La Police Judiciaire se dévoile

29 octobre 2007 - 23h39 - Maroc - Ecrit par : L.A

Terrorisme, trafic des stupéfiants, délinquance transfrontalière… la criminalité pose de nouveaux défis à la police marocaine. N’eût été la coopération avec les services de sécurité des autres pays, toute stratégie serait vouée à l’échec. A l’occasion de la 76e AG d’Interpol qui se tient à Marrakech du 5 au 8 novembre prochain, Abdelmajid Chadili, patron de la Police Judiciaire revient sur ces enjeux.

Interpol tient sa 76e AG à Marrakech. Pourquoi le Maroc ?

J’ai déposé la proposition du Maroc pour héberger la 76e assemblée générale d’Interpol lors de l’AG du secrétariat de l’organisation à Cancun au Mexique. Cette proposition a reçu l’approbation de la quasi-majorité des pays membres d’Interpol. D’ailleurs, la plupart de ces pays se sont inscrits et seront présents à la session de Marrakech qui se tiendra entre le 5 et le 8 novembre prochain. Il convient de signaler à cet effet que l’AG connaîtra la participation de plus de 1.000 personnes. Ce qui prouve que le Maroc est considéré comme un pays entièrement sécurisé.

Quels sont les principaux axes de coopération entre le Royaume et Interpol ?

Il faut d’abord savoir que l’Organisation internationale de police criminelle (OIPC) ressemble à l’ONU. Sauf que la coopération ne concerne pas le domaine politique mais policier. Cette comparaison permet de démontrer que la coopération a lieu entre pays membres et non pas entre un pays donné et le secrétariat de l’organisation. Hormis quelques programmes tels qu’une base de données et des systèmes de communication mis à la disposition des pays membres, le secrétariat de l’OIPC ne fait que coordonner les actions bilatérales ou multilatérales entre les 184 pays constituant Interpol.

L’organisation ne constitue de ce fait qu’un canal de coopération, une sorte de point de rencontre et de coordination entre les différents bureaux centraux nationaux (BCN). Ces derniers ne sont ni plus ni moins que les points de contact de l’organisation dans les différents pays membres.

Quels sont alors les pays avec lesquels le Maroc coopère le plus et dans quels domaines ?

Lorsqu’on parle de coopération entre pays membres, cela se situe d’abord au niveau du volume d’échange des informations. Les pays qui abritent une communauté marocaine plus ou moins importante arrivent en première position. Il s’agit notamment de l’Espagne, la France, les Pays-Bas, l’Italie et la Belgique. Les échanges d’information entre le BCN à Rabat et certains pays du Golfe montent également en puissance, notamment en raison du terrorisme et du tourisme de pédophilie. Pour ce qui est des domaines de coopération, il faut savoir que le plus gros du travail des BCN consiste dans la diffusion des mandats d’arrêt internationaux télégraphiés. La criminalité transfrontalière comprenant le trafic de stupéfiant, le terrorisme et les réseaux d’émigration clandestine, constitue aussi l’un des domaines de prédilection de la coopération.

Des informations concernant l’installation de caméras de surveillance dans les locaux de la PJ circulaient en début d’année. Où en est ce projet ?

Pour le moment, il n’y a pas de caméras de surveillance dans les locaux de la PJ. Je pense que c’est une décision politique qui ne peut être prise que par le gouvernement. Si elle est prise, elle nous ne gênéra pas du tout.

Pouvez-vous nous fournir des statistiques concernant le taux de criminalité ? Est-il en hausse ? Si oui, dans quelles villes ?

A mon avis, le taux de criminalité ne reflète pas exactement l’importance de la délinquance dans un périmètre donné. Vous pouvez avoir une réduction de la grande délinquance et une augmentation des petits délits tels que les bagarres entre voisins, et ce sans changement du taux de criminalité. C’est pour cette raison que nous travaillons en priorité sur les infractions qui perturbent l’ordre public et laissent planer un sentiment d’insécurité sur les citoyens. Pour les villes, Casablanca tient bien évidemment le haut du classement, notamment en raison de sa grande population.

Parcours

Avant d’occuper le poste de chef de la direction de la Police Judiciaire à Rabat en juillet dernier, Abdelmajid Chadili avait déjà occupé différents postes au sein de la DGSN et dans plusieurs villes du Royaume. Titulaire d’une licence en droit à l’Université de Casablanca en 1976, Chadili part à Meknès en 1977 pour assurer sa première affectation en tant que chef d’arrondissement. Après la ville ismaélienne, il effectue un petit tour par Casablanca, Rabat, Nador, Ouarzazate (ou il prend la tête du service régional de la PJ) et Salé. En 2005, il est rappelé à Rabat en tant que chargé de mission auprès du cabinet du directeur général.

L’Economiste - Naoufal Belghazi

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