Child Focus, l’organisation belge dédiée à la protection de l’enfance, a lancé un avis de recherche suite à la disparition inquiétante de Nisrine Marabet, une jeune fille de 14 ans. Nisrine a été vue pour la dernière fois le dimanche 30 avril à...
Moins de grossesses, mais plus de bébés en bonne santé. En revanche, chaque année au Maroc, 1.500 femmes décèdent en donnant la vie, 200.000 accouchements se font sans l’assistance de personnel formé et 16.000 bébés meurent avant d’atteindre l’âge d’un mois.
Chaque enfant a le droit à la vie et à une maman en vie. C’était le mot d’ordre qui a été adressé lors d’une rencontre organisée le mardi 22 janvier par l’Unicef à Rabat, en présentant deux grands rapports. Le premier sur la situation des enfants dans le monde 2008 et le second sur l’analyse de la situation des enfants au Maroc.
Cette analyse dresse l’évolution de la situation des enfants au Maroc au cours des cinq dernières années. Si l’on applique cette méthode d’analyse à la période 2001-2005, le Maroc a accompli des progrès notoires en ce qui concerne des droits de l’enfant, selon les auteurs du document. L’idée est de renforcer les objectifs liés au droit à la participation dans le Plan d’action national pour l’enfance 2006-2015.
Objectif : atteindre le 4e objectif du Millénaire pour le développement qui vise la réduction de la mortalité des enfants de moins de 5 ans de 2/3 à l’horizon 2015.
Des avancées et des défis ont été enregistrés dans différents domaines, notamment ceux du droit à la protection, du droit à l’éducation, du droit à la santé et du droit à la participation. Les résultats de l’analyse développée selon l’approche basée sur les Droits humains sont plus qu’intéressants.
Au Maroc, le taux de fécondité, qui était de près de 6 enfants par femme au début des années 1980, a baissé jusqu’à atteindre 2,5 en 2004. Concernant le droit à la survie, l’analyse révèle que près de 5 enfants sur 100 meurent encore avant l’âge de 5 ans. Et ce, malgré l’extension de la couverture vaccinale (94% en milieu urbain et 84% en milieu rural).
Les causes : infections respiratoires aiguës et diarrhées. Plus de la moitié d’entre eux décède avant un mois pour des causes liées à l’insuffisance de soins pendant la grossesse et l’accouchement. La malnutrition aiguë constitue aussi une cause de décès précoce (9,3% des enfants, contre 3% en 1997) et l’allaitement exclusif au sein chez les moins de six mois a chuté en moins de dix ans de 41 à 32% en 2003/2004. Cette situation s’est encore aggravée selon les résultats de la dernière enquête MICS (enquête auprès des ménages à indicateurs multiples) réalisée avec le ministère de la Santé et l’UNFPA, et qui établissent ce taux à seulement 15% en 2006.
De gros déficits persistent. La mortalité infantile de 40‰ en 2004 (contre 36,6‰ en 1997) est repartie à la hausse du fait d’une reprise importante du taux de mortalité néonatale (27‰ en 2004 contre 19,7‰ en 1997). D’un côté, les services de santé scolaires ont été rénovés à partir de 1987, mais ne touchent pas toutes les écoles. Les besoins des adolescents (6,5 millions de personnes ont entre 10 et 19 ans), négligés jusqu’en 2004, commencent à faire l’objet de programmes spécifiques, tandis que les menaces sur la santé des jeunes s’intensifient (tabagisme, drogue, IST/Sida, etc.).
Les femmes ont un accès plus large à la contraception (63% en 2004, contre 19% en 1980). L’indice synthétique de fécondité, qui était de 5,9 enfants par femme au début des années 1980 a baissé pour atteindre 2,5 en 2004. Elles sont plus nombreuses à bénéficier de soins prénatals (68% en 2004 contre 25% en 1987) et de l’assistance à l’accouchement (61% en 2004 contre 26% en 1987). Reste que les zones rurales accusent des retards considérables. Le principal problème identifié est la persistance d’un taux de mortalité maternelle inquiétant : 227 pour 100.000 naissances vivantes, soit un petit point de moins qu’en 1997.
