Recrudescence de l’antisémitisme au Maroc

19 mai 2002 - 00h55 - Maroc - Ecrit par :

Bien que les autorités chérifiennes s’en défendent, les juifs du royaume sont victimes d’une recrudescence d’actes hostiles. L’hebdomadaire "Le Journal" dénonce ce "racisme dans le silence".

En consacrant sa manchette, son éditorial et un dossier à "l’antisémitisme" au Maroc, dénoncé comme un "racisme dans le silence", Le Journal n’a pas choisi la facilité.
En ces temps de compassion fervente envers les "frères palestiniens" victimes de la violence de l’armée israélienne, l’hebdomadaire veut, comme l’explique Aboubakr Jamaï, directeur de la publication, livrer ce "combat essentiel". "Manifester chaque jour que le Bon Dieu fait pour dénoncer l’expansionnisme sioniste ? Evidemment. Aller prêter main-forte aux Palestiniens dans leur lutte contre l’occupation ? Oui. Harceler des personnes du fait de leur religion ou leur race ? Définitivement non."
Or, réduite à moins de 5 000 membres, la communauté juive marocaine est "victime d’une recrudescence de l’antisémitisme depuis la deuxième Intifada"en Palestine. Ses fêtes, communions et mariages sont annulés, ses rassemblements "implicitement interdits". Jets de pierres, crachats et agressions verbales font partie de son quotidien. "Malgré les dénégations des responsables de la communauté et le mutisme passif de l’Etat"qui visent à préserver "le fragile mythe du Maroc terre d’ouverture et de tolérance", Le Journal juge "inquiétante" la multiplication de ces brimades. Il cite une juive casablancaise de 39 ans, Sonia, mère de deux enfants : "On a certes connu, par le passé, des moments de nervosité, mais rien de similaire aux tensions qui ont suivi la seconde Intifada et, plus récemment, la nouvelle flambée de violence au Moyen-Orient. Tout se passe comme si la jeunesse était plus sensible aux événements en Palestine et manifestait son mécontentement de façon plus audible."

"L’ENNEMI À ABATTRE"

Commerçant à Casablanca, où vivent environ 1 600 juifs marocains, M. Sebbagh a été agressé à coups de hache. Echarpé, il a perdu un œil. Si ce cas reste heureusement isolé, il alimente néanmoins la "paranoïa"de ses coreligionnaires. Celle-ci se nourrit également de l’antisémitisme revendiqué d’une partie "marginale" de la mouvance islamiste marocaine. Tout en lui trouvant des "relents nauséabonds", Le Journal publie l’interview d’un de ces prédicateurs de la haine, Abdelbari Zamzami. Né en 1943 à Tanger, imam d’une mosquée de Casablanca depuis 1976, celui-ci s’enorgueillit d’avoir "toujours prêché pour l’assassinat des juifs établis en Palestine". Et ceux installés depuis la nuit des temps dans le royaume chérifien ? "Les juifs marocains, malgré leur sympathie pour Israël, vivent parmi nous et, donc, nous devons les traiter correctement."C’est d’autant moins rassurant que le cheikh Zamzami déclare plus loin : "Entre nous et les juifs, les choses sont beaucoup plus compliquées et je ne pense pas qu’un jour nous pourrions vivre en paix avec eux. Ils restent l’ennemi à abattre."

L’hebdomadaire somme le Parti de la justice et du développement, la formation islamiste tolérée voire représentée au Parlement, dont Abdelbari Zamzami est un proche, de "prendre des positions très claires"par rapport à l’imam, "chroniqueur patenté" du journal du PJD. Mais il n’omet pas non plus de préciser que la principale composante de l’islamisme marocain, Al Adl Wal Ihsanne (Justice et Bienfaisance) a toujours fait la distinction "entre sionisme et judaïté". La contribution d’un universitaire, Mohamed Hatimi, clôt d’ailleurs le dossier pour éviter toute "confusion" entre combat politique et stigmatisation identitaire. On y lit notamment que, "contrairement à une idée reçue, les autorités du Protectorat, fidèles à une ligne politique fixée par le premier résident général, Lyautey, multiplièrent les obstacles administratifs et policiers pour empêcher l’apparition d’organisations sionistes structurées".

Source : lemonde.fr

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Religion - Racisme - Judaïsme marocain

Ces articles devraient vous intéresser :

La Nuit du destin ou laylat al qadr : la nuit sacrée qui dépasse mille mois

La nuit du destin est citée par le Coran comme étant meilleure que mille mois (83 ans et 4 mois). D’après le prophète Mohammed, cette nuit est l’une des nuits impaires des dix derniers jours du mois de Ramadan, soit celles du 21, 23, 25, 27 ou celle du...

Le hijab sur les podiums, témoignage de Mariah Idrissi

La Londonienne d’origine pakistanaise et marocaine Mariah Idrissi, premier mannequin en hijab à prendre part à une campagne publicitaire, se dit persuadée que malgré certaines pressions, la mode pudique va continuer à se développer.

Les Marocains fêteront-ils l’Aid Al-Adha cette année ?

Abderrahmane Mejdoubi, président de l’Association nationale des éleveurs d’ovins et de caprins (ANOC), dément les rumeurs selon lesquelles le cheptel national en ovins et caprins serait « très en deçà » de la demande pour l’Aïd Al-Adha 2025.

Islam en France : le coup de gueule de Malik Bentalha

L’humoriste Malik Bentalha a exprimé son inquiétude grandissante quant à la situation des musulmans en France.

Le Maroc envoie ses imams en France

La Fondation Hassan II pour les Marocains résidant à l’étranger mobilise 272 prédicateurs dans 13 pays étrangers, dans le cadre du Ramadan 2025. Objectif, aider ces Marocains de la diaspora à préparer et vivre le mois sacré dans de bonnes conditions.

Maroc : la mode du mariage virtuel

Le mariage en ligne ou « mariage virtuel » est devenu une pratique en vogue au Maroc. Le phénomène suscite l’inquiétude des spécialistes en psychologie sociale qui s’interrogent sur la nature de ces relations humaines sans communication directe, et...

Officiel : l’Aïd Al-Adha aura lieu le lundi 17 juin au Maroc

Le 1ᵉʳ Dou Al Hijja de l’an 1445 de l’hégire correspondra au samedi 8 juin 2024 et l’Aïd Al-Adha sera célébré au Maroc le lundi 17 juin, a annoncé vendredi soir le ministère des Habous et des Affaires islamiques.

Maroc : les sites pour adultes cartonnent pendant le ramadan

Les Marocains sont friands des sites pour adultes pendant ce mois de ramadan. À quel moment visitent-ils ces sites ?

Cheikh Mohammed Al Fizazi critique vivement la série de Mohamed Bassou

Le président de l’Association marocaine de la Paix et de la Transmission, Cheikh Mohammed Al Fizazi, a critiqué le comédien Mohammed Bassou pour sa série « Si Al Kala » diffusée sur sa page YouTube pendant ce mois de Ramadan, estimant qu’il ne fait que...

L’appel des chrétiens marocains

La communauté chrétienne au Maroc a réitéré, à l’occasion de la célébration de la fête de Noël, sa demande d’abrogation de l’article 220 du Code pénal et de la dépénalisation du prosélytisme.