Mémoire démocratique : des Marocains obtiennent la nationalité espagnole
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Née en Espagne de parents marocains, Safia El Aaddam n’a pas exercé son droit de vote depuis sa majorité parce qu’elle n’a pas la nationalité espagnole. Le 28 mai prochain, elle pourra enfin voter pour la première fois.
Safia El Aaddam a lancé en 2019 la campagne « Te cedo mi voto » pour dénoncer des cas de citoyens comme elle qui, bien qu’étant née en Espagne, ne peut pas voter parce qu’elle n’a pas la nationalité espagnole. Le 28 mai, elle exercera son droit de vote pour la première fois, mais beaucoup d’autres n’auront pas ce privilège. En Espagne, un bébé n’obtient pas la nationalité parce qu’il est né sur le sol espagnol, mais hérite plutôt de la nationalité de ses parents, à quelques exceptions près. Safia a donc obtenu la nationalité marocaine de ses parents à la naissance et a engagé les démarches pour l’obtention de la nationalité espagnole lorsqu’elle a atteint la majorité. Mais les obstacles administratifs constants ont retardé le processus jusqu’à l’année dernière, fait savoir El Diario.
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La militante a finalement obtenu son passeport espagnol à l’âge de 27 ans, après près de dix ans de bataille administrative. « J’ai passé trop de temps à me battre pour un droit qui m’a été enlevé depuis ma naissance. Je suis née en Espagne, mais j’ai obtenu la nationalité espagnole à l’âge de 27 ans. Cela me semble injuste parce que je sais qu’il y a des milliers et des milliers de personnes qui continueront à ne pas pouvoir voter, il y aura toujours beaucoup d’obstacles dans les bureaux d’immigration. Il y a beaucoup à faire », confie Safia, précisant qu’elle votera le 28 mai « avec la conscience d’élire quelqu’un qui est vraiment engagé dans la lutte contre le racisme et les droits des migrants ».
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La jeune femme dit avoir vécu, « impuissante », les dernières élections. « Les politiciens laissent de côté plus de cinq millions de personnes, y compris des filles d’immigrés nées en Espagne… Nous ne parlons pas de touristes, mais de personnes nées en Espagne ou qui résident ici depuis des années et qui remplissent toutes leurs obligations », explique-t-elle. Et d’ajouter : « En Espagne, si vous n’avez pas la nationalité espagnole, vous ne pouvez pas voter. Vous ne pouvez pas voter si vous héritez du statut juridique de vos parents, c’est-à-dire si vos parents sont en situation irrégulière, vous serez en situation irrégulière même si vous êtes né en Espagne… Et la procédure de demande de nationalité peut banalement vous coûter 400 euros ».
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Safia rappelle que, contrairement à ce qu’affirmaient certains responsables, la carte d’identité (NIE) n’équivaut pas à la nationalité espagnole. « On s’est rendu compte qu’avoir un NIE n’est pas la même chose qu’avoir la nationalité espagnole, car le premier te prive de beaucoup de droits : tu ne peux pas travailler pour l’État, voter, bénéficier de bourses comme Erasmus… », développe-t-elle, soulignant que pour les élections du 28 mai, près de 300 personnes ont renoncé à leur droit de vote. Dans son combat contre le racisme, elle dit avoir rencontré des personnes résidant en Espagne depuis 30 ou 40 ans et qui n’avaient jamais pu voter à cause de « la dictature du racisme ».
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