Quelque 431 000 migrants, dont 31 000 Marocains, ont été expulsés du territoire de l’Union européenne (UE) en 2022, selon un récent rapport d’Eurostat intitulé « Migration et asile en Europe 2023 ».
L’Espagne est en discussion avec le Maroc afin de rapatrier des centaines de mineurs marocains non accompagnés qui ont traversé clandestinement le détroit de Gibraltar ou l’Atlantique vers l’archipel des Canaries au péril de leur vie.
Les autorités espagnoles viennent de se lancer dans la lourde tâche d’identification des enfants marocains des centres d’accueil. Partis dans l’espoir déçu de travailler sur son territoire, ils occultent souvent toute trace de leur passé pour éviter d’être renvoyés.
La réclamation des mineurs marocains a constitué la première demande de l’ambassadeur marocain en Espagne, après son retour le 2 février dernier, suite à la réconciliation officielle entre les deux pays.
Les mineurs sans-papiers sont protégés par la loi espagnole et ne sont rapatriés que si leur identité est établie, si l’on a pu joindre leurs parents et si ceux-ci réclament leur retour. Dans le cas contraire, au bout de neuf mois d’enquête, ils sont alors autorisés à vivre en Espagne.
Puis à leur majorité, une poignée sont régularisés, les autres sont renvoyés ou fuguent avant d’avoir 18 ans.
« Le mineur marocain n’a pas la capacité légale pour décider d’émigrer et il y a l’obligation de les renvoyer », a récemment déclaré l’ambassadeur marocain Abdesslam Baraka.
Mais tous les enfants, qui ont réussi une périlleuse et infernale traversée vers l’Espagne, dans des pateras, petites et vétustes embarcations en bois, des canots pneumatiques, des cargos ou des châssis de camions, ne souhaitent pas ce retour.
« J’aime pas ici, regarde, c’est comme le Maroc », dit Mohamed, 14 ans, en montrant les palmiers et les paysages arides de l’île de Fuerteventura, aux Canaries, son point d’arrivée en Espagne. « Ils vont me renvoyer dans deux semaines, c’est sûr, et je ne veux pas rentrer, je veux aller à Paris ou en Allemagne », ajoute-t-il.
Sentiment exprimé par la majorité des quarante enfants du centre d’accueil de Tefia (Fuerteventura), Marocains en écrasante majorité, entre 11 et 17 ans.
La plupart des jeunes gens sont des fils de cultivateurs pauvres, dont le voyage a été payé par les cotisations de toute une famille, voire tout un village.
Le gouvernement chiffre à plus de 3 000 les mineurs marocains non accompagnés présents dans les centres d’accueil de son territoire début 2003, qui relèvent de la compétence des régions, soit quatre fois plus qu’en 1998 (800).
Cette population « flottante », selon l’association Atime, association de travailleurs immigrés marocains en Espagne, est instable, et n’effectue parfois que de brefs passages dans les centres d’accueil en régime libre.
Le Figaro
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