
Au Maroc, l’interdiction du port du burkini à la piscine de certains hôtels empêche les femmes musulmanes de profiter pleinement de leurs vacances d’été. La mesure est jugée discriminatoire et considérée comme une violation du droit des femmes de...
Des agents d’Immigration Canada ont escorté hier soir Fatima Marhfoul, les menottes aux poignets, jusqu’à l’avion d’Air-Maroc à destination de Casablanca, à l’abri des caméras et des regards de la cinquantaine de manifestants venus appuyer la femme. Le coup de fil tant attendu du ministre canadien de l’Immigration, Denis Coderre, n’est jamais venu.
La Marocaine, qui dit avoir été exploitée par une riche famille montréalaise pendant une dizaine d’années, s’était rendue au début de janvier aux autorités de l’Immigration dans l’espoir de voir sa situation régularisée.
Depuis, tous les recours ont été épuisés et Immigration Canada a refusé de surseoir à son expulsion pour des motifs humanitaires ou en raison des risques liés à son retour au Maroc.
« Après vérification, nous avons conclu qu’il n’y avait pas de problème à ce qu’elle soit retournée au Maroc », a déclaré laconiquement le directeur du service investigation et renvoi du ministère de l’Immigration à Montréal, René Daoust, qui précise que des fonctionnaires canadiens attendront Mme Marhfoul à sa descente de l’avion au Maroc.
La Marocaine pourrait formuler une demande d’immigration lorsqu’elle sera rendue dans son pays d’origine, qu’elle avait quitté pour travailler chez l’ambassadeur marocain au Canada il y a de cela près de 13 ans. La procédure est cependant complexe, comme l’explique son avocat, Me Stephen Fogarty : « Étant donné qu’elle a été expulsée, la loi prévoit qu’elle ne peut revenir sans obtenir une autorisation directement du ministre. Avec tout ce qui s’est passé, le ministre sera-t-il d’accord ? »
De nombreux appuis
Depuis quelques jours, les appuis ont fusé de toutes parts pour éviter l’expulsion de Fatima Marhfoul. « Coderre sans coeur », « Fatima doit rester au Canada », scandaient hier les dizaines de manifestants devant le comptoir d’enregistrement d’Air-Maroc.
La présidente de la Fédération des femmes du Québec, Vivian Barbot, s’indigne du fait que le gouvernement fédéral expulse la domestique alors qu’il ne daigne pas porter des accusations contre la famille montréalaise qui l’a employée illégalement pendant une dizaine d’années : « Le trafic des femmes se fait de plus en plus à travers le monde. Nous ne voulons pas que le Canada soit complice de tels actes », a déclaré hier Mme Barbot à l’aéroport de Dorval.
La Fédération des femmes entend d’ailleurs faire pression sur le gouvernement pour que des accusations soient portées contre la famille qui aurait maintenu la femme dans des conditions qualifiées « d’esclavage moderne ». Selon les dires de Mme Marhfoul, celle-ci aurait travaillé pour une riche famille montréalaise sans être payée ; ses patrons lui avaient confisqué son passeport, lui promettant que sa situation serait régularisée.
L’expulsion de Mme Marhfoul indigne aussi la présidente de l’Association des aides familiales du Québec, Louise Dionne : « Coderre lance le message aux employeurs : "Continuez d’exploiter ces femmes, après on va s’en occuper, on va les déporter" », ironise-t-elle, en précisant que plusieurs milliers de domestiques travaillent dans des conditions qui s’apparentent à de l’esclavage dans la région montréalaise.
« Mme Marhfoul est dans l’avion et la famille qui l’a employée soupe tranquillement dans son condo de luxe », conclut son avocat, qui précise qu’en 16 ans de pratique, il n’a jamais vu le gouvernement poursuivre des gens qui employaient illégalement des immigrants, alors que la loi le permet.
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