
Quelque 431 000 migrants, dont 31 000 Marocains, ont été expulsés du territoire de l’Union européenne (UE) en 2022, selon un récent rapport d’Eurostat intitulé « Migration et asile en Europe 2023 ».
L’avènement du nouveau Roi, jeune, moderniste et dynamique, n’a pas laissé indifférents les Marocains résidant à l’étranger (MRE). Ces derniers, dont une frange importante est constituée de jeunes, s’identifient beaucoup au nouveau Roi et aspirent participer à la construction d’un Maroc nouveau, moderne et démocratique.
D’ailleurs, ils montrent de plus en plus leur attachement au Royaume, faisant oublier les appréhensions de certains dirigeants politiques qui craignaient que les enfants issus de la seconde et de la troisième génération d’émigrés ne se détournent de leur pays d’origine. Ces appréhensions étaient essentiellement nourries par le risque de voir la manne financière en devises sonnantes et trébuchantes transférée annuellement au Maroc par les MRE, amoindrie d’année en année au moment où les pays européens accroissent les contrôles pour éviter l’entrée de nouveaux immigrés.
Ces calculs politico-financiers se sont révélés faux comme le démontrent les statistiques concernant les retours et les transferts des MRE durant ces cinq dernières années. Les statistiques que fournissent les autorités montrent que de plus en plus les MRE reviennent au bercail pour passer leurs vacances d’été. Alors que les retours enregistrés dépassaient à peine le million en 1998, un engouement manifeste pour passer les vacances au bled est noté avec beaucoup de satisfaction par les autorités depuis l’avènement du nouveau Roi. En 2003, plus de 2 328 mille MRE sont rentrés, contre seulement 1 141 mille en 1998, soit une progression de plus de 104 % en l’espace de 5 ans. L’image du jeune Roi, plus proche de ces citoyens, l’amélioration constante des conditions d’accueil, une attention plus manifeste des autorités envers cette communauté..., sont autant de facteurs qui expliqueraient en partie l’accélération des mouvements de retour. Autre motif de satisfaction, la hausse des retours durant les vacances d’été n’a pas eu d’effets négatifs sur les transferts des MRE qui ont fortement progressé pour atteindre 34,8 milliards de dirhams en 2003, devenant ainsi la première source d’entrées de devises du Royaume, et ce sans tenir compte des transferts qui prennent le chemin de l’informel.
Cependant, si les MRE ont un rôle économique non négligeable, il n’en demeure pas moins que celui-ci reste encore sous exploité du fait que l’accent est plutôt mis sur la pérennisation des transferts de revenus. Or, les MRE et l’État tireront plutôt profit de cette manne si elle est investie dans des projets productifs créateurs de richesse et d’emplois, notamment dans les régions d’origine de ces émigrés. Ce qui n’est malheureusement pas le cas aujourd’hui. Outre l’investissement sur la pierre, la plus prisée par les MRE, les investissements productifs réalisés par les MRE sont à hauteur de 40 % de petits projets dont le montant d’investissement est inférieur à 500 000 dirhams, selon les résultats de l’enquête réalisée par la Fondation Hassan II pour les MRE. Quant aux grands projets dont le montant dépasse 5 MDH, ils ne représentent que 14 % des investissements réalisés par ces MRE. Ainsi, une politique judicieuse très incitative à l’égard de cette communauté pour orienter la manne financière de RME en investissements productifs est plus qu’essentielle. Cela passera par une plus grande écoute de cette communauté et l’élimination des tracasseries administratives dont souffrent nombre de MRE qui souhaitent s’engager dans des projets d’investissement. Le dialogue commence à s’établir certes, mais il ne sera réellement bénéfique que lorsque l’on ne considérera plus le MRE comme avant tout une « vache à devises ».
La Nouvelle Tribune
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