Canal+ a confirmé cette semaine que la série « Terminal », projet de l’humoriste franco-marocain Jamel Debbouze, suivra la lignée de la célèbre série « H » qui a connu un très gros succès au début des années 2000.
Quatre gagnants pour la quatrième édition de Studio 2M. Leila El Berrak et Sabrine El Kouali, choisies par le jury et Marouane El Bekri et Imane Karkibou, plébiscités par les téléspectateurs. Jamais encore un concours de chant télévisé n’a accouché d’autant de vainqueurs.
À la recherche de la Nouvelle Star, de la chaîne de télévision française M6, dont Studio 2 M s’inspire largement, comme à la Star Academy d’Endemol ou encore à X-Factor, il n’y a qu’un seul gagnant. Un seul qui remporte le gros lot : un album et une tournée nationale, voire internationale. Et, dans les meilleurs des cas, un million d’euros.
Pourquoi 2M est-elle si généreuse ? Parce qu’il n’y a rien à y gagner. Du moins pour les candidats. Car, 2M, elle, se frotte les mains. En termes d’audience, la chaîne de télévision bat les records. 90% en moyenne, primes et capsules quotidiennes confondues. Avec un tel pourcentage, les publicitaires ne peuvent qu’adhérer.
Les revenus de la pub tournent autour de 14 millions de dirhams. Quant aux SMS de vote, plus de 100.000 en moyenne, ils rapportent 4 millions de dirhams, sans parler des messages, au coût de 5 dhs HT, permettant de participer à la tombola avec des promesses de lots alléchants. Difficile pour les téléspectateurs de ne pas céder à la tentation.
Les gagnants, eux, se contentent d’un trophée en métal et d’un single diffusé durant trois mois sur la chaîne télévisée et sur les ondes de la Radio 2M. On est bien loin du million d’euros de la Star Academy. Mais, il ne faut pas comparer l’incomparable. L’émission de télé-réalité d’Endemol, boîte de production internationale, est une machine bien huilée. Sauf qu’au Maghreb, elle a connu des pannes. Hajar Adnani, la gagnante marocaine de la première promotion de la Star Academy Maghreb, est en litige avec Karoui&Karoui, la société promotrice de cet événement, à propos du million. Une première dans les annales de la Star Academy, organisée dans une trentaine de pays dans le monde.
Si Studio 2M offre une visibilité éphémère à ces gagnants, c’est parce que cette émission elle-même manque de visibilité. Les règles du jeu changent au gré des humeurs du jury. Pour la finale, il ne devait rester que six candidats des trente-trois retenus au départ. Mais, le public se retrouve face à sept. Le jury au coeur tendre n’arrive pas à trancher. Et, des sept finalistes, quatre l’ont remporté. Une erreur. Ce genre de compétition déniche, d’habitude, la perle rare. L’exception capable de réunir les foules par son originalité. Toute une logistique est mise en place, dès lors, pour en faire une icône de la jeunesse, une machine à vendre. C’est de cette façon que le phénomène Jennifer (Star Academy I France) est née. Chez cette jeune Niçoise, tout est ordinaire. Mais, la chaîne française TF1 et la maison de disques Universal ont su en faire une starlette à coup de matraquage médiatique et de promotions.
Que deviendront les quatre de Studio 2M dans six mois ?
D’ici, déjà un mois, le public ne retiendra que deux prénoms des quatre. Le jour de la sortie de leur single passera, probablement, inaperçu. Car, il coïncidera avec la nouvelle promotion de la Star Academy Liban ou X-Factor de Rotana. Ce n’est pas là seulement des idées pessimistes balancées à la légère, mais une réalité bien avérée.
Studio 2M en est à sa quatrième édition. Où sont les gagnants des trois précédentes ? Tous sont devenus des chanteurs d’événementiel avec des projets à venir.
Joudia, la gagnante de la première édition dans la catégorie “chanson occidentale”, arrondit ses fins de mois en animant des soirées mondaines à Marrakech, sa ville natale et prépare un album à Paris. La petite à la voix rauque est la plus enviable. Car, en plus de ses deux singles, elle a chanté avec des grands noms comme Corneille, Charles Aznavour et Mami. Mais, elle doit ce palmarès plus à sa détermination, son talent et le précieux soutien de sa famille, qu’à la chaîne de Aïn Sebaâ, même si elle ne l’avoue pas.
Leila, la Montréalaise, le prix du jury de 2005, poursuit ses études en tourisme, s’essaye au cinéma et cumule des apparitions dans des soirées de la communauté marocaine au Canada. Avec son époux, elle prépare un album. Hatim tente le tout pour le tout pour vivre son rêve. Il a émigré en Egypte pour se faire une place au soleil. Pourvu qu’il y arrive. La pimpante Mouna a disparu de la scène. On dit qu’elle est une star locale dans son pays d’accueil, la Suède. Même si les gagnants de Studio 2M sont tous dans la galère, rares ceux qui osent critiquer la chaîne. Seul Aziz, gagnant de la première édition, l’a fait. Il en paye, aujourd’hui, le prix. Il est, tout bonnement, banni des ondes de 2M. Celui qui a tout quitté pour Studio 2M, sa vie et son emploi en Italie, pousse la chansonnette dans les pianos-bars et les restaurants pour survivre.
Mais, dans cette affaire, la deuxième chaîne de télévision marocaine n’est pas la seule coupable. La culture n’a jamais été une priorité dans l’action gouvernementale marocaine. La chanson encore moins. On se contente d’offrir aux troupes folkloriques leur heure de gloire le temps d’un festival avant de les laisser tomber. Les groupes du mouvement « underground », hip-hop, rap, fusion..., connaissent le même sort. Actuellement, ils sont les têtes d’affiches des manifestations culturelles les plus renommées. Hoba Hoba Spirit ou H-kayne ou encore Fnaïre sont de toutes les fêtes. Ceci dit, tant mieux pour eux. Mais, de quoi est fait demain quand ils auront fait le tour des festivals ? Dieu seul le sait.
Par contre, ce que personne n’ignore, c’est que beaucoup de chanteurs marocains sont morts dans la disette. Mohamed El Hayani en est l’illustre exemple. Ceux qui sont toujours en vie résistent. Abdelahdi Belkhayat, l’un des ténors de la chanson marocaine, ne rechigne pas à faire les mariages pour les cachets plus ou moins conséquents. Naïma Samih n’arrive pas à joindre les deux bouts. Sa dernière apparition à la finale de Studio 2M, le 28 juillet 2007, montre bien qu’elle passe plus par des bas que des hauts.
Dans un pays où le star-système n’existe pas, cela ne surprend guère.
Le reproche à faire à Studio 2M, c’est que cette émission fait miroiter un rêve qu’elle sait, d’avance, irréalisable à des jeunes pleins d’espoirs. Le réveil n’en sera que plus dur.
Maroc Hebdo - Loubna Bernichi
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