
L’utilisation à des fin illégales des empreintes et des échantillons d’ADN des Marocains, prélevés dans le cadre des enquêtes criminelles, préoccupe des parlementaires qui ont interpelé le gouvernement à ce sujet.
La thèse du « jeu de l’avion » a explosé en plein vol. Les jurés ont vu dans la mort de la petite Sara un accès de violence de son beau-père sans toutefois pouvoir y trouver une raison
Trop de charges. Trop de certitudes scientifiques. Trop de déclarations aussi revues au fil du temps : Abderrahmane Moumoune a été reconnu coupable de coups mortels sur la fille de sa compagne avec deux circonstances aggravantes, la minorité de Sara âgée de 3 ans et son statut de personne ayant autorité sur la victime.
Ce Marocain de 37 ans, arrivé en France en 2001 et ayant épousé une amie de sa soeur quelques mois plus tard n’aura travaillé que quelques mois comme éboueur à Vénissieux avant de cesser son emploi pour des raisons médicales. Quelques mois où cependant il aura laissé le souvenir d’un garçon calme et serviable.
A la suite du professeur Malicier, le docteur Miras est venu de Bordeaux confirmer ce que l’accusé n’a cessé de contester. Sara ce 26 juillet 2004 est selon les experts morte de « coups violents et en aucune manière des suites de deux chutes successives ». Rarement les légistes dans ce genre d’affaires se sont montrés aussi affirmatifs et catégoriques.
Comment et pourquoi ?
D’où de terribles interrogations sur le banc des parties civiles. « Comment et pourquoi » ? Me Philip de Laborie a ajouté un corollaire à cette quête : « pourquoi aussi cette absence d’émotion à l’évocation du drame ? ». Pour Mme Escolano, avocat général, la réponse se trouverait dans la « psychorigidité » décrite par les psychiatres. « Face à des déclarations invraisemblables, incompatibles et grotesques c’est le corps de Sara qui est son testament ». Le testament d’une « enfant martyrisée » par un « être distant et froid qui va jusqu’au bout de la dénégation ».
D’où des réquisitions lourdes : 20 ans avec une peine de sûreté des deux tiers. Aucun antécédent, aucun mobile, un voyage prévu le lendemain en famille au Maroc, une femme qui continue à le soutenir : Me Sayn a eu la tâche délicate de confronter la psychologie à la science. Accroché à la thèse de l’accident consécutif au jeu de « l’avion » évoqué par Moumoune, il a plaidé pour un « homme bien » qui n’a pas fauté. Les jurés en auront décidé autrement.
Le Progrès de Lyon - Michel Girod
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