"Les terroristes responsables de l’attaque de Casablanca sont moins sophistiqués que ceux ayant visé l’Arabie Saoudite. Pourtant, le bilan des événements de Casablanca s’est élevé à 44 morts, y compris les 12 Kamikazes", indique notamment le rapport.
Le document jette la lumière sur le fonctionnement d’Al Qaida, son organigramme, ses ressources, ses capacités, ses objectifs, sa méthodologie, ses cibles, ses bases de soutien et les caractéristiques de ses adeptes.
Après le déclenchement de la guerre contre le terrorisme à la suite des attaques contre New York et Washington, Al Qaida s’est transformée d’une organisation structurée en plusieurs unités ayant de nombreuses ramifications à travers le monde, précise le rapport dont une partie jugée "sensible" a été censurée pour "des raisons sécuritaires", selon les membres de la commission parlementaire d’enquête.
"Les attentats suicide perpétrés en mai contre l’Arabie Saoudite et le Maroc reflètent la nouvelle stratégie adoptée par Al Qaida", soutiennent les auteurs du rapport, affirmant que de nombreux dirigeants de l’organisation d’Oussama Ben Laden se cachent en Iran, au Pakistan ou entre les frontières pakistano-afghanes.
De l’avis des spécialistes américains, le réseau d’Al Qaida a été démantelé, mais demeure "opérationnel et dangereux". Il compte des centaines d’experts, mais le nombre de ceux qui ont suivi une formation dans ses camps d’entraînement entre 1996 et 2001 est estimé à 20.000 personnes, lorsque Ben Laden était en Afghanistan.
"Certaines de ces personnes se trouveraient aux Etats-Unis", estime le rapport, indiquant que 11 des 19 pirates de l’air ont bénéficié d’un réseau de soutien logistique déjà mis en place aux USA.
Le rapport de 900 pages, élaboré par une commission bipartisane mise sur pied pour enquêter sur les défaillances ayant précédé les attentats du 11 septembre 2003 aux Etats Unis, critique notamment le FBI et la CIA qui n’ont pas décelé plusieurs indices qui auraient permis de déjouer le complot terroriste contre le World Trade Center à New York et le Pentagone à Washington.
La commission d’enquête, qui a tenu 12 réunions à huis clos au Sénat et à la Chambre des Représentants, reproche notamment à la CIA de ne pas avoir transmis aux autres services de sécurité des informations importantes sur les suspects infiltrés aux Etats-Unis.
Le document s’en prend aussi au FBI pour ne pas avoir enquêté plus agressivement sur des suspects.
Il affirme que de hauts responsables de la Maison-Blanche avaient été informés "des menaces terroristes" d’Al Qaida et de son intention de lancer "une attaque spectaculaire" au moyen d’avions de ligne détournés.
Le rapport, qui comprend des révélations faites lors des auditions publiques de la commission d’enquête, présente une chronologie détaillée des indices et avertissements ignorés par les agences américaines de sécurité avant les attaques terroristes.
"Pour diverses raisons, la communauté du renseignement n’a pas été capable d’exploiter des informations importantes qui semblent liées aux événements du 11 septembre", indique le rapport d’enquête parlementaire, dont l’établissement a nécessité plus de huit mois.
Toutefois, en dépit de toutes ces défaillances, aucun élément de l’enquête effectuée ne met en évidence que le gouvernement américain aurait pu empêcher les attentats qui ont tué près de 3.000 personnes à New York, à Washington et en Pennsylvanie.
En revanche, le sénateur démocrate Bob Graham, ancien président de la commission du renseignement du Sénat estime "qu’il y avait des chances que les services de renseignement, travaillant ensemble, auraient pu mettre au jour le complot du 11 septembre suffisamment tôt pour le faire échouer .
Quant au président George W. Bush, il s’est félicité de la publication du rapport, affirmant que son administration avait depuis amélioré les capacités des Etats-Unis à répondre au terrorisme.
MAP