Harira, sucreries et prières jusqu’au bout de la nuit

9 septembre 2008 - 12h10 - France - Ecrit par : Bladi.net

Tout est prêt depuis des heures. La nappe aux arabesques blanches et bleues accueille les bols, la soupière, les dattes, les figues, les zlabbias, la galette de semoule harcha, les pains fourrés, les cigarettes au miel. Tout fait envie...

Sucrés ou salés, les mets attendent sagement que chaque membre de la famille Loukili prenne place sur les chaises ou les banquettes garnies de confortables coussins jaunes et marron. Il est 20 h 40. Dans quelques minutes, le jeûne sera rompu. Le maître de maison, Mohammed Loukili, chef d’entreprise et président de l’association Essalam, s’éclipse dans la pièce voisine : « C’est l’heure de la prière. » Son épouse Fatima, qui est aussi sa cousine, ses filles Laïla et Soumia, son gendre Samir (qui est aussi son neveu) quittent à leur tour le salon.

Les uns après les autres, tous reviennent autour de la table sans marquer la moindre précipitation pour la nourriture. Ce mercredi, ils jeûnent pourtant depuis 5 h 47 ! Tous ? Non, Laïla, la collégienne, avoue en souriant, un regard en coin vers ses parents : « Aujourd’hui, je n’ai pas fait ramadan. Je l’ai fait le premier jour. Je le referai... » Mais la période du ramadan, elle adore : « Il y a beaucoup de visites, la famille, les amis. C’est très convivial. » Le père renchérit : « C’est la maison de Dieu. Mangez. » Et chacun se sert, se ressert.

Tout est cuisiné maison

Comment résister à l’harira fumante, succulente et nourrissante avec ses pois chiches, ses fins morceaux d’agneau halal, ses subtiles épices délicatement cuisinées par Fatima ? Samir, natif d’Oujda, ajoute un filet de citron. Son beau-père acquiesce : « Il a raison, c’est meilleur. Et l’harira se mange avec des dattes, des figues. » Son regard embrasse toutes les nourritures, il confesse : « Moi, je prends du poids pendant le ramadan. À cause des sucreries. »

Soumia ne perd pas la ligne : « J’ai l’estomac qui se referme, je ne mange pas davantage. » Ici, tout est cuisiné maison. Espiègle, Fatima amuse toute la tablée en faisant semblant de faire glisser un rouleau à pâtisserie entre ses doigts : « Je travaille avec le robot à la main. »

Mohammed Loukili se plaît à rappeler que tout est halal chez lui : « A Laval, on a un sacrificateur qui a l’autorisation de tuer les bêtes. On se regroupe à plusieurs familles musulmanes, chacune achète vingt ou vingt-cinq kilos de boeuf ou d’agneau. On est sûr que les rites sont respectés. »

Le chef de famille évoque avec enthousiasme le futur minaret de la mosquée Essalam : « Il sera construit devant la mosquée dont il sera décalé de deux mètres. Il reposera sur quatre piliers et culminera à douze mètres. Ce sera la Tour Eiffel en bas et le Maroc en haut ! »

La ligne de chemin de fer borde la mosquée et la famille Loukili imagine la surprise de voyageurs du train de Paris en découvrant ce minaret dont le financement reste à trouver. Mohammed Loukili est confiant : « Les gens sont généreux... » Il sait de quoi il parle puisqu’il a réussi avec Khmais Medini, entrepreneur en maçonnerie, et tous les bénévoles, à construire la mosquée Essalam, « un vrai bijou ». La fierté brille dans ses yeux.

Source : Ouest France - Noëlle Cousinié

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Ramadan 2025 - Alimentation

Ces articles devraient vous intéresser :

Le Maroc passe à l’heure du Ramadan

Le dimanche 23 février à 3 heures du matin, le Maroc repassera à l’heure légale (GMT) en retardant l’heure de 60 minutes, a annoncé le ministère de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration. Ce changement intervient, comme chaque...

Des olives marocaines dangereuses pour la santé saisies en France

Un grossiste de Seine-Saint-Denis est au cœur d’une affaire d’importation d’olives impropres à la consommation. Fin septembre, les douanes françaises ont saisi près de 30 tonnes d’olives en saumure en provenance du Maroc. Ces dernières contenaient un...

Chaâbane débute ce dimanche, le ramadan dans un mois

Le premier jour du mois de Chaâbane de l’année 1445 de l’hégire correspond au dimanche 11 février 2024, a annoncé samedi le ministère des Habous et des Affaires Islamiques dans un communiqué.

Maroc : les hanouts se rebellent contre Coca-Cola

Au Maroc, un bras de fer oppose une multinationale de boissons gazeuses au Maroc (Coca-Cola) aux propriétaires d’épiceries, en raison de « pratiques commerciales abusives ».

Le Maroc se distingue : ramadan à partir de dimanche

Le ministère des Habous et des Affaires islamiques a annoncé que le mois de ramadan débutera le dimanche 2 mars 2025. L’observation du croissant lunaire, effectuée ce vendredi 28 février, n’a pas été concluante.

Intoxications en hausse au Maroc : quelles solutions ?

La Fédération marocaine des Droits des Consommateurs s’inquiète après la hausse des cas d’intoxication alimentaire enregistrés dans certains restaurants ces dernières semaines. Elle appelle le ministre de la Santé et de la Protection sociale à...

Ramadan et réseaux sociaux : les photos d’iftar divisent

Pendant le mois sacré de Ramadan, de nombreux influenceurs marocains publient quotidiennement sur les réseaux sociaux des photos de tables garnies de mets et de boissons pour la rupture du jeûne (iftar). Un comportement perçu comme de la provocation...

Prix du pain au Maroc : pas d’augmentation ... pour l’instant

Pas de hausse immédiate du prix du pain au Maroc, rassure la Fédération nationale des boulangeries et pâtisseries du Maroc. Face aux rumeurs qui circulaient ces dernières semaines, la Fédération a tenu à clarifier sa position dans un communiqué officiel.

La date du ramadan 2025 au Maroc est connue

La date du début du mois de ramadan 2025 est désormais connue. Elle vient d’être révélée par les calculs astronomiques.

Les cafés et restaurants menacés de poursuites judiciaires

Face au refus de nombreux propriétaires de cafés et restaurants de payer les droits d’auteur pour l’exploitation d’œuvres littéraires et artistiques, l’association professionnelle entend saisir la justice.