Dans la banlieue populaire de Casablanca, les autorités ont mis ces tentes à la disposition de la famille du gardien de l’hôtel Farah qui, vendredi 16 mai, en barrant la route à trois kamikazes, a permis d’éviter un carnage à l’intérieur de l’établissement, au prix de sa vie.
Coïncidence : le gardien de l’hôtel habitait à deux pas d’un de ces bidonvilles, Sidi Moumen, d’où sont issus plusieurs des quatorze kamikazes responsables des attentats-suicides. Entre les fous de Dieu et l’employé de l’hôtel, la séparation était ténue. Elle se résume à un terrain vague couvert d’immondices et de sacs en plastique où déambulent des ânes et quelques vaches. D’un côté, poussent les immeubles d’habitations pour les classes moyennes. De l’autre, enflent les bidonvilles.
Depuis le 16 mai, la bonne société marocaine découvre qu’il existe une autre Casablanca, une seconde ville dont elle ignore tout ou presque, celle des bidonvilles, des quartiers précaires, des immeubles qui menacent de s’effondrer, des logements exigus. La police, elle, ne la connaît que trop bien. Au lendemain des attentats, c’est là qu’elle a effectué des rafles et arrêté des dizaines d’islamistes présumés.