S’agissant du droit des enfants d’accéder aux soins de santé, il bute encore sur plusieurs inégalités. Le Réseau des établissements de soins de santé de base (RESSB) enregistre des écarts entre les régions qui vont d’un établissement pour 4.930 habitants à un pour 36.800 habitants. La proportion de la population qui ne peut pas recourir aux soins est de 44% en milieu rural et de 28,6% en milieu urbain.
La mise en œuvre de l’AMO a pu faire passer la part de la population bénéficiant d’une assurance maladie de 16% à 30%, mais les plus démunis devront attendre des années avant de bénéficier d’une couverture à travers le Ramed. Quant à la transmission du VIH/Sida de la mère à l’enfant, « elle est encore anormalement caractérisée par le fait que dans la majorité des cas, le virus est identifié chez les enfants avant de l’être chez les parents », note l’étude. Le Plan stratégique national de lutte contre le VIH/ Sida (2002-2005) a eu un impact positif sur l’accès des malades à des infrastructures de soins adaptées et aux antirétroviraux.
Le deuxième point examiné par l’analyse est le droit au développement à travers notamment l’accès à une éducation de qualité. Le déficit en qualité de l’éducation se traduit de son côté par un rendement interne faible : le taux d’abandon dans le primaire est l’un des plus élevés du monde arabe. Selon les plus récentes statistiques communiquées par le ministère de l’Education (MEN) en août 2007, ce taux est de 6% au niveau du cycle primaire, soit un total de 218.568 élèves qui abandonnent l’école chaque année. Les causes structurelles derrière cette situation sont la pauvreté et le manque de mobilisation générale de tous les départements pour appuyer le MEN. La cause immédiate de la difficulté à généraliser l’éducation est le coût de la scolarisation. Un élève coûte en moyenne 3.300 DH/an, dont 600 pris en charge par la famille. Au mieux, les familles démunies payent pour les garçons, mais pas pour les filles et encore moins pour les handicapés.
Le droit à la participation est le troisième niveau étudié par ce rapport. Et là encore, d’importants efforts restent à fournir. Le quatrième chapitre, relatif au droit à la protection, examine plusieurs points dont ceux des enfants au travail, des enfants victimes d’exploitation sexuelle, des enfants maltraités et des enfants handicapés. L’analyse relève par exemple que les chiffres officiels de 642.000 enfants qui travaillent sont sous-estimés puisque près d’un million et demi d’enfants en âge scolaire ne vont pas à l’école et que le travail domestique n’est souvent pas pris en compte. Quant aux enfants handicapés, ils ne jouissent pas toujours de leurs droits élémentaires. Leur taux de scolarisation entre 6 et 11 ans est de 32 % contre 93 % en moyenne nationale et ils ont un accès limité aux services de santé de base et certains subissent le rejet social et la violence physique ou morale.
OMD
Les OMD prévoient de réduire de trois quarts le taux de mortalité maternelle entre 1990 et 2015 et d’améliorer la proportion d’accouchements assistés par du personnel de santé qualifié. Pour atteindre cette cible, le Maroc doit passer d’un taux de mortalité maternelle de 227 pour cent mille naissances vivantes (1999-2003) à 83 en 2015, soit 71 en milieu urbain et 90 en milieu rural. Les OMD prévoient de réduire de deux tiers le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans entre 1990 et 2015. Pour atteindre cette cible, le Maroc doit passer d’un taux de mortalité infantojuvénile de 47 pour mille naissances vivantes (1994-2003) à 28‰ en 2015, soit 21‰ en milieu urbain et 37‰ en milieu rural.
L’Economiste - Fatim-Zahra Tohry
Ces articles devraient vous intéresser :