La Direction Générale des Impôts (DGI) vient de dévoiler son guide fiscal pour l’année 2023 à destination des Marocains résidant à l’étranger (MRE).
Les transferts d’argent effectués par les marocains résidents à l’étranger sont d’un grand apport pour l’économie nationale. Les statistiques disponibles indiquent que ces transferts s’élèvent à près de 40 milliards de dirhams par an durant les trois dernières années contre 23 milliards de dirhams il y a cinq ans.
Ce transfert représente une hausse annuelle de plus de 14%, et ce en dépit des restrictions imposées par la politique migratoire des principales régions de destination.
Evoquant le thème des transferts financiers de l’émigration, le Centre marocain de conjoncture "CMC" considère que "les transferts financiers effectués par les Marocains résidant à l’étranger représentent un enjeu important pour l’économie marocaine non seulement en tant que soutien au revenu des ménages mais aussi et surtout en tant qu’apport supplémentaire en épargne et en tant que ressource essentielle en devises".
Les évaluations faites par cet organisme indiquent que l’argent transféré représente plus de 8% du PIB , correspond à près de 40% de la valeur des exportations et se situe à hauteur de 80% du déficit commercial. Ces indicateurs qui témoignent de l’importance des flux financiers générés par la migration marocaine sont en même temps, d’après ce centre, significatifs de fragilité dans la mesure où ils traduisent le niveau de dépendance financière dans laquelle se trouve le Maroc à l’égard de sa population émigrée.
Il est souligné que le comportement des nouvelles générations de la migration marocaine et leur attitude à l’égard du pays d’origine connaissent des changement profonds à mesure que le processus d’intégration dans le pays d’accueil s’intensifie.
Pour cette raison, nombreux sont les analystes et les observateurs qui prévoient "un essoufflement graduel de la manne financière générée par la migration, voire son tarissement à terme". En dépit de ces craintes, les transferts enregistrent une évolution soutenue au cours des dernières années au fur et à mesure de l’évolution de la population émigrée et des transformations qu’elle connaît aux plans démographique, économique et social.
Il est à signaler que "l’évolution des flux financiers générés par la migration est attribuable autant à la progression des effectifs des populations émigrées qu’à leur répartition selon les pays et/ou les régions d’accueil, les catégories socio-professionnelles qui les composent, leur niveau d’activité, la nature des emplois qu’ils occupent ainsi que leur ancienneté dans les pays d’accueil".
Les statistiques rapportées par le Centre marocain de conjoncture indiquent que le montant des transferts financiers de l’émigration qui se situerait au début des années soixante-dix autour de 5 milliards de dirhams s’élève actuellement à plus de 35 milliards de dirhams, enregistrant ainsi une progression moyenne de 9,5% par an sur la période couvrant les vingt dernières années.
L’importance des fonds transférés tient, non seulement à l’évolution des effectifs de la population concernée, mais aussi aux multiples liens que cette population entretient avec son pays d’origine. L’un des indicateurs les plus significatifs à ce sujet est la proportion de la population émigrée effectuant régulièrement des transferts de fonds vers son pays d’origine. Cette proportion se situe dans le cas du Maroc et selon les résultats de l’étude publiée par l’Institut national de statistiques et d’économie appliquée autour de 94%, ce qui revient à dire, d’après la même source, que plus de 9 émigrés marocains sur 10 déclarent effectuer des transferts réguliers de fonds au pays d’origine.
Il ressort de la même étude que près de 34% des migrants enquêtés, déclarent transférer plus du tiers de leurs revenus contre 40% qui en envoient moins du quart. Il est également relevé que les montants annuels moyens transférés se situant entre 10.000 et 50.000 dirhams représentant plus de 40% des flux financiers de l’émigration alors que les montants dépassant 100.000 dirhams constituent près de 13% de l’ensemble des transferts effectués au cours de la période de référence de l’étude, soit entre 1996 et 1998.
Mohamed Kadimi - Libération
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