Etat des lieux du Wifi au Maroc

26 avril 2007 - 00h42 - Economie - Ecrit par : L.A

L’internet sans fil est en augmentation au Maroc, mais se heurte à des restrictions imposées par l’Agence Nationale de Régulation des Télécommunications. Magharebia a parlé avec Aziz Bouabe, directeur général de FirstMile Telekom, pour en savoir plus sur les dernières évolutions dans ce secteur de haute technologie.

La déréglementation du secteur des télécommunications a entraîné le développement soutenu de la technologie de l’internet sans fil, en dépit des restrictions imposées par l’Agence Nationale de Régulation des Télécommunications (ANRT) qui administre le secteur. Aziz Bouabe, directeur général de FirstMile Telekom, une société spécialisée dans la technologie sans fil, nous a parlé de l’état actuel du marché marocain du Wi-Fi (Wireless Fidelity).

Comment vous évaluez l’état des lieux de la technologie wireless au Maroc ?

Je crois qu’à l’instar des différents pays en voie de développement, le Wifi est une technologie en phase de balbutiement. Pour le cas du Maroc, le wireless a pris du retard par le fait du manque d’implication des opérateurs télécoms. A titre d’exemple, sur le marché européen, les opérateurs ont boosté le Wifi grâce notamment à la généralisation des points d’accès publics (Hot Spot) depuis 2003. Cette implication a permis de généraliser et multiplier les usages aussi bien chez les entreprises que les particuliers.

Néanmoins, sous l’effet de la libéralisation du marché des TIC [Technologies de l’Information et des Communications], en premier lieu des télécoms, la tendance s’inverse de plus en plus puisque les nouveaux entrants sur le marché s’investissent avec force dans les services et les technologies basées sur le wireless.

Sur un autre registre, le pays souffre d’un déficit de ressources qualifiées dans ce créneau. Nous avons suffisamment de spécialistes dans les réseaux filaires et très peu en technologie sans fil.

Or, il faut agir sur l’ensemble de ces contraintes puisque le Wifi est une réelle opportunité pour le développement des TIC dans notre pays. Il constitue une alternative à l’infrastructure de câblage coûteux, aussi bien au niveau des prix que du temps de déploiement.

Que pensez-vous du potentiel de développement de cette technologie au Maroc ?

Je suis optimiste sur l’avenir du Wifi. Il s’agit d’une tendance lourde au niveau mondial. Que se soit au niveau du marché des entreprises ou des particuliers, le recours au wireless est privilégié comme meilleur choix économique et technique au détriment des technologies filaires. Actuellement, les opérateurs au Maroc commencent à faire le virage vers le Wifi via la réalisation de points d’accès publics dans les aéroports, les hôtels et les lieux publics.

Pour la problématique des ressources humaines, le déficit de profils pointus est en cours d’absorption sous l’effet de l’arrivée sur le marché de l’emploi de jeunes lauréats qui disposent d’un background intéressant sur le wireless.

Qu’en est-il des restrictions réglementaires pour l’usage du Wifi ?

A cause de la réglementation mise en œuvre par l’Agence Nationale de Régulation des Télécommunications (ANRT), le Wifi à usage indoor (wireless LAN) souffre de beaucoup de restrictions.

En effet, au Maroc, deux bâtiments interconnectés au sein d’une même enceinte (université ou usine) sont considérés comme une liaison outdoor et par conséquent traités ainsi ; ce qui veut dire qu’une autorisation de l’ANRT est nécessaire au préalable. Pis encore, l’entreprise qui interconnecte son réseau entre plusieurs sites au sein de ses locaux doit payer une redevance mensuelle qui varie entre 1 000 et 10 000 dirhams.

En conséquence, le Maroc rate la chance d’utiliser les wireless LAN comme alternative réelle au LAN filiaire et retarde le processus de réduction - à moindre coût et à grande vitesse - de la fracture numérique… En outre, les restrictions au niveau du indoor entraînent un phénomène de fraude, puisque plusieurs entreprises interconnectent en wifi leurs sites internes sans procéder à la déclaration auprès de l’ANRT, pour échapper au paiement de la redevance.

Magharebia - Adam Mahdi

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