À la mosquée de Fatima, l’imame Kahina Bahloul prône la mixité, hommes et femmes prient ensemble, rapporte AFP. Pour la dirigeante de ce lieu de culte, c’est un moment extraordinaire qui initie un courant libéral pour l’islam de France. "Les membres de notre communauté sentent que leur façon de vivre, leur religion, n’est pas en adéquation avec les mosquées d’aujourd’hui, que l’on dirait sorties du VIIᵉ siècle ; ce n’est plus possible de continuer à vivre comme ça", laisse-t-elle entendre.
L’imame Bahloul dirige la prière hebdomadaire du vendredi, le 21 février, pendant près d’une heure. L’appel, les invocations rituelles, un prêche dédié à la thématique de "l’amour universel", et enfin la prière, rythmée par les prosternations, sont les temps forts de cette rencontre musulmane. L’approche de l’imame est appréciée de tous. "Je la suis sur les réseaux, et je trouve l’idée super, j’adhère totalement à l’islam progressiste. Je pratique chez moi, cet islam qui est invisible pour le reste de la société", confie Aicha Rabah, 60 ans.
"À la mosquée, on est séparé d’habitude, et elles n’aiment pas trop ça, alors j’y tenais", raconte Ahmed Sfaxi, ce père de deux filles, visage illuminé de bonheur. Hanifa, une jeune étudiante exprime, elle aussi, son ravissement. "Ça fait un an que j’attendais ce moment et j’ai le sentiment d’un rétablissement, quelque chose qui répare cette injustice d’avoir dû prier séparément", dit-elle.
"Ce qui m’a beaucoup touché c’est de voir que beaucoup de gens dans la salle fermaient les yeux et écoutaient. Ce qui les intéressait, ce n’était pas de voir une femme ministre du culte, mais de prendre ce que je leur donnais et se nourrir spirituellement, peu importe mon genre", se réjouit Kahina Bahloul.