Suite à la décision de la justice espagnole de retirer la garde des enfants à une famille marocaine établie dans le nord du pays, le ministère des Affaires étrangères a tenu à commenter cette décision et fournir quelques détails.
En plein cœur de Casablanca, près de 200 orphelines vivent dans des conditions précaires. Privées d’hygiène et de soins, elles en appellent aux dirigeants de la ville pour un sort meilleur.
Dans cet ancien couvent de sœurs, situé Boulevard Moulay Idriss Ier à Casablanca, vivent près de 200 filles âgées de 6 à 39 ans. En principe, le règlement de l’endroit fixe la limite d’âge des pensionnaires à 18 ans car, au-delà de cet âge, elles sont censées avoir trouvé un emploi ou encore un mari.
Mais la réalité est autre. Ici, il s’agit surtout pour ces filles de lutter contre le quotidien avant de songer à un avenir meilleur. Un quotidien marqué par la saleté et les privations. Un petit tour au sein de l’établissement en témoigne.
Dans une immense cour centrale, des jeunes femmes traînent sans but. La plupart d’entres elles sont appuyées à des murs, le regard fixe et l’air désabusé. A notre passage, elles hurlent à l’unisson qu’elles cherchent un travail mais personne ne semble s’en préoccuper. Et pour cause ! L’état de leur gîte le confirme. Des odeurs suffocantes s’échappent des toilettes et des douches. L’eau courante a été coupée depuis des mois pour non règlement de la facture.
Motif : en face de l’établissement, sans mur de séparation, une mosquée est en cours de construction ainsi que de nouveaux locaux pour les orphelines et une bibliothèque. A cause de l’utilisation abusive de l’eau par les ouvriers, un montant de plus de 60 000 Dirhams a été envoyé à l’orphelinat.
Aujourd’hui, l’Association Société Musulmane de bienfaisance,prenant en charge la gérance de l’établissement ainsi que la construction de la mosquée et des nouvelles bâtisses, n’a pas les moyens de rétablir la situation.
Pourtant, un budget de 6 millions de dirhams a été réservé pour le lieu de culte. Sa construction avance à pas géant contrairement à la nouvelle aile des pensionnaires. En attendant, ces dernières subissent les conséquences de ces négligences.
L’une d’entres elles a été violée par les ouvriers, sans compter les nombreuses maladies de peau contractées par la majorité des orphelines à cause du manque d’eau. Pour laver leurs linges et faire leur toilette, les 200 pensionnaires n’ont droit qu’à un robinet avec de l’eau du puits placé en plein air, à quelques mètres des ouvriers.
Quant à l’eau potable, celle-ci provient également du puits malgré son taux élevé de calcaire. Les pensionnaires sont bien loin de l’époque où cet orphelinat était cité comme exemple. Un passé récent où elles avaient encore droit à un bain maure, à des repas équilibrés, et surtout au droit à la santé et à l’éducation.
Des dizaines de bénévoles leur garantissaient une dignité désormais passée aux oubliettes. Aujourd’hui les toits des dortoirs ne les protégent ni de la pluie ni des autres intempéries et les fillettes ne disposent plus de leur école dépendante de l’établissement.
Elles sont obligées de se rendre à pied dans une autre école du quartier malgré le peu d’éducatrices les accompagnant et surtout malgré leurs guenilles les protégeant à peine du froid. Leurs bienfaitrices d’hier ont été découragées par la mauvaise gestion de l’endroit. A l’ère où le pays prône de plus en plus les valeurs de droits de l’homme, aurait-il oublié le sort des orphelines du boulevard Moulay Idriss Ier ?
Abla Ababou pour menara.ma
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