Le démantèlement de deux réseaux de passeurs et trafiquants de drogue les plus connus à Tétouan dans ce qu’il a été appelé “Affaire Erremach” ne semble pas avoir tellement affecté l’activité du narco-trafic. L’arrestation des véreux parmi les autorités et la fuite conséquente à cette affaire de plusieurs barons de la drogue de la région, auraient, certes, en principe réduit remarquablement cette activité.
C’est du moins ce que d’aucuns pensaient au moment où l’affaire de Tétouan atteignait son point d’orgue. La réalité est autre, et la police espagnole vient d’en donner une preuve tangible.
En moins d’une semaine, elle a saisi au moins sept tonnes de chira en trois opérations qui ont lieu à Cadix et Almeria, rapporte l’agence Europa Press. Les quantités saisies ne représentent effectivement qu’une partie infime du volume du trafic de drogue entre les deux rives du Détroit. Il n’en reste pas moins que ces trois sorties fructueuses de la police ibérique attestent du bon fonctionnement des deux principales filières du trafic, l’une adoptant la voie terrestre et l’autre, maritime.
Les éléments de la Guardia Civil ont en effet déjoué dimanche dans le port de Cadix une tentative d’introduction en Espagne d’un chargement de plus de 3,7 tonnes de chira cachées dans un double-fond pratiqué dans la remorque et le tracteur d’un camion de Transport international routier.
Le camion immatriculé en Allemagne et dont le conducteur est d’origine belge, venait de débarquer d’un bateau en partance du port de Casablanca.
La drogue a été découverte, affirme le rapport de la Guardia Civil, grâce à un détecteur de substances narcotiques. Et le conducteur, déclaré auteur du délit du trafic de drogue, a été arrêté.
L’opération, si elle dénote du degré d’évolution des moyens du travail des unités de lutte anti-drogue de la police espagnole, ne démontre pas moins l’efficacité des réseaux de trafic de chira .
Des réseaux capables de faire acheminer des quantités importantes de marchandise depuis les zones de production et de traitement au Nord du pays jusqu’aux villes du centre où seront effectuées les opérations de conditionnement et d’exportation, et ce dans une période où tout le monde est convaincu que l’étau se resserre de plus en plus sur tous ceux qui gravitent autour de cette activité.
Le contrôle annoncé et dit de plus en plus serré des côtes du Nord, aussi bien par SIVE, Système intégré de surveillance électronique du Détroit, espagnol que de la part des autorités marocaines, surtout après la chute du réseau Erramach et celui de son rival, a lui aussi été déjoué. L’on ne sait pas combien de fois mais la découverte, jeudi dernier, sur une des plages avoisinantes d’Almeria, d’une embarcation pneumatique transportant quelque 1.800kg de chira prouve la défaillance d’un tel contrôle.
Défaillance déjà mise en évidence, un jour auparavant, par une autre opération de déchargement de plus d’une tonne et demie de drogue avortée par les éléments de la police nationale et de l’unité de lutte contre le trafic de stupéfiants dans l’une des plages de Cadix.
L’embarcation qui transportait la drogue a été repérée par un hélicoptère de la Guardia Civil, qui en a signalé la présence à la police. Celle-ci a aussitôt organisé l’opération d’intervention. Laquelle a abouti à la saisie des 49 ballots pesant au total 1,5 tonne et l’arrestation de six personnes, un Marocain, un Français et quatre Espagnols.
Tahar Abou El Farah
Libération, Maroc