Jeudi dernier, la journaliste Mélissa Theuriau a fêté ses 46 ans. L’occasion pour son mari, l’humoriste franco-marocain Jamel Debbouze de lui faire une belle déclaration.
À Romont, en Suisse normande, un émigré marocain poignarde à mort sa compatriote Bouchra Aaraf. Elle l’avait recueilli alors qu’il était sans domicile. Il est tombé amoureux d’elle.
Il est 18h50, ce dimanche 4 décembre 2006, rien ne semble troubler la paisible rue Vuisternens-devant-Romont. Bouchra Aaraf, 28 ans, toujours aussi coquette, se rend à son lieu de travail. Juste en face du restaurant où elle travaille comme aide cuisinière, son téléphone portable sonne. C’est sa sœur au bout du fil, elle aussi installée dans la même ville. Sur un ton jovial, Bouchra lui répond que tout va bien, qu’elle reprend son service dans dix minutes. Soudain, la sœur n’entend plus que des cris stridents mêlés à des aboiements de chien. Et puis une voix d’homme qui lui annonce froidement « J’ai tué ta soeur ».
Le patron du restaurant où la défunte travaille, alarmé par les aboiements de son caniche, sort voir ce qui se passe à l’extérieur. Bouchra, la jeune femme qu’il appréciait pour son rire communicatif, son sérieux et sa gentillesse est étendue par terre baignant dans une mare de sang. Son meurtrier, un homme âgé de 42 ans, au teint basané et aux cheveux noirs, se tient à quelques mètres, l’air hagard. Dans sa main droite, il a toujours le couteau, une lame d’une trentaine de centimètres courbée à son extrémité, avec lequel il a poignardé Bouchra une vingtaine de fois.
Les membres de la police et de la gendarmerie, arrivés à leur tour, ont embarqué le meurtrier pour le placer en détention. Quels sont les motifs de ce crime ? Les premiers éléments de l’enquête, menée par le juge d’instruction fribourgeois Jean-luc Mosser, ont révélé que l’assassin et la victime se connaissaient. Ils se sont rencontrés en 2002 à Lausanne. Entre eux, le courant est vite passé.
Dans une terre d’exil, on a souvent tendance à créer plus facilement des liens entre compatriotes. Passé le temps de faire connaissance, Bouchra et Mohamed, nommons-le ainsi puisque son identité ne peut être divulguée tant que l’affaire est en cours d’instruction, sont passés aux confidences.
Mohamed venait d’avoir des problèmes avec sa précédente compagne, qui l’a mis à la porte. Bouchra, prise d’affection, a voulu l’aider. Ils continuent de se voir même si elle est mariée depuis mars 2001 à un Suisse âgé de 42 ans. Leur relation, purement amicale, selon des déclarations de son époux, évolue sans embûches. En 2003, voyant que la situation de Mohamed ne s’arrange pas, Bouchra lui propose de l’héberger dans son appartement conjugal.
Il y restera durant trois mois. Plusieurs disputes ont éclaté entre les deux conjoints à cause de l’invité indésirable. Le mari a toujours refusé que Mohamed s’installe chez eux mais, pour ne pas contrarier sa femme, il laisse faire. Une fois même, Bouchra menace de quitter son mari pour Mohamed.
Apparemment, tous les deux, ils avaient un projet d’emménager ensemble. En fin de compte, elle change d’avis. Peut-être que Mohamed ne lui convient plus. Ce dernier quitte le couple pour habiter un appartement à Lausanne. Mais le drame n’est pas encore fini, il ne fait que commencer. Mohamed n’accepte pas de se faire rejeter. Au début, il passe des coups de fil à Bouchra juste pour avoir des nouvelles. Par la suite, il passe à la vitesse supérieure. Il la harcèle et la suit partout avant de passer aux menaces. Une escalade qui pousse le couple à envisager de déménager. Ce projet est repoussé à plus tard parce que les choses se sont calmées entre temps. Mais, Mohamed ne s’est calmé que pour mieux rebondir. Ce soir du 4 décembre, il a attendu celle qui hante son esprit devant son lieu de travail pour l’achever. Son délit est prémédité.
La famille Aaraf, qui habite le quartier La Gironde à Casablanca, est toujours sous le choc. Leur fille, pleine de vie, s’est éteinte. Et de la manière la plus dramatique. Plus jamais ils ne reverront son sourire radieux. Quant à sa sœur, la dernière à l’avoir entendue, elle ne se remet pas encore. Le jour, les derniers mots de Bouchra résonnent dans sa tête comme un disque rayé. La nuit, ses derniers cris l’empêchent de dormir.
La dépouille de Bouchra Aaraf a été rapatriée pour être enterrée le lundi 11 décembre 2006 au cimetière Al Ghofrane à Casablanca. Qu’elle repose en paix.
Maroc Hebdo - Loubna Bernichi
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