
Le Front Polisario a salué la décision de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) annulant les accords de pêche entre l’UE et le Maroc, la considérant comme un « triomphe de la résistance ».
Jeudi, sa belle voiture sur le toit faisait la une de tous les journaux. Les pêcheurs en colère ont été filmés pendant qu’ils la retournaient et la scène a fait le tour du monde. À qui appartenait la VW Bora ? À un habitant de Ganshoren, ouvrier à 1.320 euros par mois, marié, deux enfants, qui s’était levé à 5 h du matin pour gagner sa croûte : Majid Zerouali a appris hier que les assurances n’interviendraient probablement pas. Le choc pour M. Zerouali qui, en découvrant sa voiture dans cet état, a subi un traumatisme.
Depuis mercredi, le propriétaire de la Bora n’a plus travaillé. Hier, son médecin prolongeait de huit jours l’incapacité de travail.
Mercredi à 6h du matin, en se parquant près du rond-point Schuman, Majid ignorait tout d’une manifestation de marins pêcheurs. S’il avait vu les barrières Nadar, il avait pensé à un sommet européen. À plusieurs reprises, il s’est enquis de savoir s’il y avait un danger. Il s’est persuadé du contraire : à 13h30 pourtant, elle était sur le toit, quatre roues en l’air. "C’est la seule que les pêcheurs ont retournée. Et il fallait que ce soit la mienne."
Le choc ! "Je n’en croyais pas mes yeux. En plus, ils avaient lancé une fusée de détresse, que les policiers ont éteinte avec leur camion arroseuse."
M. Zerouali l’avait achetée l’an passé. Son outil de travail. "Si je n’ai pas ma voiture, je ne sais rien faire. Je participe à la mise en place d’événements. Je prépare les salles de réunion. Je vais constamment d’un endroit à l’autre. Là, j’étais au Charlemagne. Cette voiture, j’en avais constamment besoin. Et ma femme l’utilisait pour déposer les enfants. Tous les deux, sans voiture, on est perdus. Pour nous, c’est catastrophique."
Le couple avait dû se priver pour acheter le véhicule d’occasion en très bon état. "On l’avait depuis mars 2007. Deux mois plus tard, on avait cassé les carreaux pour voler les airbags. C’est ce qui explique que j’avais souscrit une petite omnium dont j’apprends maintenant qu’elle n’interviendrait pas. Mon espoir ? La scène a été filmée et 74 manifestants ont été interpellés. Je croise les doigts pour que ceux qui ont retourné ma voiture fassent partie du lot."
M. Zerouali : "Mon épouse ne travaille pas. Et nos enfants ont 11 et 13 ans. Je gagne 1.320 € par mois. Avec 1.320 euros, vous savez, on n’a pas les moyens de s’en acheter une nouvelle."
Une dépanneuse n’a pas suffi à remettre la voiture sur ses roues : il en a fallu deux. La Bora est entreposée chaussée de Louvain. "L’expert devait passer jeudi. Je suis sans nouvelles. Mais c’est clair qu’elle ne roulera plus."
Au Maroc, les parents ont vu, sur la chaîne télé 2 M, ce qui s’était passé à Bruxelles. "Je leur ai téléphoné. Ils étaient inquiets quand je leur ai appris que c’était notre voiture. J’ai dû leur promettre que je ne me trouvais pas à l’intérieur quand ça s’est passé."
Majid Zerouali ne comprend pas, n’accepte pas : "Je suis choqué. J’aimais ma voiture, je l’entretenais. Je ne comprends pas cette violence. Manifester, oui. Casser, non."
L’homme à la voiture sur le toit ajoute : "Ma voiture était dehors. Les véhicules de fonction (que visaient sans doute les pêcheurs) et les voitures des fonctionnaires CE étaient bien à l’abri, dans les parkings."
Source : La Dernière Heure - Gilbert Dupont
Ces articles devraient vous intéresser :