L’affaire Belliraj n’en finit pas de créer des surprises. La dernière en date est sans conteste celle sortie de la bouche d’Ahmed Herzenni, actuel président du Conseil consultatif des Droits de l’Homme (CCDH). Invité à l’émission Hiwar qui a été diffusée en direct le 11 mars à la première chaîne de télévision nationale, ce responsable a affirmé que Mohamed Moàtassim l’avait bien informé en 2005 de l’existence d’un projet terroriste qui se préparait au Maroc. « M. Moàtassim que je connais bien a pris attache avec moi pour m’informer qu’un ancien membre de la Chabiba Islamya l’a contacté pour le prévenir que des armes étaient entrées au Maroc et que des cibles terroristes étaient en train d’être définies. J’ai pour ma part contacté un ami, en relation avec les autorités pour le mettre au courant », a témoigné A. Herzenni.
Le président du CCDH était attendu sur cette question. Surtout que Mustapha Ramid, l’un des avocats de Moàtassim, avait déjà révélé à la presse que son client avait transmis en 2005 à plusieurs personnes de son entourage, dont Ahmed Herzenni, des informations reçues de la part d’un ex-membre de la Chabiba Islamya qui était condamné à mort, faisant état de la préparation d’un projet terroriste au Maroc.
Que changent alors les révélations de Herzenni dans l’affaire Belliraj ? Pour les avocats de Mohamed Moàtassim, secrétaire général d’Al Badil Al Hadari (parti islamiste aujourd’hui dissous), cela confirme les bonnes intentions de leur client. Sauf que bien des observateurs vont plus loin dans l’analyse. Ils se demandent pourquoi Moàtassim ne s’est pas lui-même donné la peine d’alerter directement les autorités. Autre question posée : pourquoi a-t-il choisi Herzenni ? Officiellement, ce dernier n’était alors qu’un militant de gauche membre du parti socialiste unifié (PSU). Formation qui avait des relations privilégiées avec les islamistes d’Al Badil Al Hadari. D’autres se posent des questions sur le sort réservé à l’information donnée par Moàtassim. Est-elle tombée dans l’oreille d’un sourd ? Ou plus grave encore, est-elle tombée plutôt dans l’oreille d’un responsable qui a fait, délibérément, la sourde oreille ?
En tout cas, il sera intéressant de savoir quelle personne dite proche des autorités Herzenni a mise dans la confidence et quelle responsable cette personne a pu par la suite informer. Seule l’enquête judiciaire en cours pourrait trouver des réponses à ces questions et à bien d’autres qui restent posées dans l’affaire Belliraj. Il est clair aujourd’hui que le ministère de l’Intérieur n’a pas inventé cette affaire. Laquelle est loin d’être élucidée malgré tous les rebondissements qu’elle ne cesse de connaître.
Source : Le Reporter - Mohamed Zainabi