L’ambiance était tendue ce jour-là. Nassera Jamili, jointe par téléphone, est très irritée. Avec sa belle-sœur, elle vient enfin de monter dans l’avion, après trois jours d’attente à Tanger. "Ici, les gens sont très prévenants", raconte-t-elle. Mais elle n’est pas au bout de ses peines, car le vol EasyJet est à destination de Nantes et le pilote refuse de décoller, car il est vide. Après une longue attente, 34 passagers ont pu finalement les rejoindre, mais 7 restent en attente et 3 ont décidé de rester au Maroc.
Nassera est arrivée au Maroc le 9 mars, convaincue de passer un bon séjour. Mais face à la pandémie du coronavirus, elle confie qu’elle et sa famille "se sont sentis abandonnés à l’ambassade de France à Rabat. Pour rentrer, on nous disait de faire 900 km en voiture jusqu’à Marrakech, sans même être sûrs d’avoir un vol". Elle se demande pourquoi personne ne les a prévenus que ça devenait compliqué .
Même galère pour Grégory Ollier, gestionnaire de patrimoine. Il raconte que dans son groupe, ils n’ont pris conscience de l’ampleur de l’épidémie qu’une fois sur place quand les vols ont commencé à être annulés. Il ajoute que dans la Médina de Marrakech, ils ont croisé des personnes de différents pays et des gamins qui sur leur passage criaient "Corona ! Corona ! Corona !". Ils rentreront chez eux après quelques jours d’attente. À bord de l’appareil qui les transportait à Lyon, il y avait 200 passagers, parmi lesquels des gens toussaient, des enfants pleuraient.
Arrivés à l’aéroport Saint Exupery, Grégory Ollier, qui s’attendait à un contrôle systématique avec prise de température, comme c’était le cas à Marrakech, a été surpris qu’on ne lui ait rien demandé. La raison ne va pas tarder à lui sauter aux yeux. La France est passée au stade 3, et l’urgence n’est désormais plus à dépister les gens, mais à les confiner. A charge pour eux de surveiller leur température et les éventuels symptômes. Un retour difficile … dans la France "d’après", a-t-il confié