
L’invitation lancée par Emmanuel Macron à Mohammed VI pour le Salon International de l’Agriculture à Paris, du 22 février au 2 mars, ressemble à une tentative de déminer un terrain glissant. Si le roi du Maroc accepte, ce sera sa première visite...
Cette fois-ci c’est en France dans les Bouches-du-Rhône d’où nous parviennent les cris de colère de 18 Marocains qui ont pu obtenir gain de cause.
Ils font partie des milliers d’ouvriers saisonniers qui viennent chaque année en France du Maghreb ou de l’Europe de l’Est pour participer aux récoltes de fruits de manière tout à fait légale à travers l’Office français de l’immigration et de l’intégration, pour subir une forme d’esclavage légalisé, souligne une militante syndicale française.
Réputée pour sa production de fruits, comme les pêches, cerises, nectarines, etc. une quarantaine d’ouvriers saisonniers se dirigent chaque année vers Entressen, où ils travaillent dans les récoltes de fruits du mois d’avril au mois d’août afin de subvenir aux besoins de leurs familles durant le reste de l’année.
C’est le jeudi 24 juin que ces dix-huit ouvriers marocains de l’exploitation décident de mettre fin à la tyrannie de leur patron. En cause, le retour de deux d’entre eux de chez le médecin. Dès qu’ils rentrent l’employeur commence à les insulter avant de passer aux gifles, étranglement, jets de vaisselle au visage, rien ne semblait pouvoir l’arrêter. N’en pouvant les ouvriers marocains décident de mettre un terme à cette situation. Ils font constater les blessures des ouvriers maltraités à l’hôpital, puis portent plainte auprès des services de police, avant de se diriger vers un syndicat.
Le jour même, les syndicalistes contactés accompagnés des ouvriers marocains se dirigent vers l’exploitation pour discuter avec l’exploitant. Ils y trouvent un comité d’accueil des plus chaleureux, composé d’un groupe d’hommes (des exploitants de la région), armés jusqu’aux dents de masses et de bâtons.
La rencontre se termine mal, quelques ouvriers et le représentant de la CGT sont blessés, la police tarde à venir et ce n’est qu’après cet évènement que leur histoire sera divulguée au grand public.
Toutes les raisons étaient bonnes pour punir son troupeau, c’est ainsi que l’exploitant appelait ses ouvriers. Durant des années, ils s’étaient habitués aux insultes et aux fréquentes punitions. Le patron français aimait s’entendre dire aux ouvriers : "Celui qui ne me préviendra pas la veille qu’il sera malade le lendemain sera puni, quinze jours dans sa chambre.", "Tu fumes une cigarette ? Tu as trop d’argent, dans ta chambre !", "Tu me regardes dans les yeux ? Dans ta chambre !". Et bien entendu, chaque jour de punition était déduit du salaire mensuel.
Alors que les ouvriers n’avaient que six mois pour gagner de quoi faire vivre leurs familles durant le reste de l’année, ils ont été obligés de se taire, pour ne pas subir les foudres de leur patron.
Sur les 300 heures de travail dans les champs, seules 110 à 130 étaient comptabilisées et payées, pas d’heures supplémentaires et de fréquentes menaces de non renouvellement de contrat. A savoir que la loi française donne le droit aux exploitants agricoles des Bouches-du-Rhône de recruter les employés par nom. Les salariés sont obligés de rentrer au Maroc avec leur contrat en poche, sinon ils ne pourront pas revenir l’année d’après.
Sous-payés, maltraités, disponibles car logés sur place, leurs titres de séjour ne sont valides que grâce à leurs contrats, ils se sont finalement révoltés après des années de mauvais traitements.
Pendant une dizaine de jours, les dix-huit ouvriers marocains ont été nourris et logés grâce à la solidarité régionale en attendant la confrontation avec leur patron à la direction du travail d’Aix-en-Provence le 5 juillet qui a reconnu les violations à la législation.
D’après les dernières nouvelles, les ouvriers marocains sont de retour à l’exploitation, ils ramassent des fruits dignement et leur patron n’arrête pas de leur dire "s’il-te-plaît", mais reste à savoir si leurs contrats seront renouvelés pour l’année prochaine.
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