Suite à la directive de Bank Al-Maghrib (BAM) publiée le 25 septembre 2024, qui plafonne désormais le taux d’interchange domestique à 0,65%, le Centre monétique interbancaire (CMI) a été contraint de s’aligner.
La relance économique et l’impératif de construire un « État social » s’imposent au royaume durement secoué par la crise sanitaire due à la pandémie du Covid-19, à l’instar de plusieurs pays du monde. Pour relever ces défis qui nécessitent d’importants moyens, l’économiste Yasser Tamsamani a identifié de nouveaux circuits de financement.
Dans une interview à La MAP, Yasser Tamsamani, énumère trois propositions susceptibles de financer réellement la relance et le développement économique au Maroc. Ces politiques, appuie ce docteur en économie de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, doivent émerger de « circuits politiquement responsables et socialement acceptables de par leurs potentiels effets redistributifs et doivent aussi échapper aux lois du marché financier et en même temps permettre de discipliner (indirectement) le système bancaire en l’incitant à s’engager davantage dans le développement du pays ».
Selon Yasser Tamsamani qui enseigne à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de l’Université Hassan II de Casablanca, « Outre les mesures que peut prendre le gouvernement à très court terme sans que cela ne demande une révision de fond en comble du cadre actuel de financement de l’économie, ces trois nouvelles pistes de financement des besoins de la société et de l’économie semblent être prometteuses ».
D’abord, l’universitaire propose à l’État de prendre en charge une partie du financement de l’économie en créant sa propre banque d’investissement pour, avance-t-il, « financer des projets satisfaisants à un double critère de viabilité économique et d’utilité sociale ». Étant donné que le financement de l’économie et de son développement relève de l’intérêt général, cette nouvelle banque publique d’investissement sera dédiée au financement de « l’investissement utile », appuie Tamsamani. Dans son fonctionnement, cette banque doit non seulement respecter les pratiques internationales de gouvernance en la matière et se doter notamment d’organes de contrôle et de conseil à la hauteur de sa mission, mais aussi se démarquer de la logique des banques commerciales qui se comportent comme des entreprises privées financiarisées en quête permanente d’une hausse des dividendes à remonter aux actionnaires.
En deuxième analyse, Yasser Tamsamani évoque l’impôt sur les successions et les transferts de propriété en vue de financer la cohésion sociale et institutionnaliser la solidarité. Cet impôt, souligne-t-il, permet de corriger aussi bien les inégalités des chances que celles des résultats et comprime l’appétit pour la captation de la rente.
Concernant la troisième proposition de l’universitaire, elle s’intéresse à l’émission de bons de trésor de long terme, pour un financement soutenable des services publics. Étant donné que les bienfaits liés aux dépenses d’éducation et de santé ne se font sentir qu’au bout d’une génération, il propose une mobilisation de l’épargne nationale (privée et institutionnelle) à un coût faible et dont le remboursement du capital sera programmé pour la fin de la période, une fois que ces dépenses auraient généré de la croissance et donc suffisamment de ressources pour leur remboursement.
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