dans la ville de Bordeaux où ils attendent des autorités françaises une compensation digne des sacrifices qu’ils ont consentis. En vain.

C’est une véritable scène de désolation dans laquelle vive une centaine d’anciens combattants marocains dans la capitale du vin français, Bordeaux. Et pour cause, la ville abrite le tribunal de pension militaire.
On estime leur nombre à environ 2.000 et des dizaines continuent d’arriver chaque mois. Au début, les nouveaux arrivants erraient dans la ville dans un état pitoyable. Avant que certaines associations les prennent en charge et les assistent dans leurs démarches administratives afin d’obtenir leurs droits.
Depuis des années, ils attendent un geste politique de la part de l’Etat français. Toujours en vain. Sinon, ces anciens combattants sont vieux, malades et souffrants et surtout loin de leurs familles. Ils ont pourtant participé à toutes les guerres françaises dans le cadre du régiment des tirailleurs marocains (TRM) : Algérie, Italie, France, Allemagne, Indochine. Plusieurs décennies après, c’est une procédure administrative en vigueur depuis 1989 qui leur a permis de franchir de nouveaux les frontières de la France, puisque leur carte d’ancien combattant leur donne droit à un titre de séjour valable pour dix ans. C’est à ce titre que ces anciens vétérans marocains des guerres françaises peuvent prétendrent à certains mécanismes de la sécurité sociale française : le RMI ainsi qu’une allocation spécifique vieillesse. Reste que pour bénéficier des ces « avantages » qui n’ont rien à voir avec leur statut initial, les anciens combattants doivent se comporter comme tout immigrant, et résider en permanence en France. Leurs indemnités au titre de service rendu sont honteusement dérisoires : pour ceux qui ont servi quinze ans dans l’armée française, l’Etat verse une pension militaire de 66 à 150 euros par trimestre. Ce qui représente dix à vingt fois moins que la solde de leurs homologues français. Incompréhensible.

Youssef Chaoui

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