
Le Front Polisario a salué la décision de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) annulant les accords de pêche entre l’UE et le Maroc, la considérant comme un « triomphe de la résistance ».
Ne fantasmons pas. Le Maroc membre de l’UE, ce n’est pas pour demain. Tout le monde en convient. Même si nous n’en espérons pas moins. Certes, le sujet s’éloigne de la traçabilité, qui était officiellement la raison de la rencontre de l’ambassadeur de l’UE avec les médias.
Curieusement, les propos de Sean Doyle n’ont pas vraiment retenu les regards, pourtant, ils méritent une sérieuse attention, surtout au moment où une double discussion est engagée en Europe : la constitution et la candidature turque. L’électeur européen, qui se tâte sur la Turquie, n’est évidemment pas près d’envisager l’éventualité de l’adhésion du Maroc.
Pour le Royaume, la possibilité de s’imaginer comme partie intégrante de la puissance européenne, est un puissant facteur de changement : dix, vingt, cinquante ans, peu importe, l’horizon se fixe tout seul... Certains journalistes en rêvent même les yeux ouverts. “Pourquoi l’Europe de l’Est et pas nous ?” “ Est-ce parce que nous avons une culture différente ?” “Y a-t-il discrimination ?” sont, par exemple, quelques questions posées par un journaliste très soucieux du problème.
Mais “les dix nouveaux entrants de l’UE ont eu besoin de 10 ans pour se mettre au niveau. La politique de bon voisinage permet au Maroc de définir lui-même son statut spécial et de mettre en œuvre les réformes pour se rapprocher des acquis européens”, explique l’ambassadeur.
Economiquement et politiquement, le “bon voisinage” sert à accélérer les réformes nationales pour se mettre au diapason européen. A condition d’en avoir les bases et c’est pourquoi tous les pays du pourtour européen ne sont pas dans le train. La Russie, citée au démarrage de cette offre, il y a trois ans, n’en fait plus partie aujourd’hui.
Pour le moment, le Maroc et l’UE sont plutôt en “mode coopération et aide au développement”, dans le mécanisme des aides, souligne Sean Doyle.
Selon lui, le statut spécial du Maroc, qu’il qualifie de leader dans le monde arabe et africain en matière de développement, défini par lui-même, devrait être présenté aux Etats membres fin octobre.
Un souci de sous
L’UE s’engage à aider le Maroc pour réaliser ses réformes dans le cadre de son statut spécial. Voilà pour le principe. Mais un souci de sous plombe l’ambition. Le budget européen est fixé tous les six ans. Et les 135 millions d’euros de dons apportés chaque année au Maroc ne sont pas suffisants pour “changer de mode”. “Nous n’avons pas pour le moment d’argent supplémentaire”, affirme Sean Doyle. C’est un point que le Maroc doit soigneusement considérer : il modifie assez considérablement la donnée. Toutefois, la Commission européenne a décidé mercredi dernier d’assainir son panel d’instruments financiers pour le rendre “plus simple et plus efficace” : le nouveau cadre se limitera à six instruments, dont quatre nouveaux. Ces derniers concernent l’aide de pré-adhésion, un instrument de voisinage et de partenariat, celui de la coopération au développement et de coopération économique, et enfin un instrument de stabilité. Les deux autres instruments existants, consacrés à l’aide humanitaire et à l’assistance macrofinancière, seront maintenus, a déclaré la Commission européenne.
Mouna KADIRI - L’économiste
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