Depuis décembre 2020, La Méridionale n’a assuré la liaison ro-ro entre Marseille et Tanger (route abandonné par la CMA CGM) à raison de trois départs hebdomadaires que pendant cinq mois, rapporte L’Antenne. Malgré le prix des carburants, la pénurie de chauffeurs et la somme de 15 millions d’euros perdue par le groupe Stef en 2021, la liaison semble prometteuse. Les parties prenantes du service de La Méridionale ont nourri des réflexions sur ce sujet. « Le service amène sécurité, fiabilité et écologie mais ne peut pas être moins cher que la route », estime Santiago Muelas, directeur général Maroc de Romship (groupe Romeu), agent de La Méridionale. Toutefois, deux problèmes majeurs se dégagent : ce n’est plus rapide et la différence avec le trajet quasi-tout routier, comprenant la courte traversée maritime de Tanger à Algésiras, est estimée à 12 heures (40 heures au total par la mer).
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L’heure est tout de même à l’optimisme. « Le transport routier sera à terme limité à 300 km, qu’on le veuille ou non. On reviendra aux autoroutes de la mer », est persuadé Rachid Tahri, président du syndicat des transitaires marocains (Association des Freight Forwarders du Maroc), qui mise aussi sur « la fin de l’image virile du routier », car « ce n’est plus un métier qui attire les jeunes ». Lors de son intervention, Fatiha Jauréguy, cheffe du département commercial du Grand Port maritime de Marseille (GPMM) dit être « au stade de l’appel d’offres ». Elle promet « un service de type Lohr ou CargoBeamer » avec comme visée pour Marseille de « devenir un hub roulier avec le Maghreb et la Turquie, comme ce que fait DFDS à Sète ». En plus de sa pertinence opérationnelle, la combinaison « connexion ferroviaire et conteneur 45 pieds “palletwide” est aussi un palliatif à la pénurie de conducteurs », qui sévit des deux côtés de la Méditerranée, fait remarquer le président de VMF et du syndicat des transitaires (STM) Stéphane Salvetat.
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Sur le terrain, les choses se dessinent. « L’occasion fait larron, les tractionnaires commencent à arriver, attirés par ce nouveau trafic », fait savoir Idriss Bernoussi, président d’AMTRI-Maroc (Association marocaine des transports routiers intercontinentaux). Benoît Dehaye, PDG de La Méridionale promet que le service de sa compagnie franchira une nouvelle « année de transition » au cas où il ne subirait pas les effets de nouvelles restrictions de voyageurs. De son côté, Stéphane Salvetat, président de Via Marseille-Fos, assure que la cité phocéenne ne ratera pas le tournant du ro-ro de Tanger : « On a raté le tournant du ro-ro turc, il ne faut pas manquer celui de Tanger ».