Le programme d’aide directe au logement connait un franc succès depuis son lancement. Au 23 mai 2024, 11 749 personnes ont déjà pu bénéficier de cette aide, sur un total de 73 711 demandes déposées. De nombreux Marocains résidant à l’étranger ont...
Mohamed Hamadi Bekouchi est l’auteur d’un livre intitulé “La diaspora marocaine, une chance ou un handicap ?“. Très bien documenté, cet ouvrage traîte de l’évolution de l’émigration marocaine. L’auteur n’aime pas toutefois le terme émigration auquel il substitue “diaspora“.
Le titre de votre livre surprend de prime abord. On parle plus émigrés, RME ou MRE que de diasporas. Qu’est-ce qui justifie le choix de ce terme ?
Mohamed Hamadi Bekouchi : Les raisons qui m’ont amené à privilégier le concept de la diaspora sont liées intimement aux transformations profondes de la population marocaine vivant à l’étranger. C’est fini les années 1960-70 où les entreprises d’Europe venaient chercher manu militari des troupes de mâles pour reconstruire les pays du Nord. On regardait surtout leur biceps et leur capacité de travailler à la tâche dans les mines, l’agriculture, le BTP. Les plus chanceux subissaient la chaîne d’automobile et ses 3/8. Toutefois les espaces de vie communs leur étaient interdits. En clair, ils étaient obligés de se contonner dans ghettos- boulot-dodo.
Cette situation n’existerait plus aujourd’hui ?
Aujourd’hui, on a une population composite issue de toutes les régions marocaines. On y trouve des jeunes qui constituent la très grande majorité, des moins jeunes dont 2% seulement dépassent les 60 ans. En plus, un rééquilibrage sociodémographique est en train de s’effectuer notamment entre les deux sexes. Ceci pour dire que c’est fini la seule et unique catégorie des ouvriers hommes. La présence de plus en plus croissante de cadres, étudiants en fin de scolarité, les générations montantes et les businessmen sans oublier les artistes et les sportifs et les femmes chefs de famille et actives... Toutes ces personnes donnent une composition multiple qui s’étend à tous les secteurs d’activités et entreprises : PME, les associations et également les établissements publics.
D’autres facteurs vous ont-ils poussé à préférer le mot diaspora à émigré ?
Oui, cette installation durable de cette diaspora l’incite à investir affectivement, matériellement et culturellement plus que par le passé à l’étranger. Il suffit de pénétrer dans les lieux d’habitation pour se rendre compte de la qualité de confort et de standing. Avec une touche relative à l’affirmation de pratiques sociales et culturelles marocaines : l’accueil, salons traditionnels, l’habillement des personnes, la nourriture, la langue, les odeurs et parfums...
D’autres changements ?
Très longtemps, les immigrés n’avaient pas le droit de s’exprimer. La création d’associations de droit commun leur était interdite. Depuis le début des années 1990, des centaines et des centaines d’associations voient le jour. Ce qui a incité les membres de la diaspora à s’impliquer davantage, que ce soit au sein des associations spécifiquement marocaines ou de sphères plus larges. Cette même démarche est en train de se faire vis-à-vis des partis politiques. Quant aux syndicats, le climat général est encore morose. Bien plus : la tendance générale se manifeste par un recul net d’adhérents durant ces deux dernières décennies.
A vous entendre, on penserait que la vie est rose pour tous les émigrés marocains ?
Notre diaspora se compose au moins de 2 millions et demi de personnes. C’est-à-dire plus que l’Irlande qui préside actuellement l’Europe. Et dans 5 ans, sa population sera plus nombreuse que celle du Danemark. Quand vous avez une bonne petite nation, il va de soi, comme toute grande agglomération, qu’elle ait son lot d’handicapés sociaux et de délinquants. L’important, c’est de noter que 80% de la diaspora marocaine vit normalement comme ses voisins autochtones du palier et du quartier, que ce soit en Europe ou en Amérique.
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