Latifa Raafat figure parmi les chanteurs préférés de feu Hassan II. La chanteuse marocaine se confie sur sa relation avec le père du roi Mohammed VI.
Le plus vieux détenu politique du Maroc, qui a goûté au cachot sous les trois souverains chérifiens, savoure à 73 ans au pied des montagnes du Moyen-Atlas à Béni Mellal, la liberté qu’il vient de recouvrer le 4 avril à la faveur d’une grâce royale. "Je ne mérite pas la grâce royale car je n’ai commis aucun délit. Une grâce royale après huit mois de détention, c’est une humiliation. Les autorités ont dû classer mon dossier sous la pression internationale", affirme Mohamed Bougrine, ce militant de gauche de 73 ans.
Assis à côté d’un grand bouquet de fleurs avec une inscription le félicitant pour sa récente mise en liberté, cet homme souriant et posé raconte avec humour qu’il a été arrêté la première fois le 17 mars 1960, et la dernière... le 6 juin 2007.
Il semble avoir traversé, presque indemne, toutes les péripéties tumultueuses de l’histoire contemporaine du Maroc. Il affiche un attachement viscéral à la liberté et à la démocratie, et n’oublie pas de remercier son épouse Fatima Omari pour son soutien qui ne lui a jamais fait défaut.
"Bien sûr que j’ai été heureuse quand j’ai appris qu’il a été libéré", dit à l’AFP Fatima Omari. Elle acquiesce quand son mari déclare : "elle m’a rejoint dans toutes les prisons, elle a éduqué nos deux filles et nos quatre garçons, elle partage toutes mes convictions".
Condamné le 9 août 2007 à trois ans de prison pour "atteinte au respect dû au roi" lors d’un sit-in de solidarité avec des manifestants interpellés lors des défilés du 1er mai, Mohamed Bougrine bénéficiera le 4 avril 2008 d’une grâce royale décrétée par Mohammed VI.
Ce vieil opposant évoque son apport au congrès fondateur du parti de gauche Union nationale des forces populaires créé par le chef charismatique Mehdi Ben Barka au cinéma Kawakib de Casablanca en 1959, ainsi qu’aux réunions de quelques militants ayant conduit à la création de l’Association marocaine des droits humains en 1979, la plus à gauche des ONG de défense des droits de l’Homme.
Mais c’est en 1973 que Mohamed affirme avoir risqué la peine de mort.
Il a été arrêté et accusé d’avoir mis sur pied et dirigé une base arrière au profit des guerilleros qui avaient déclenché une lutte armée contre le régime du roi Hassan II dans les montagnes du Moyen-Atlas.
"J’ai été condamné à deux ans de prison après avoir passé trois ans dans des centres secrets de détention, et à la prison de Béni Mellal", raconte-t-il.
Treize ans plus tôt, Bougrine a été arrêté un 17 mars 1960, sous le règne du sultan Mohammed V. "Sur fond de luttes politiques entre les partisans d’une indépendance assortie de liberté et de démocratie, et les adeptes d’un régime monarchique sans aucun changement depuis l’avant-1912, date de l’établissement du protectorat français", explique-t-il. Bougrine ne sera libéré que six ans plus tard, au bénéfice du doute, sous le règne du nouveau roi Hassan II.
Revisitant son itinéraire, cet homme qui fit partie de cette armée modeste de militants de la première heure n’évoque jamais sa situation personnelle. "Il était employé dans une usine de sucre. Après son arrestation en 1973, il a été licencié, et jusqu’à présent, les autorités n’ont pa réglé sa situation, ni sa retraite", explique le responsable de la section locale de l’AMDH, Abbès Abbassi.
Bougrine garde sa pugnacité militante et réfléchit à la mise sur pied d’un comité pour établir la vérité sur les atteintes aux droits de l’Homme. "Ou bien le Maroc s’engage vite dans la voie du changement, ou bien il connaîtra de graves problèmes dans l’avenir", prédit-il.
Source : AFP
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