Vie et parcours du narco-trafiquant marocain « El Nene »

4 avril 2023 - 20h10 - Espagne - Ecrit par : P. A

Mohamed Taieb, surnommé El Nene, baron de la drogue assassiné en 2014 en Espagne et dont le corps n’a jamais été retrouvé, aura révolutionné le trafic de drogues dans le détroit.

« El Nene » a été arrêté pour la première fois en 1989, à l’âge de 14 ans, alors qu’il transportait des kilos de haschisch pour un gang local. À 16 ans, il a acheté son premier bateau et a créé sa propre organisation. Près de dix ans plus tard, en 1998, il a été à nouveau arrêté en possession de ballots de résine de cannabis. Considéré à 22 ans comme « l’un des plus importants trafiquants de haschisch marocain », Mohamed Taieb avait commencé à bâtir son empire depuis sa ville natale de Sebta. Né en 1975 dans le quartier Poblado de Sanidad de la ville autonome, El Nene a servi d’intermédiaire entre les chefs d’environ 70 réseaux et une trentaine de barons de la drogue dans les villes espagnoles du Campo de Gibraltar et de la Costa del Sol, le littoral entre Cadix et Malaga.

À lire : Un témoin fait des révélations sur la mort du narcotrafiquant « El Nene »

Ayant la nationalité espagnole, Taieb qui parle l’arabe, pouvait aller au Maroc et revenir à Sebta à sa guise. En une seule nuit, il était capable de mener trois à quatre opérations de transfert de drogues. Ce qui lui a permis de se faire beaucoup d’argent. Dans les années 90, il a mis au point une méthode qui a révolutionné le trafic de drogues dans le détroit. Elle consiste à mettre plusieurs bateaux à l’eau mais à ne charger qu’un seul, réduisant ainsi les risques d’être interceptés. C’est ainsi qu’El Nene a fait fortune et n’hésitait pas à se faire plaisir dans des soirées arrosées dans les villes de la Costa del Sol ou en achetant des montres de luxe dans les boutiques de Puerto Banús, à Marbella.

À lire : L’Espagne refuse d’extrader "El Nene"

El Nene, qui faisait l’objet de plusieurs procédures judiciaires en cours pour trafic de drogue et tentative d’assassinat, était la principale cible des autorités espagnoles et marocaines qui menaient une lutte farouche contre le trafic de drogues dans le détroit. Il a été arrêté en 2000 à Sebta et condamné à une peine de quatre ans de prison pour un délit contre la santé publique. L’Intérieur a demandé son transfert à Madrid, mais il a réussi à faire suspendre ce transfert à plusieurs reprises. Puis, il réussit à s’évader et rejoindre le Maroc en octobre 2001, d’où il continue à gérer son réseau. L’Espagne demande au Maroc de l’extrader. Mais les autorités marocaines refusent au motif que le fugitif n’est pas Espagnol mais Marocain et qu’il s’appelle Mohamed el Ouazzani.

À lire : Disparition d’El Nene : les contrôles aux frontières renforcés

Arrêté en 2003 dans le cadre d’une fusillade entre gangs rivaux à Tétouan, El Nene a été condamné à huit ans de prison pour ces altercations et une affaire de trafic de drogue. Il vivait dans le confort en prison et soudoyait les gardes pour avoir tout ce qu’il désirait. Il sera ensuite transféré à la prison de Kenitra d’où il réussit à s’évader le 7 décembre 2005, trois mois après son arrivée, à la faveur d’une permission de sortie irrégulière obtenue avec la complicité des agents. Le caïd rejoint Sebta à bord d’un jet ski. Les agents pénitentiaires marocains qui ont contribué à son évasion ont été condamnés à des peines allant de deux à quatre ans de prison.

À lire : "El Nene", le plus grand narcotrafiquant marocain, aurait été assassiné

Faisant l’objet d’un mandat d’arrêt international émis par le Maroc, Mohamed Taieb a été arrêté le 24 avril 2006, alors qu’il circulait à Sebta dans une BMW au nom de son frère. Quelques semaines plus tard, il a été extradé au Maroc pour purger sa peine de huit ans d’emprisonnement. Selon des sources policières marocaines, El Nene, à son arrivée au Maroc, a été emmené dans un endroit secret et torturé, avant d’être enfermé pendant plusieurs mois dans une prison souterraine, sans aération ni lumière. Il a aussi réussi à corrompre les agents de centre pénitentiaire. À sa sortie, il n’était plus le même, se plaint un proche du trafiquant, précisant qu’il est devenu plus violent. « Il était déjà quelqu’un d’autre avant de mourir. Le Nene que j’ai connu quand j’étais jeune n’était pas celui qui a été mangé par les poissons ».

