
Malgré les incitations à l’auto-entreprenariat, les chômeurs préfèrent chercher un emploi salarié, révèle Bank Al-Maghrib (BAM) dans un récent rapport.
Usine bloquée durant trois jours, 1 800 salariés en grève de solidarité avec des syndicalistes victimes de répression : la scène s’est passée il y a un peu plus d’un an, près de Rabat, au Maroc, dans une filiale de l’équipementier Valeo.
L’affaire a éclaté lorsque des salariés ont voulu constituer une section syndicale affiliée à l’Union marocaine du travail (UMT), l’une des grandes centrales du pays. "Immédiatement, raconte un représentant de l’UMT, la direction a appelé la police. Il y a eu des brutalités, des gardes à vue, et des poursuites judiciaires ont été engagées contre 21 personnes, dont 7 syndicalistes." Motif invoqué : "réduction de la cadence de travail, insubordination, etc., indique le syndicaliste. Mais la raison réelle était bien la constitution d’une structure syndicale". L’UMT a alors contacté la maison mère, en France, pour expliquer la situation. "Dans les heures qui ont suivi, le PDG de Valeo nous a rappelé, ce qui a été très apprécié ici, surtout si l’on compare avec les réactions qu’ont d’autres entreprises", indique le responsable de l’UMT. Un cadre de la direction des ressources humaines de Valeo est venu sur place négocier avec l’UMT. En fait, la situation s’était envenimée, parce que "la direction locale avait été induite en erreur par ses cols blancs, qui du coup ont tous été mis à la porte", indique le représentant de l’UMT.
Les syndicalistes qui avaient été licenciés ont été réintégrés et les poursuites judiciaires stoppées. A la fin du conflit, un accord a été signé dans cette usine, garantissant notamment le respect des droits syndicaux et reconnaissant finalement la structure syndicale. Aujourd’hui, "nous avons les meilleures relations avec la direction de l’usine, se réjouit-on à l’UMT. Le dialogue est permanent, sur la question des salaires, de l’hygiène et de la sécurité, etc. Et l’on observe même une hausse de la productivité !" Le PDG du groupe Valeo, qui est le seul à s’exprimer sur ces sujets sensibles, n’a pas pu être joint. Mais les éléments livrés par l’UMT sont confirmés par l’agence de notation sociale Vigeo, qui parle de "success story".
Une histoire qui est peut-être à rapprocher de l’évolution récente du Maroc, "qui a ratifié la convention 135 de l’OIT, prévoyant notamment que les pouvoirs publics doivent faire respecter les droits syndicaux", indique Vigeo. Constatant la mauvaise image du pays en ce domaine, le patronat marocain s’est lui aussi lancé dans ce combat. Avec l’appui de Vigeo, la Fédération générale des entreprises marocaines a ainsi signé, le 14 décembre 2006, une Charte de responsabilité sociale très dense, dont l’un des chapitres porte sur le respect des droits humains. "Nous nous engageons notamment à respecter la liberté d’association et l’exercice du droit syndical (...), peut-on lire dans ce texte, à prévenir toutes les formes de discrimination (...), à promouvoir la négociation collective, à prévenir les conflits du travail et à tout mettre en oeuvre pour les résoudre pacifiquement."
Le Monde - Francine Aizicovici
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