Faisant référence à l’accord de pêche qui expire ce lundi 17 juillet, le Front Polisario a déclaré dimanche qu’il rejettera tout accord entre l’Union européenne et le Maroc qui affecte « le sol, la mer territoriale ou l’espace aérien » du Sahara...
À cause de ses déclarations outrageuses au sujet de l’affaire du Sahara, l’ambassadeur américain a non seulement perdu la sympathie du peuple marocain (y compris les Sahraouis), mais il s’est inscrit en porte à faux à l’égard de la position officielle de son pays.
Le torchon brûle entre Rabat et Washington, à cause de certaines déclarations provocantes de l’ambassadeur américain, Thomas Riley, au sujet de l’affaire du Sahara. Le diplomate du pays le plus puissant du monde a créé un tollé dans les milieux politique et médiatique marocains. Deux dossiers sont à l’origine de cette crise rampante entre les deux capitales.
Premier dossier : la fermeture du consulat général des Etats-Unis à Casablanca. Suite aux attentats terroristes manqués du 14 mai à Casablanca, et qui auraient apparemment visé le consulat et le centre culturel américains, il a été décidé, purement et simplement, de fermer le consulat.
Fermeture du consulat
Un communiqué de l’ambassade américaine, daté du 3 mai, a précisé que cette fermeture est provisoire, en attendant que les mesures de sécurité soient reconsidérées. « Nous sommes engagés avec les autorités marocaines à mettre en place les mesures de sécurité nécessaires, pour rouvrir le consulat. La date de la réouverture du Consulat général n’a pas encore été fixée », poursuit le communiqué.
Force est de constater que cette décision est quelque peu exagérée. Et ce n’est qu’un euphémisme. Face à un silence honteux des responsables diplomatiques marocains, il est légitime de se demander ce qui se cache réellement derrière la décision américaine de fermer son consulat général. Certes, la terre continuera à tourner. L’image de marque du Maroc ne sera pas ternie pour autant. Mais, symboliquement, cette décision est un coup dur pour notre diplomatie. Celle-ci est connue pour son sens de la mesure, voire du pacifisme. Mais de là à tendre l’autre joue à l’ambassadeur américain, il y a un pas qu’il ne faut pas franchir.
Prenons l’exemple algérien. C’est la réciprocité qui prévaut dans tous ses rapports diplomatiques. Pas plus tard qu’il y a deux semaines, le chargé d’affaires à l’ambassade américaine (l’ambassadeur était absent), fût convoqué au ministère algérien des affaires étrangères, à cause de l’émission d’une note d’alerte annonçant d’éventuels attentats au centre-ville d’Alger.
À la suite de cet incident diplomatique, de hauts responsables US se sont empressés de calmer les esprits chauffants de la diplomatie algérienne. Au Maroc, fallait-il réagir « à la mode algérienne », lorsque l’ambassade américaine a décidé de fermer, même provisoirement, son consulat général, alors que les violences terroristes (excusez une telle comparaison) sont largement plus graves à Alger qu’à Casablanca ?
C’est une question à laquelle le département de Mohamed Benaïssa doit répondre. Celui-ci doit évidemment prendre en considération « les intérêts suprêmes de la Nation ». Mais sans fierté nationale, que peuvent valoir tous ces intérêts géostratégiques ?
En tout cas, face au silence officiel marocain, qui rime plus avec faiblesse et mollesse, Thomas Riley n’a pas hésité à pousser le bouchon un peu loin. La goutte qui a fait déborder le vase de la patience légendaire des Marocains n’est autre que les dernières déclarations de l’ambassadeur au sujet de l’affaire du Sahara. Celui-ci aurait lancé au visage de certains journalistes marocains que « le Polisario est l’unique représentant légitime du peuple sahraoui » et d’ajouter que « le Corcas ne peut nullement participer aux négociations avec le Polisario, car ce dernier a un problème avec le Maroc ». Deux déclarations explosives, dignes d’un ambassadeur d’un Etat, qui soutient aveuglément les thèses algéro-polisarienne. Mais non, c’est bel et bien un diplomate US qui parle, colle des étiquettes et décide de la composition du tour de table lors des prochaines négociations, sur le futur du Sahara. C’est du moins, ce qu’ont rapporté les journalistes présents au briefing et qui jouissent d’une bonne faculté auditive.
Ingérence
Rapidement, Thomas Riley s’est empressé de contenir ce feu, sans pour autant l’éteindre. Lors d’un événement organisé par des étudiants de l’Université Al Akhawayn d’Ifrane, Thomas Riley a regretté que ses
« propos aient été mal interprétés par les médias marocains », ajoutant que « les Etats-Unis continuent à soutenir l’initiative marocaine » pour une autonomie au Sahara. Ceci dit, nous n’avons pas avancé. On patauge même. Thomas Riley n’a nullement démenti les propos qu’on lui attribue, au sujet du Polisario comme unique représentant des Sahraouis et du Corcas comme instance non grata dans les négociations. En clair, l’honorable Thomas Riley fait double jeu.
Pour ce qui est de la fermeture du consulat général, il s’est également empressé de minimiser la portée de sa décision, en assurant que bientôt, il sera rouvert sans avancer de date. Dans le communiqué de l’ambassade (celui du 3 mai), les Marocains en quête de « l’amreican way of life » sont rassurés : « Les demandeurs des visas d’immigration et visas de Diversity Program (loterie) seront contactés au sujet du futur traitement de leurs cas, une fois que le consulat aura repris son fonctionnement normal ». Pour les autres, ils n’ont qu’à contacter les ambassades américaines à Madrid, Paris, Bruxelles, Rome, Londres, Berlin ou Tunis. Contrairement aux « cris de joie » de la presse algérienne, l’ambassade américaine, dans la capitale du pays du million et demi de martyrs, ne figure pas sur la liste. D’ailleurs, même si cela était le cas, où est l’intérêt et la fierté à servir de « guichet à visas » pour les Marocains désireux de se rendre aux Etats-Unis ?
Gazette du Maroc - Abdelmohsin El Hassouni
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