Au Maroc, l’Aid Al Mawlid Annabaoui, la fête qui célèbre la naissance du prophète Mohammad, sera célébrée en septembre.
Bien que les autorités chérifiennes s’en défendent, les juifs du royaume sont victimes d’une recrudescence d’actes hostiles. L’hebdomadaire "Le Journal" dénonce ce "racisme dans le silence".
En consacrant sa manchette, son éditorial et un dossier à "l’antisémitisme" au Maroc, dénoncé comme un "racisme dans le silence", Le Journal n’a pas choisi la facilité.
En ces temps de compassion fervente envers les "frères palestiniens" victimes de la violence de l’armée israélienne, l’hebdomadaire veut, comme l’explique Aboubakr Jamaï, directeur de la publication, livrer ce "combat essentiel". "Manifester chaque jour que le Bon Dieu fait pour dénoncer l’expansionnisme sioniste ? Evidemment. Aller prêter main-forte aux Palestiniens dans leur lutte contre l’occupation ? Oui. Harceler des personnes du fait de leur religion ou leur race ? Définitivement non."
Or, réduite à moins de 5 000 membres, la communauté juive marocaine est "victime d’une recrudescence de l’antisémitisme depuis la deuxième Intifada"en Palestine. Ses fêtes, communions et mariages sont annulés, ses rassemblements "implicitement interdits". Jets de pierres, crachats et agressions verbales font partie de son quotidien. "Malgré les dénégations des responsables de la communauté et le mutisme passif de l’Etat"qui visent à préserver "le fragile mythe du Maroc terre d’ouverture et de tolérance", Le Journal juge "inquiétante" la multiplication de ces brimades. Il cite une juive casablancaise de 39 ans, Sonia, mère de deux enfants : "On a certes connu, par le passé, des moments de nervosité, mais rien de similaire aux tensions qui ont suivi la seconde Intifada et, plus récemment, la nouvelle flambée de violence au Moyen-Orient. Tout se passe comme si la jeunesse était plus sensible aux événements en Palestine et manifestait son mécontentement de façon plus audible."
"L’ENNEMI À ABATTRE"
Commerçant à Casablanca, où vivent environ 1 600 juifs marocains, M. Sebbagh a été agressé à coups de hache. Echarpé, il a perdu un œil. Si ce cas reste heureusement isolé, il alimente néanmoins la "paranoïa"de ses coreligionnaires. Celle-ci se nourrit également de l’antisémitisme revendiqué d’une partie "marginale" de la mouvance islamiste marocaine. Tout en lui trouvant des "relents nauséabonds", Le Journal publie l’interview d’un de ces prédicateurs de la haine, Abdelbari Zamzami. Né en 1943 à Tanger, imam d’une mosquée de Casablanca depuis 1976, celui-ci s’enorgueillit d’avoir "toujours prêché pour l’assassinat des juifs établis en Palestine". Et ceux installés depuis la nuit des temps dans le royaume chérifien ? "Les juifs marocains, malgré leur sympathie pour Israël, vivent parmi nous et, donc, nous devons les traiter correctement."C’est d’autant moins rassurant que le cheikh Zamzami déclare plus loin : "Entre nous et les juifs, les choses sont beaucoup plus compliquées et je ne pense pas qu’un jour nous pourrions vivre en paix avec eux. Ils restent l’ennemi à abattre."
L’hebdomadaire somme le Parti de la justice et du développement, la formation islamiste tolérée voire représentée au Parlement, dont Abdelbari Zamzami est un proche, de "prendre des positions très claires"par rapport à l’imam, "chroniqueur patenté" du journal du PJD. Mais il n’omet pas non plus de préciser que la principale composante de l’islamisme marocain, Al Adl Wal Ihsanne (Justice et Bienfaisance) a toujours fait la distinction "entre sionisme et judaïté". La contribution d’un universitaire, Mohamed Hatimi, clôt d’ailleurs le dossier pour éviter toute "confusion" entre combat politique et stigmatisation identitaire. On y lit notamment que, "contrairement à une idée reçue, les autorités du Protectorat, fidèles à une ligne politique fixée par le premier résident général, Lyautey, multiplièrent les obstacles administratifs et policiers pour empêcher l’apparition d’organisations sionistes structurées".
Source : lemonde.fr
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