De très lourdes peines de réclusion, dont 37 peines à perpétuité, 17 peines de trente ans et 16 de vingt ans, ont par ailleurs été prononcées contre la plupart des prévenus, qui étaient au nombre de 87 au total, tous membres présumés de la Salafia Jihadia, un mouvement intégriste accusé d’être derrière les cinq attentats qui ont fait 45 morts dont 12 kamikazes. Onze autres peines ont été échelonnées entre 6 et 10 ans de prison tandis que deux prévenus s’en sont tirés avec des condamnations à 10 mois de prison, pour "dissimulation d’un criminel".
Les peines capitales concernent trois kamikazes qui ont renoncé à leur acte au dernier moment, le soir des attentats. Il s’agit de Mohamed El Omari, un gardien de nuit de 23 ans, de Rachid Jalil, un soudeur de 27 ans, et de Yassine Lahnech, un marchand ambulant âgé de 22 ans. Une quatrième peine de mort a été prononcée contre Hassan Taoussi, âgé de 24 ans, considéré comme un important chef de réseau de la Salafia Jihadia, impliqué directement lui aussi dans les attentats du 16 mai. Tous les quatre étaient poursuivis pour "homicides volontaires avec préméditation, sabotage, atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat et constitution d’une association criminelle".
Les quatre "théoriciens" islamistes qui comparaissaient devant la chambre criminelle de la cour d’appel de Casablanca - statuant en première instance - ont été condamnés l’un à la prison à vie, les trois autres à 30 ans de réclusion criminelle. Le premier, Miloudi Zakaria, 35 ans, était accusé d’avoir eu "un rôle clé dans l’action des groupes extrémistes au Maroc" et de s’être distingué par "ses prêches au ton belliqueux et ses appels au jihad (guerre sainte) contre les gouvernants". Il dirigeait l’association Assirat Al Mostaquim directement impliquée dans les attentats. Les trois autres "théoriciens" sont Mohammed Fizazi, un instituteur de 55 ans, Abdelkrim Chadli, 43 ans, docteur en philosophie, et Omar Haddouchi, 42 ans, marchand ambulant, poursuivis pour "atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat, association criminelle, sabotage et incitation à la violence".
Les nombreuses condamnations à la prison à vie concernent pour la plupart des kamikazes "en réserve" qui étaient programmés pour commettre des attentats suicide dans diverses grandes villes du royaume. Le lecture du verdict a été rendue en partie inaudible par les cris des prévenus, qui scandaient notamment "Allah Akbar" (Allah est grand) et par ceux des membres de leurs familles présents dans la salle d’audience. L’un des avocats de la défense, Abderrahim Hakam, a déclaré que les condamnations avaient été "beaucoup plus lourdes que prévu" et que les prévenus en avaient été "profondément choqués". Il a dit espérer le succès d’un pourvoi en cassation qui reste possible dans un délai de huit jours.
Les cinq attentats de Casablanca, perpétrés le 16 mai au coeur de la capitale économique du Maroc, avaient visé un hôtel et des restaurants fréquentés par des étrangers ainsi que des établissements juifs. Le 12 juillet dernier, le même tribunal avait prononcé dix condamnations à mort dans le procès de 31 autres membres présumés de la Salafia Jihadia. Les condamnés, dont Youssef Fikri, présenté comme leur chef, avaient été arrêtés avant les attentats du 16 mai, dans le cadre de diverses affaires de meurtre et d’agressions.
Le procès des attentats de Casablanca s’est déroulé sous étroite surveillance, un important dispositif de sécurité ayant été déployé autour de la Chambre criminelle de la Cour d’appel de Casablanca - qui statue en première instance. Les prévenus comparaissaient à l’intérieur d’une cage en verre blindée aménagée dans la salle du tribunal. Immédiatement après les cinq attaques-suicide du 16 mai, qui ont secoué le Maroc, une vaste enquête a été menée dans les milieux islamistes radicaux, dans toutes les régions du royaume. Au total, 634 personnes ont été arrêtées et déférées devant les tribunaux de Casablanca, Rabat, Fès, Taza.
Dans un discours prononcé le 29 mai, le roi Mohammed VI du Maroc, qui commentait ces attentats, a notamment affirmé que "l’heure de la vérité a sonné", et annoncé la fin de "l’ère du laxisme".
AFP