Lors d’un débat organisé par le Parti Authenticité et Modernité (PAM), Ghita Mezzour, ministre de la transition numérique et de la réforme de l’administration, a révélé la part du territoire marocain sans couverture internet.
C’est parti pour Wana ! L’opérateur télécoms vient de décrocher la 3e licence pour l’établissement et l’exploitation d’un réseau 2e Génération (2G) pour quinze ans. L’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) l’a officiellement annoncé le 4 février. La veille, le Premier ministre, Abbas El Fassi, en sa qualité de président du conseil d’administration, a approuvé le rapport d’instruction que lui a soumis le régulateur télécoms.
En contrepartie, la filiale télécoms de l’ONA va verser une contribution annuelle de 1,5% de son chiffre d’affaires. A fin juin 2008, elle a réalisé un CA d’environ 791 millions de DH. La procédure du prélèvement est nouvelle. Contrairement aux autres attributions de licences, notamment de Méditel, « le calcul ne s’est pas fait sur un montant fixe », selon une source à l’ANRT. Dix ans auparavant, le 2e opérateur avait déboursé en effet 11 milliards de DH.
Timing
Deux poids deux mesures ? « Le contexte n’est plus le même. En 1999, le gouvernement s’apprêtait à ouvrir le marché à la concurrence. Le ticket d’entrée pour Wana est donc calculé sur une base différente », commente un observateur. Le marché, avec ses 22 millions d’abonnés, affiche aussi des signes de saturation…
Par ailleurs, Wana va débourser 36 millions de DH, hors taxe, pour le réaménagement du spectre des fréquences. Car certaines bandes, utilisées notamment par les forces de sécurités, sont récupérées à chaque fois qu’il y a un nouveau entrant (radio, télécoms…). Du coup, ce « remplacement exige aussi des équipements. En 2008, l’enveloppe dédiée à ces investissements a été de 97 millions de DH, dont une soixantaine ont été déboursés », explique-t-on auprès de l’ANRT.
La programmation de la nouvelle licence 2G faisait partie de la note d’orientation stratégique 2004-2008. Une feuille de route qui trace les grandes lignes du secteur. La portabilité et le dégroupage total, entre autres, sont inclus dans ses prévisions.
Fin octobre dernier, un appel à concurrence a été lancé par le régulateur télécoms. Quant aux dossiers de candidature, ils ont été mis à disposition des prétendants à la nouvelle licence le 3 novembre dernier. Un montant de 40.000 DH devait être payé pour leur retrait. Même si plusieurs sociétés ont retiré le dossier, il n’y a eu qu’une seule offre déposée, celle de Wana Corporate. Le deadline du dépôt a d’ailleurs été fixé pour le 6 janvier.
Contrairement à certaines « informations », ayant circulé sur le net notamment, il n’y a eu donc qu’un seul candidat. Autant dire que « ni l’émirati Itissalat, ni l’opérateur égyptien Orascom et encore moins Siemens-Nokia n’ont tenté leur chance », selon un responsable proche du dossier. En cause « le glas financier » qui secoue les mastodontes de l’économie mondiale. Les fâcheuses conjonctures ont gâté les prévisions de l’ANRT. « La 3e licence a été mal programmée. Il fallait lancer l’appel à concurrence six mois, voire un an à l’avance », commente-t-on à l’ANRT.
Sauf que « personnes ne pouvait prédire la crise. Du coup, « le manque de visibilité » des opérateurs télécoms -toutes nationalités confondues- expliquerait leurs réticences et leur frilosité à soumissionner.
« Wana avait un intérêt à décrocher cette 3e licence », commente notre source. Elle n’est donc plus un « opérateur unijambiste ». Même si la technologie 2G est en train de céder sa place à la 3G, Wana aura « assez de temps pour amortir son investissement ». Car, selon une étude, réalisée par le régulateur télécoms, « la tendance ne se renversera définitivement qu’en 2015, voire 2020 ». Quoi qu’il en soit, les experts de l’ANRT sont unanimes, pour le moment, sur une « tendance mondiale du maintien de la 2G ». La filiale télécoms de l’ONA s’engage d’ailleurs à l’utilisation, durant la phase de démarrage, de la technologie GSM.
En tout cas, cette nouvelle attribution va requinquer les appétits de Wana. La polémique suscitée en 2008 par son busines plan s’est soldée par le départ de Bendidi, l’ex-patron de l’ONA.
Coulisses
Une source autorisée a déclaré à L’Economiste, avant même l’attribution de la licence, que « Wana avait de forte chance » de décrocher la 3e licence. Un pronostic auquel se sont ralliés plusieurs observateurs. D’autant plus que ni Maroc Telecom ni Méditel, n’ont postulé. A quoi bon puisqu’ils ont déjà une licence chacun. A l’époque, le dossier technique était finalisé, il manquait juste l’« accord politique ». Deux ans après son arrivée sur le marché, l’ex-Maroc Connect a été désigné par l’ANRT comme attributaire de la 3e licence 2G. L’évaluation de son offre a reçu une note de 78 points. Le règlement de l’appel à concurrence prévoit la disqualification des dossiers ayant reçu une note inférieure à 60 points.
Source : L’Economiste - Faiçal Faquihi
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