Depuis la promulgation de la nouvelle loi « asile et immigration » en France, les expulsions sous OQTF visent désormais plusieurs catégories d’étrangers autrefois protégées par la loi.
Ils sont quelques 300 000 Marocains installés en Belgique. Dispersés un peu partout dans le pays, ils se retrouvent essentiellement dans la capitale. Bruxelles connaît, en effet, une très forte concentration de la communauté marocaine, trois générations confondues.
Ils sont quelques 300 000 Marocains installés en Belgique. Dispersés un peu partout dans le pays, ils se retrouvent essentiellement dans la capitale. Bruxelles connaît, en effet, une très forte concentration de la communauté marocaine, trois générations confondues.
Il est 20h30. Nous sommes à la gare de Bruxelles midi, des bagages plein les mains. A la station de taxis, un premier constat saute aux yeux : les chauffeurs des beaux taxis bruxellois sont, presque tous, des Maghrébins dont une majorité de Marocains. Le premier avait refusé de nous prendre dans sa jolie Mercedes : "désolé, mais vous avez beaucoup de bagages. Il faut prendre une camionnette…" nous a-t-il jeté en se dirigeant vers d’autres clients. À peine avions-nous échangé deux mots en dialecte marocain que le chauffeur revient dans notre direction : "Vous êtes Marocaines ?". Eh oui, nous le sommes, et l’on se rendra vite compte que c’est parfois un "atout" que d’être Marocaine dans quelques quartiers à Bruxelles…
"Normalement, nous n’avons pas le droit de charger le taxi avec autant
de bagages, mais comme vous êtes Marocaines, on prendra le risque…" s’est-il rattrapé gentiment avant d’entamer toute une discussion sur ses 18 ans passés à Bruxelles. Originaire de la ville d’Agadir, il était venu ici après avoir décroché son bac pour suivre des études de physique-chimie. "Vous voyez, on peut s’attendre à tout dans ce pays. J’ai fait des études scientifiques et je me retrouve chauffeur de taxi", la transition s’est en effet faite tout naturellement : "Etudiant, j’avais des amis chauffeurs de taxis qui gagnaient presque le double voire plus de ce que je pouvais gagner moi avec mon diplôme si j’étais rentré au Maroc… J’ai donc décidé de changer le tout et je me suis procuré un taxi…".L’histoire de cet immigré ne diffère pas trop de toutes celles qu’on entendra plus tard de la bouche de nombreux Marocains résidant dans la capitale belge. Venus à Bruxelles pour y poursuivre des études, ils sont restés bien plus que prévu. D’autres venus en vacances, s’y sont installés. D’autres y ont ouverts les yeux…
C’est qu’on se sent relativement chez soi dans cette ville. Dans les moments de nostalgie, il suffit de prendre le métro et de se diriger vers le quartier marocain le plus proche… et le tour est joué.
Dans ces quartiers, vous ne parlerez qu’arabe, n’écouterez que de la musique chaâbi, ne mangerez que du couscous… Vous ne verrez d’ailleurs pratiquement que des Marocains. Des "Maroxellois" comme ils se dénomment (mélange entre Marocains et Bruxellois).
Des petits Maroc importés dans la capitale belge qui accueille, depuis, plus de 40 ans des flux incessants d’immigration marocaine.
Pour la petite histoire, c’est en 1964 que le gouvernement belge a lancé un appel officiel pour avoir une main-d’œuvre en provenance du Maroc. Des milliers de Marocains ont alors répondu à l’appel. D’abord seuls, puis suivis de leurs femmes et enfants… Deux générations les ont rejoints. Aujourd’hui, 40 ans après, les Marocains ont réussi tant bien que mal leur intégration. On assiste, par exemple, à des formes d’intolérance de part et d’autre à l’égard des Marocains (et avec eux tous les arabo-musulmans). La dernière en date, la tension entre nos compatriotes et les communautés belges de souche est montée d’un cran, en raison du débat sur le port du voile. Cette polémique importée depuis des semaines de France est sur toutes les lèvres en Belgique. En les interrogeant sur leur intégration dans la société belge, aucun des Marocains que nous avons abordés, n’a manqué d’évoquer cette question. Devenue un point hypersensible, affectant sérieusement les relations entre la société belge (de souche) et la communauté d’immigrés arabo-musulmans, avec à sa tête les Marocains…
La Gazette du Maroc
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