Tout d’abord, donnez-nous une petite idée sur votre parcours artistique ?
Je me suis lancée dans le domaine artistique alors que j’étais toute jeune. Dès mon plus bas âge, j’aimais chanter, danser, faire des jeux de rôles avec mes amies. Mes débuts, c’était en 1972, dans une émission télévisée nommée « Nadi Assighar », avant d’intégrer la troupe du théâtre amateur « Houwat Alfan », où j’ai appris les règles d’or du théâtre et de l’art en général. D’ailleurs, dans ce contexte, je ne remercierais jamais assez Abdelmjid Fennich, Abdelkrim Berrechid et Mohammed Meskine pour tout ce que j’ai appris d’eux. Après cela, j’ai rejoint la troupe nationale Mohamed V, et la télévision nationale m’a ouvert ses portes.
Faut-il s’attendre à voir Amale Temmar dans des œuvres étrangères ?
Je ne suis pas contre le principe. L’art est universel et tant que l’œuvre mérite d’être jouée peu importe sa nationalité du moment qu’elle a une valeur artistique et morale sûre. En parlant de nationalité, je suis toujours fière de me présenter comme un « produit marocain à 100% », et à côté des langues que j’ai apprises, je dirais entre parenthèses que je parle cinq langues et qu’ actuellement je suis en train d’en apprendre une longue asiatique, je suis restée fidèle à ma langue maternelle qui est la langue arabe.
En ce sens, j’ai beaucoup lu, et je me suis penchée sur les grands classiques de la langue arabe, commençant par « Assira Annabawiya », ou « Al Mouallakat Assabea », jusqu’à celles d’Ahmed Chawqui, Khalil Jabrane ou encore Aroui et Mohamed Choukri. Notre langue arabe est tellement belle, mais cela ne m’a pas empêchée d’apprendre la langue de Molière ou celle de Sheakespear. Pour moi, écrire en langue arabe, c’est sortir tout ce que j’ai en moi c’est un souffle d’air qui me revigore.
Amale Temmar est également connue pour ses positions dans le domaine associatif. Que pouvez-vous nous en dire ?
Le domaine social doit constituer l’une des causes de la vie d’artiste, cela va de soi. Un artiste est d’abord un communicateur, et un porteur de messages à travers ses œuvres. Si ce capital peut être utilisés dans le domaine social c’est un plus pour ne pas dire que c’est une conséquence logique. Pour moi militer dans cette association, est une réponse à une question de cœur, et l’on ne peut pas être artiste si on a pas de cœur, en ce qui me concerne cela est très important. Effectivement, je suis très impliquée dans la vie associative. Je suis membre de l’association « Ne touche pas à mon enfant » et je ne rate aucune occasion pour lancer des appels à la communauté marocaine en vue de lutter activement pour éradiquer ce fléau qu’est l’abus sexuel.
Votre avis sur le cinéma marocain ?
Le cinéma marocain a profité des avancées techniques, des nouveaux talents et de l’élargissement des sujets abordés, pour consolider ses assises et passer a la vitesse supérieure. Les différents festivals organisés chez nous comme à l’étranger, les prix remportés et les films et acteurs marocains sollicités constituent des indicateurs rassurants sur l’avenir. Mon message c’est : faisons confiance et travaillons encore plus, la voie est tracée. Il suffit de persévérer et les résultats escomptés ne tarderont pas à venir.
Et sur la nouvelle génération d’artistes marocains ?
Il est difficile de parler des générations dans l’art, car l’art sous ses différentes formes est par nature continu, voire infini. La notion de génération se situe au niveau des figures. Si c’est le cas, je peux dire que la nouvelle génération d’artistes apporte sa touche, ses désirs ; ses aspirations, ses soucis et sa connaissance, ce qui est un symbole de son nouveau, donc d’un impact positif.
Quels sont vos projets ?
Je suis actuellement en plein tournage du feuilleton « L’été des coquelicots ». En parallèle, on travaille sur une pièce théâtrale, créée en 2007, nommée « Et après ? ». Cette pièce est à 100 % féminine. Nous sommes 4 artistes avec une jeune réalisatrice. Nous y évoquons tout simplement les problèmes de la femme dans le domaine artistique. D’autre part, nous prévoyons de la tourner en film. Aussi, nous serons en tournée pour passer dans d’autres régions, car jusqu’à présent nous étions concentrés sur la région du centre.
Également, nous travaillons sur la nouvelle pièce de la nouvelle saison, qui s’intitule « La petite Fenêtre », et prochainement, je commencerais le tournage de « Si Abderrahman El Mejdoub » avec Farida Bourquia..De mon côté, je suis en cours de finalisation de deux scénarios que j’ai écris. Il s’agit de « Secrets de femmes », qui est une série de 20 épisodes, et un téléfilm sous le titre de « Le cadeau empoisonné ».
Ainsi, vous faites aujourd’hui l’exploration du métier de scénariste ?
Dans mes deux scénarios, je me suis inspirée de mon expérience et aussi de mon amour pour cet art, mais il n’y a pas mieux que la vie quotidienne pour puiser de l’inspiration. D’après mon vécu, je mets toujours la femme en vedette. J’ai essayé de la mettre au-devant de la scène, contrairement à ce que l’on trouve dans beaucoup d’autres œuvres. La femme c’est la mère, la sœur, l’épouse, c’est pourquoi j’ai choisi de reproduire la femme dans tous ses états. « Secrets de Femmes » c’est presque quatre ans de travail, de réflexion et de recherches. Car il y a le côté cinématographique de l’œuvre mais il ne faut pas négliger le côté véridique inspiré du réel.
Aujourd’hui le Maroc - Meriem Allam