Le ministère marocain de l’Énergie a assuré que les infrastructures énergétiques n’ont subi aucun dommage lors du séisme d’Al Haouz, à l’exception de la centrale solaire de Ouarzazate où des dégâts « mineurs » ont été constatés et déjà réparés.
Les grandes manoeuvres ont commencé autour du programme nucléaire civil marocain. Rien d’officiel, tout en coulisses. La Russie avance ses pions tandis que le gouvernement de Rabat reste muet car le sujet est ultrasensible.
Une délégation du groupe public russe Atomstroyexport était à Rabat cette semaine. Elle y aurait fait avancer sa candidature dans le projet de construction d’une centrale à l’ouest du pays, à Sidi Boulbra, entre Safi et Essaouira. Atomstroyexport est le bras armé du Kremlin pour mettre en musique les accords politiques de coopération nucléaire. Le groupe russe construit des centrales en Chine, en Inde, en Iran et en Bulgarie, à un coût très compétitif par rapport à ses concurrents occidentaux.
Plusieurs dirigeants d’Atomstroyexport avaient d’ailleurs déjà accompagné Vladimir Poutine lors de sa visite de septembre dernier au Maroc. Pour l’heure, aucun appel d’offres n’a été lancé par le gouvernement. « Les groupes français et américains tels que Areva et General Electric ne sont pas disposés à laisser les Russes leur souffler un joli contrat et les gouvernements de ces pays ne voudront pas laisser le Maroc entrer dans la zone d’influence du nucléaire civil russe », fait valoir un observateur marocain.
La presse espagnole s’est émue ces derniers jours de l’éventualité d’avoir une centrale nucléaire à quelques encablures des îles Canaries. Les commentateurs y doutent de la capacité du pays à assurer le niveau de sécurité nécessaire à de telles installations et rappellent que la menace terroriste est bien réelle dans le pays.
Incertitudes politiques
Autre inquiétude, entendue il y a dix jours à Rabat : les partis islamistes, dont le PJD (Parti de la justice et du développement), pourraient fort bien remporter les élections législatives de septembre. « Si les barbus ont le pouvoir, le nucléaire sera un sujet central, voire une priorité », affirme un chef d’entreprise.
Mais, pour l’heure, la situation est plus simple. Le Maroc a un besoin urgent de répondre à la demande croissante d’énergie de sa population et de ses entreprises (+ 8 à 10 % par an). Le pays dépend à 97 % de fioul, de gaz et de charbon venant de l’étranger et ne dispose pas dans son sous-sol de réserves naturelles. Il ne veut pas non plus se mettre sous la dépendance du voisin algérien.
L’option nucléaire a encore été rappelée par les experts du Haut Commissariat au Plan (un organisme directement rattaché au roi Mohammed VI), qui planchaient il y a dix jours à Rabat sur l’avenir du pays. Mais si la décision est prise, sa concrétisation est longue et le nouveau réacteur ne devrait pas fonctionner avant 2013.
Et, même si l’Agence internationale de l’énergie atomique a agréé le site de Sidi Boulbra, le Maroc ne possède à ce jour qu’un petit réacteur nucléaire civil d’une puissance de deux mégawatts destiné à des fins scientifiques (imagerie médicale, environnement et géologie).
Le Figaro - Jean-François Arnaud
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