Comme pour toute procédure administrative, on commence par rassembler les pièces constitutives du dossier. Premier écueil : l’extrait d’acte de naissance, original (papier vert), en deux exemplaires. Pas la peine de ramener une fiche individuelle d’état civil, elle sera automatiquement refusée (même s’il est mentionné dessus qu’elle tient lieu d’extrait d’acte de naissance).
Si le lieu de résidence et le lieu de naissance ne font qu’un, la procédure en sera relativement simplifiée. Mais une énorme dose de patience sera nécessaire, lors du passage à l’arrondissement du quartier. « J’ai commencé les démarches lundi dernier à Rabat », révèle un témoin anonyme. « Dès ce jour-là, il y avait de l’absentéisme à l’arrondissement de Rabat-Agdal. Une seule personne s’occupait de recevoir les demandes pour les extraits de naissance, et les locaux étaient bondés. » La même chose s’est répétée mardi, où une altercation aurait éclaté sur place. Notre témoin a néanmoins réussi à avoir son extrait de naissance mercredi matin.
Deuxième document indispensable, surtout pour un changement d’adresse : le certificat de résidence, laquelle devra être notamment prouvée à l’aide de justificatifs telles les quittances de loyer et autres factures. Le précieux document est, comme tout le monde le sait, à retirer auprès du moqaddem de votre quartier. A condition de le trouver. « J’ai dû jongler entre les guichets », confie notre témoin r’bati. « Une fois la demande d’extrait de naissance déposée, je filais à la chasse au moqaddem, je revenais bredouille à mon guichet de départ pour demander des nouvelles, et repartais aussitôt. » Finalement, le certificat de résidence a été obtenu jeudi, avec les signatures du moqaddem et du caïd, une journée après l’extrait de naissance.
Les choses semblent s’arranger. Mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Après le certificat de l’arrondissement, il en faudra obligatoirement un autre, délivré par le commissariat de police du quartier. Une mesure justifiée par des précautions sécuritaires, de manière à ce que tous les nouveaux demandeurs de CIN soient fichés chez la Sûreté Nationale. Avec un peu de chance, ce deuxième certificat de résidence peut être délivré le lendemain de la demande. Un petit bémol, cependant. Et si le demandeur avait changé de profession, entre l’ancienne CIN et la demande de renouvellement ? Dans ce cas, il faudra prévoir un certificat de travail. Celui-ci peut être délivré avec célérité par l’employeur, mais n’aura peut-être pas suffisamment force de preuve aux yeux des forces de l’ordre. Il ne restera plus qu’à faire légaliser le document à la commune urbaine dont relève l’employeur, puisque c’est elle qui aura le plus de chance d’avoir une trace de sa signature. Une fois sur place, considérez que vous êtes chanceux si vous arrivez à avoir votre photocopie légalisée le lendemain de votre demande. Une fois le document enfin en main, il n’y aura plus qu’à revenir au commissariat du quartier, pour rajouter les précieuses informations sur le nouveau certificat de résidence… qui sera probablement prêt le lendemain.
Au commissariat central, du moins celui de Casablanca, force est d’avouer que les choses vont relativement plus vite. Quatre agents administratifs se chargent de saisir les informations sur ordinateur. Il ne faudra surtout pas oublier les photos d’identité, qui doivent correspondre à un format précis, jamais encore utilisé pour un autre document. Si c’est le cas, un passage chez le photographe le plus proche s’impose. Les photos sont prêtes en un quart d’heure. Le récépissé enfin obtenu, on passe à la prise d’empreintes digitales. Rendez-vous dans 10 jours pour avoir la nouvelle carte flambant neuve. Durée totale de l’opération : cinq jours, en comptant le jour de grève nationale. La nouvelle CIN, supposée être plus avantageuse que l’ancienne, génère pour l’instant beaucoup plus de tracas.
Carte de presse ou carte de la Map ?
Pour les journalistes devant passer par le même parcours, ne vous étonnez pas si l’on vous demande votre carte de la MAP. En effet, certains représentants des forces de l’ordre ne font apparemment pas la distinction entre la carte de presse, délivrée par le ministère de tutelle, et la carte professionnelle de nos confrères de la MAP. Mieux encore, on a entendu dire qu’il « faut une carte de presse visée par la MAP. C’est comme ça que nous opérons depuis trente ans ». Les âmes sourdes sont bénies.
Source : L’Economiste - J. R.