La douane marocaine a mis en place un régime d’admission temporaire pour les moyens de transport maritimes privés, en particulier les bateaux de plaisance, appartenant à des personnes résidant à l’étranger.
Le Maroc abrite aujourd’hui et demain la Conférence ministérielle sur les problèmes migratoires en Méditerranée occidentale. Quel est l’enjeu de cette rencontre ?
Il s’agit de la deuxième conférence ministérielle du dialogue 5+5. Elle intervient après la Conférence tenue à Tunis en octobre 2002 et elle prépare au sommet des chefs d’Etat qui va avoir lieu en décembre prochain à Tunis.
C’est une réunion qui intervient dans un contexte marqué par les discussions en Europe sur le sujet et l’émergence d’initiatives allant dans le sens du raffermissement du contrôle aux frontières. Quel regard portez-vous sur ces initiatives ?
La question représente à la fois un enjeu national et international pour tous les pays. La Conférence de Rabat intervient pour appuyer des actions déjà entreprises par les autres partenaires.
Elle est importante car elle permet aux pays des deux rives de se concerter dans un cadre informel et qui a pour objectif de rapprocher les points de vue. La réflexion va également dans le sens d’une mise en place de mécanismes permettant la concrétisation de mesures contenues dans la Déclaration de Tunis.
C’est en résumé un cadre de dialogue qui joue le rôle de facilitateur pour les actions prises dans d’autres cadres. Le rapprochement opéré au niveau du dialogue 5+5 jouera un rôle positif dans les négociations entreprises au niveau officiel.
Peut-il y avoir rapprochement lorsque les points de vue sont, à la base, divergents. Pour preuve, la notion sécuritaire marque encore la gestion de l’immigration dans les pays du Nord malgré toutes les contestations au Sud.
Il faudrait tout de même féliciter. Grâce au dialogue et à la concertation on arrive non pas à s’éloigner complètement de l’approche sécuritaire mais de la greffer sur l’approche globale qui est celle du développement. Comme vous l’avez probablement remarqué, le ministre de l’Intérieur espagnol assure dans ces dernières déclarations que l’approche globale de l’immigration devient incontournable aujourd’hui. Tout le monde convient de la nécessité d’aborder les choses sur cet aspect global. Il y a un accord préalable sur le fait que les questions migratoires ne peuvent être réglées dans une simple vision sécuritaire.
Cela revient à réduire le problème à une seule dimension. Or, au cœur de la question se trouve une dimension humaine et de développement économique et social. C’est en tenant compte de toutes ces dimensions que l’on peut apporter des solutions au problème.
Nous avons déjà proposé pour cette conférence que les discussions abordent trois axes prioritaires. Il s’agit de la régulation des flux migratoires, l’émigration illégale, l’intégration des migrants et le codéveloppement.
Certains pays européens sont plus enclins à adopter des positions de fermeture par rapport à d’autres. Comment agir face à cette réalité ?
Nous ne sommes pas dans un cadre bilatéral de discussion mais global. Cette situation offre l’avantage de mieux servir les discussions et le dialogue, pour justement aboutir à un rapprochement des positions. Il ne s’agit pas seulement, dans notre réunion de Rabat, de parvenir à un accord entre les dix pays participants, mais aussi à homogénéiser les points de vue.
Que pensez-vous de la thèse qui voudrait faire dépendre l’aide fournie par les Quinze à certains pays tiers de l’intensité des efforts consentis pour endiguer l’immigration clandestine à destination des pays membres de l’UE ?
Je dis simplement que de notre côté nous continuons à faire le plaidoyer pour que le dialogue continue tout en soulignant que l’on ne s’inscrit pas dans l’approche aide, mais plutôt dans celle du codéveloppement.
La notion du codéveloppement est-elle visiblement perçue de manière différente selon qu’on se trouve au nord ou au sud de la Méditerranée ?
Le codéveloppement se définit à travers la mise en place de programmes de développement dans les régions émettrices de l’émigration. Lorsqu’on parle de codéveloppement, on désigne le partage des responsabilités.
Quand je dis partage des responsabilités, je ne vise pas uniquement la responsabilité des Etats, mais je fais aussi appel à la communauté immigrante elle-même pour participer à ce codéveloppement. C’est une responsabilité partagée. C’est ce que nous défendons et c’est ce que nous continuerons à défendre.
La lutte contre le terrorisme vient aujourd’hui s’imbriquer dans le dossier de l’immigration. Les deux sujets sont-ils forcément liés ?
Les deux questions ne sont pas forcément liées, mais il y a un aspect qui pourrait aujourd’hui être débattu. Les soubassements de la question du terrorisme, les juridictions liées à la question impliquent qu’on en discute aujourd’hui. La question du terrorisme est devenue une question globalisante, et c’est à ce niveau-là qu’il y a un point de rencontre avec la question migratoire, même s’il s’agit de deux questions totalement distinctes.
Propos recueillis par K. Ridouane pour lematin.ma
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