Alors que le débat fait rage en Europe sur l’opportunité d’interdire le voile islamique, le ministre allemand CDU de l’Intérieur, Wolfgang Schaüble, dont le pays assure la présidence de l’UE, a choisi son camp. « Je suis contre le port de la burqa, car ce voile empêche toute communication », a-t-il affirmé, hier, lors d’un entretien avec des médias européens, à Berlin.
Jusqu’ici discret sur cette question épineuse, le gouvernement allemand apporte son soutien à la position de fermeté, exprimée cet automne par Jack Straw, en Grande-Bretagne, et Romano Prodi en Italie, tous deux intraitables avec le port du voile intégral, qui, l’inverse du foulard, ne laisse entrevoir que les yeux de la femme. « Pour se hisser au niveau européen, l’islam doit respecter le principe de l’égalité entre les hommes et les femmes, un droit fondamental, inscrit dans la charte des Nations unies. C’est dans son intérêt », estime Wolfgang Schaüble.
La France, plus restrictive
La présidence allemande de l’UE souhaite lancer le débat sur l’intégration des musulmans dans les pays européens. Au coeur de la discussion : le port du voile, la formation des imams, l’obligation de parler la langue du pays d’accueil. Tous les gouvernements européens sont concernés. L’Union compte 20 millions de musulmans. Beaucoup souffrent d’un manque d’intégration, une réalité subie ou voulue, selon les cas. « Les imams doivent suivre une formation, et apprendre la langue du pays où ils vivent », insiste Wolfgang Schaüble. Relancée cet automne par le ministre travailliste Jack Straw, en Grande-Bretagne, la polémique sur le voile islamique a gagné toute l’Europe. Aux Pays-Bas, le nouveau gouvernement Balkenende prépare un projet de loi interdisant le voile intégral dans tous les lieux publics. Une telle interdiction existe déjà en Suède et en Italie. En Belgique, plusieurs communes de Flandre, dont Anvers, ont déjà banni le voile intégral. En Allemagne, la moitié des Länder ont légiféré sur la question.
La tolérance à l’égard du foulard reste la règle, même si quelques affaires, portées en justice, ont défrayé la chronique en Bavière et en Bade-Wurtemberg ces dernières années. Aujourd’hui, c’est Berlin qui dispose de la législation la plus sévère du pays. Le port du foulard y est interdit dans toute l’administration. Mais, pas plus qu’il n’intervient au niveau régional, le gouvernement allemand n’interviendra au niveau européen. La présidence n’a aucune intention de légiférer sur le sujet, ni même d’harmoniser les législations européennes, encore très disparates, malgré une tendance récente à plus de répression. Au sein de l’Union européenne, la France laïque et républicaine dispose toujours de la législation la plus restrictive d’Europe.
Le Figaro - Alexandrine Bouilhet