Pour Bernard Schlappi, manager de l’agence Immogessy, « la fièvre immobilière à Marrakech ne pouvait pas durer éternellement, cette décrue était plus que prévisible ». Pour d’autres, ce n’est qu’une alerte passagère. David Monterin, directeur commercial chez Atlas Immobilier, est de ceux qui pensent que l’essoufflement est dû à « la crise immobilière américaine dont nous commençons à ressentir les répercussions ». Le subprime arrive au Maroc par Marrakech. « La clientèle européenne est de plus en plus hésitante à investir. Les gens font plus attention. Les taux d’intérêt ayant augmenté. Ça freine beaucoup de personnes qui reportent leur placement ».
La baisse des ventes est palpable pour Mounaim Bennani Karim, directeur de Guy Hoquet Maroc. Il reste néanmoins optimiste. « La crise va s’estomper d’ici une ou deux années », prédit-il. « Ce sont des cycles économiques », fait-il remarquer, car « nous vivons une période de récession qui se caractérise par une augmentation des prix du pétrole, des denrées alimentaires... Mais ce ralentissement va passer. On investit moins, par les temps de crise ». Samir Benmakhlouf de Century 21, considère la situation autrement. Selon lui, il ne s’agit nullement d’une crise immobilière, mais parle d’offre déficiente. « Des palais à 10 millions DH à Marakech, les masses ne se bousculent pas pour les acquérir. Il suffit d’ajuster l’offre à la demande ».
Contexte économique fragile
Ce qui est certain, par ailleurs, c’est que la crise internationale a un impact direct sur les ventes et atteint de plein fouet des agences immobilières qui ont mis la clé sous le paillasson. Le métier va mal. La roue tourne à Marrakech, constate Schlappi, ce sont les agences mal structurées qui ont d’abord accusé le coup. « Ça va assainir le marché », se contente de dire le directeur commercial d’Atlas Immobilier.
Malgré ce contexte économique qui fragilise les ventes, le prix du mètre carré est toujours aussi cher. Il est estimé entre 13.000 et 18.000 DH et atteint des pics de 23.000 DH au coeur de la ville. Le marché est instable et a du mal à trouver son équilibre. La profession est partagée. Si le directeur de Guy Hoquet prévoit une stabilisation des prix, Monterin pense que le rythme d’augmentation va progresser mais « à valeurs plutôt raisonnables ». Cependant, personne ne se risque à parier sur une prochaine baisse. « Le marché de l’immobilier suit une courbe en escalier. Il ne baisse pas. Il augmente et passe parfois par des périodes de stagnation », explique Benmakhlouf. Mais il faut faire attention à la marche, parfois il lui arrive de doubler de volume. En l’espace de deux années seulement, le prix du mètre carré a augmenté « de 30 à 50% », confirme le directeur commercial d’Atlas Immobilier.
Source : L’Economiste - Amira Khalfallah