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La reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara en échange de la normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël continue de susciter des réactions. Le chercheur Thierry Desrues estime que le roi Mohammed VI a pris le risque de heurter une partie importante de l’opinion publique marocaine.
« Sans un accord impliquant le Front Polisario et sans l’appui des Nations unies, cette annonce s’apparente à un coup de force qui ne signifie pas pour autant un retour prochain des négociations ou une évolution du cadre posé par l’ONU. Surtout, en liant la question de la souveraineté du Sahara au rétablissement de relations diplomatiques avec Israël, le roi Mohammed VI a pris le risque de heurter une partie importante de l’opinion publique marocaine », déclare-t-il dans une tribune publiée par le journal Le Monde.
Malgré toutes les précautions de langage, cette victoire pourrait, analyse le chercheur, se transformer en défaite morale si la cause des Palestiniens ne connaissait pas d’évolution favorable dans les prochaines semaines. « C’est, tout au moins, ce que ressent une partie de la société marocaine qui soutient la marocanité du Sahara occidental, tout en s’émouvant tant de la situation des droits et des libertés sur ce territoire disputé que du reniement des droits des Palestiniens », fait observer l’universitaire, avant de revenir sur les réactions des Marocains, des partis politiques marocains, etc, suite au rétablissement des relations entre le royaume et l’État hébreu.
« Le roi Mohammed VI considère depuis des années que la question de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental est résolue et que seules restent à négocier les modalités d’intégration des indépendantistes. Les déclarations tripartites depuis le ’deal de Trump’ du 10 décembre ont ratifié cette position. […] Les accords montrent que le roi, sûr de lui, agit seul, toujours à la recherche de gains géostratégiques. En impliquant dans ces accords un chef de gouvernement dont le parti a toujours été opposé à la normalisation des relations avec Israël, le souverain tente de réduire l’opposition à ce virage diplomatique », explique le chercheur.
Dix ans après les « Printemps arabes » et à quelques mois des élections législatives et territoriales, ce qui reste de la crédibilité des partis politiques et du parlementarisme marocain, fait-il remarquer, est de nouveau en jeu ; tout comme la liberté d’exprimer publiquement son désaccord avec la direction du pays. « Le roi Mohammed VI avait déclaré au début de son règne vouloir être au diapason des Marocains. Or, sans le relais d’une presse et de partis politiques réellement représentatifs du pluralisme de la société marocaine, le sentiment populaire demeure une inconnue et ne peut guère peser sur la politique du royaume », conclut l’universitaire.
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