Kahina Bahloul : « On ne bénéficie pas du soutien de l’Algérie, du Maroc... »

19 avril 2021 - 18h00 - France - Ecrit par : S.A

Kahina Bahloul, la première femme imame en France promeut, dit-elle, un islam des Lumières qui rompt avec les pratiques religieuses traditionnelles. Ses idées sont consignées dans un ouvrage intitulé : « Mon Islam, ma liberté ». La Franco-algérienne évoque aujourd’hui son gros problème, celui du manque du soutien de l’Algérie, du Maroc ou de la Turquie, qui financent la plupart mosquées dans l’Hexagone.

« Nous ne sommes pas propriétaires d’un local fixe. Nous louons une salle pour la prière du vendredi. Car notre gros problème, c’est le financement. Nous sommes en dehors des circuits traditionnels. On ne bénéficie pas du soutien de l’Algérie, du Maroc ou de la Turquie qui contribuent au financement de la plupart des mosquées en France », a-t-elle déclaré dans une interview accordée au journal Le Télégramme.

Kahina Bahloul fait partie des trois femmes imames qui dirigent les prières auprès de fidèles en France. Elle prône un islam des lumières et est l’une des responsables de la mosquée Fatima située à Paris. « Dans notre mosquée, les hommes et les femmes peuvent prier dans la même salle. Ce n’est pas le cas dans les lieux traditionnels, qui ne nous convenaient plus, où les femmes sont séparées des hommes. Elles prient dans des sous-sols, des mezzanines. Les fidèles qui viennent à Fatima, que je codirige avec le philosophe et imam Faker Korchane, sont d’origines très diverses », a-t-elle confié, soulignant qu’en islam, il n’y a pas d’autorité qui installe un imam. « La légitimité vient de la communauté religieuse. Nous avons été désignés par un groupe de croyants pour conduire la prière », affirme-t-elle.

Se prononçant sur l’accueil réservé à son islam dans la communauté musulmane, Kahina Bahloul a indiqué qu’il n’y avait pas de communauté musulmane homogène. « Il y a des citoyens, des individus très différents, a expliqué l’islamologue. Bien évidemment, nous avons été vivement critiqués par des fondamentalistes, des conservateurs, mais aussi des jeunes qui sont probablement dans une recherche identitaire et qui croient devoir protéger l’islam d’un dévoiement ».

Elle se réjouit tout de même des nombreuses adhésions enregistrées : « En dehors de ça, nous avons beaucoup d’adhésions. Notamment depuis la publication de mon livre. Je reçois beaucoup de messages de gens qui me remercient de donner cette image d’un islam de la tolérance, de paix et d’ouverture. » « Rien, dans les textes fondamentaux, n’interdit à une femme de diriger la prière », a martelé l’imame.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Algérie - Religion - Turquie - Islam

Aller plus loin

France : une femme imame dirige la première prière mixte

Le samedi 7 septembre, loin des regards et, dans une salle louée pour la circonstance, la capitale française a connu son premier prêche mixte et progressiste de femmes...

Paris : une imame prône la mixité à la mosquée

Kahina Bahloul, l’une des trois imames de France, prône la mixité à la mosquée Fatima à Paris. Une première.

Ces articles devraient vous intéresser :

Mariages mixtes : percée inquiétante du chiisme chez des MRE

Un phénomène particulier se manifeste au sein de la communauté marocaine de Belgique : une augmentation des mariages entre des femmes marocaines et des hommes irakiens chiites, célébrés selon le rite de la Fatiha.

La Youtubeuse marocaine "Mi Naima" au cœur d’un nouveau scandale

“Mi Naïma” fait à nouveau parler d’elle. La Youtubeuse marocaine, connue pour ses controverses, a récemment publié une vidéo dans laquelle on la voit lire certains versets du Coran de manière désinvolte. La vidéo a suscité la colère des internautes.

Ramadan et diabète : un mois sacré sous haute surveillance médicale

Le jeûne du Ramadan, pilier de l’islam, implique une abstinence de boire et de manger du lever au coucher du soleil. Si ce rite revêt une importance spirituelle majeure pour les fidèles, il n’en demeure pas moins une période à risque pour les personnes...

Voici le montant de la Zakat al fitr cette année au Maroc

Le Conseil Supérieur des Oulémas a fixé le montant de la Zakat Al-Fitr pour l’année 1446 de l’Hégire (2025) à 23 dirhams par personne. Ce montant représente une augmentation par rapport aux 20 dirhams des années précédentes.

Début de Ramadan au Maroc : décision ce dimanche

Les Marocains sont fixés ce dimanche 10 mars sur le début et la fin du ramadan. Quand commence le mois sacré au Maroc ?

Sécurité des lieux de culte : la police marocaine dévoile des chiffres

Un total de 160 délits commis dans des lieux de culte, notamment les mosquées, les églises chrétiennes et les synagogues juives, ont été traités par la police marocaine au cours de l’année 2024, a indiqué dimanche le porte-parole de la Direction...

Voici le montant de la Zakat al fitr cette année en France

Le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) a fixé le montant de référence de la Zakat al-Fitr pour l’année 2025 à 9 euros par personne. Cette aumône, obligatoire pour chaque foyer musulman, doit être versée avant la fin du mois de Ramadan.

Maroc : les appels au Jihad dans les mosquées interdits

Ahmed Toufiq, ministre des Habous et des Affaires islamiques, a rappelé aux imams marocains les limites de leur rôle concernant la question palestinienne.

Le Maroc propose un nouveau programme religieux aux MRE

En raison du contexte politique négatif en Europe, le ministère des Habous et des Affaires islamiques entend réviser sa politique d’encadrement religieux des Marocains résidant à l’étranger (MRE).

Voici la date de l’aïd al fitr 2025 en France

Débuté le 1ᵉʳ mars dernier, le mois du ramadan touche progressivement à sa fin. Le Conseil théologique musulman de France (CTMF) a annoncé la date de l’Aïd al-Fitr, marquant la fin de la période de jeûne.