Habitat : Le secteur cherche visibilité

19 septembre 2008 - 17h31 - Economie - Ecrit par : L.A

« Le Maroc ne sera pas touché par la crise immobilière internationale actuelle ». Ce sont les propos répétés plusieurs fois par Ahmed Taoufiq Hejira, ministre de l’Habitat, lors d’une récente rencontre avec les opérateurs du secteur à Rabat. « La situation au Maroc est complètement différente de celle des autres pays occidentaux comme les Etats-Unis d’Amérique et certains pays européens », explique le ministre.

Et d’ajouter que le secteur présente encore un déficit important, notamment en matière de logement social, estimé à 614.000 unités à fin 2007. Sans oublier de satisfaire les besoins annuels de 123.000 nouvelles familles. Mais cela ne doit pas cacher l’apparition de certains dysfonctionnements qui peuvent freiner la dynamique qu’a connue le secteur ces cinq dernières années.

La spéculation et la recherche du profit sont parmi les sérieux problèmes qui menacent le développement du secteur en assurant une adéquation entre l’offre et la demande. Le faible pouvoir d’achat des citoyens aggrave davantage le déséquilibre. Sur ce point, le ministre a relevé certains dysfonctionnements. Il s’agit du tassement de la demande du haut standing. Car la catégorie concernée, dont les dépenses moyennes par ménage sont supérieures à 15.000 DH, représente uniquement 4% de la population globale. Alors que pour 30% de la population, il n’existe pas de produit adapté. Il s’agit des familles dont les dépenses mensuelles par ménage sont inférieures à 3000 DH. Le logement social est accessible à la catégorie des ménages ayant une dépense moyenne de près de 4500 DH par mois. Elle représente 42% de la population.

Toujours dans le même ordre d’idées, les résultats d’une étude sur l’évaluation des performances du secteur entre 1980 et 2006 ont montré que 40% des ménages urbains demeurent exclus de l’accès au logement de 200.000 DH. Il s’agit des familles dont les dépenses annuelles par personne sont inférieures à 5000 DH. Les initiateurs de ce travail rappellent que le prix d’un logement social à 200.000 DH représente 8,5 ans de Smig et plus de 55 ans d’épargne du « smigard » à raison d’un taux d’environ 15%. Signalons que cette étude a été initiée par le département de Hejira pour préparer les termes de référence d’une étude prospective sur le secteur à l’horizon 2020, lesquels ont été remis aux acteurs et professionnels concernés pour examen et enrichissement pour que l’étude soit lancée à partir de cette semaine.

« L’objectif est d’avoir une vision claire sur l’évolution du secteur avec une lecture objective fondée sur des chiffres », précise le ministre. « Ce qui nous permettra d’initier les réformes pour assurer une adéquation entre l’offre et la demande », ajoute-t-il. Le foncier, le financement et la fiscalité figurent parmi les chantiers à attaquer en priorité. Signalons que les résultats de cette étude seront prêts en juillet 2009. Le ministère envisage la création d’un observatoire national dédié au secteur qui se chargera notamment de la mise en application des recommandations de cette étude.

Rareté ?

La rareté du foncier commence à constituer un sérieux problème pour le développement du secteur immobilier. Les prix ont flambé durant ces dernières années. Entre 2003 et 2007, ils ont été multipliés par 2 jusqu’à 4 fois, suite à la rareté du terrain accompagné d’opérations de spéculation. La consommation annuelle est estimée entre 2500 et 3000 ha y compris les équipements.

Source : L’Economiste - Nour Eddine El Aissi

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immobilier - Ahmed Taoufiq Hejira - BTP

Ces articles devraient vous intéresser :

Au Maroc, la fin des chantiers sans garanties d’assurance

Au Maroc, les assurances construction (Tous Risques Chantier et Responsabilité Civile Décennale) sont désormais obligatoires. La mesure vise à garantir une meilleure gestion des risques sur les chantiers en cours et futurs, et une couverture totale en...

Immobilier au Maroc : le marché paralysé

Au Maroc, le secteur de l’immobilier sombre dans un immobilisme paralysant. Et, les défis à relever sont nombreux.

Immobilier au Maroc : bonne nouvelle pour les nouveaux acquéreurs

Des changements ont été opérés pour impacter positivement le secteur de l’immobilier. Le délai prévu dans l’article 573 relatif à l’introduction d’une action en justice pour défaut de garantie n’est plus limité à 365 jours.

Achat de logement au Maroc : les notaires baissent les prix

Les notaires vont accompagner et soutenir les citoyens à travers tout le Maroc, tout au long du processus d’octroi de l’aide directe au logement (2024-2028). Une convention a été signée dans ce sens.

Le Maroc, un chantier à ciel ouvert

Au Maroc, le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) et celui des matériaux de construction devraient tirer profit de l’organisation la coupe d’Afrique des nations (CAN) 2025, la co-organisation de la coupe du monde 2030 ainsi que d’autres...

Une bonne nouvelle pour les enseignants marocains

La Fondation Mohammed VI de promotion des œuvres sociales de l’éducation-formation a augmenté le montant des crédits immobiliers accordé aux enseignants dans le cadre de son programme d’aide au logement IMTILAK, lancé en 2019.

Maroc : les crédits "Halal" dopent l’immobilier

Les crédits immobiliers “Halal” accordés aux ménages marocains ont connu une hausse considérable, atteignant 23,1 milliards de dirhams à fin juin contre 20,3 milliards de dirhams à la même période de l’année précédente, indique Bank Al-Maghrib dans une...

Au Maroc, les MRE investissent dans l’immobilier

70 % des investissements de la communauté marocaine résidant à l’étranger sont consacrés au secteur immobilier, selon Fatima Ezzahra El Mansouri, la ministre de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de...

Maroc : l’attestation qui plombe le marché de l’immobilier

Les nouvelles mesures concernant l’attestation fiscale, en vigueur depuis le 1ᵉʳ juillet dernier au Maroc, portent un sérieux coup de frein aux transactions immobilières, dénoncent les notaires.

Les petites entreprises marocaines menacées

La plupart des grands chantiers lancés au Maroc dans le cadre des préparatifs de la Coupe du monde 2030, ont été confiés aux grandes entreprises au détriment des petites et moyennes. Ces grands groupes importent les matériaux de construction,...