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Espagne - Drogues - Décès - El Nene - Trafic - Haschich

Aller plus loin

Maroc : un narcotrafiquant britannique arrêté à Tanger Med

Un ressortissant britannique de 39 ans a été arrêté ce mardi 20 février au port Tanger Med. Recherché par les autorités espagnoles pour son implication présumée dans un réseau...

Disparition d’El Nene : les contrôles aux frontières renforcés

Le poste-frontière de Tarajal séparant le Maroc de la ville autonome de Sebta est sous haute surveillance, aussi bien du côté marocain que du côté espagnol. En cause, la...

"El Nene", le plus grand narcotrafiquant marocain, aurait été assassiné

Mohamed Taieb, dit Mohamed El Ouazzani, alias « El Nene », l’un des plus grands narcotrafiquants d’origine marocaine, aurait été victime d’un guet-apens au nord du Maroc et plus...

Espagne : Le violent réseau de narcotrafic "Le Rifain" démantelé

La Garde civile a démantelé le réseau de trafic de drogue « Le Rifain », considéré comme extrêmement violent et dont le leader est d’origine marocaine. En tout, plus de 3 000...

Ces articles devraient vous intéresser :

Explosions à Smara : le Polisario impliqué ?

Quatre explosions ont retenti dans la nuit de samedi à dimanche dans la ville de Es-Semara, au Sahara. Le bilan fait état d’un mort et de trois blessés. Le Polisario s’est félicité de ses attaques.

Décès de Moncef El Haddaoui, le Maroc perd un grand footballeur

Moncef El Haddaoui, ancienne gloire du football marocain, s’est éteint lundi à l’âge de 59 ans, selon une annonce faite par la Fédération royale marocaine de football (FRMF) qui a également partagé ses condoléances par le biais d’un communiqué officiel.

Brahim Salaki : le monde de la télévision marocaine en deuil

Le journalisme marocain est en deuil avec la perte de Brahim Salaki, figure emblématique de la télévision nationale. Âgé de 64 ans, il a perdu sa longue bataille contre la maladie et s’est éteint ce dimanche 23 avril 2023.

Un enfant de 4 ans meurt à la gare de Rabat-Agdal : réaction (tardive) de l’ONCF

Plusieurs semaines après la mort d’Omar, garçonnet de 4 ans, à la gare Rabat Agdal, l’ONCF a finalement décidé de réagir.

Le Roi Mohammed VI rend hommage à Mohamed Moatassim

Le Roi Mohammed VI a adressé un message de condoléances et de compassion aux membres de la famille de feu Mohamed Moatassim, Conseiller du Souverain, décédé lundi à Rabat.

Boufa, la drogue qui terrifie le Maroc

Le Maroc mène des actions de lutte contre les drogues dont la « Boufa », une nouvelle drogue, « considérée comme l’une des plus dangereuses », qui « envahit certaines zones des villes marocaines, en particulier les quartiers marginaux et défavorisés. »

Décès de Hamidou Laanigri, un pilier de l’armée marocaine

Hamidou Laanigri, général de corps de division, est décédé ce dimanche 10 septembre à Rabat, à l’âge de 84 ans.

Maroc : des repas funéraires ... interdits

Les habitants de deux villages marocains n’auront plus à organiser des repas funéraires. Une décision a été prise dans ce sens lors d’une assemblée publique.

Ayoub, 16 ans : l’impossible deuil après le séisme au Maroc

Ayoub, 16 ans, est l’un des survivants du puissant et dévastateur séisme qui a touché une partie du Maroc dans la nuit du 8 septembre. Il a perdu cinq membres de sa famille dans la catastrophe.

Maroc : l’épineux problème des cimetières

Face à une crise grandissante liée à l’espace des cimetières au Maroc, Ahmed Toufiq, le ministre des Habous et des Affaires islamiques, a abordé, ce lundi, la problématique devant la Chambre des représentants.