La situation a suscité un levé de bouclier dans le rang des défenseurs des droits de consommateurs qui alertent sur l’usage et la vente non contrôlés des produits phytosanitaires dans le royaume. « Le consommateur marocain est clairement en danger »,alerte sur H24Info, Bouazza Kherrati, président de la Fédération marocaine des Droits du Consommateur (FMDC). Pour lui, il y a bel et bien des pesticides prohibés qui circulent au grand dam du consommateur marocain. « Le problème n’est pas l’usage en soi de pesticides, mais l’emploi de pesticides interdits, périmés ou en surdosage, couplé à un non-respect du délai de la récolte », relève l’activiste des droits des consommateurs.
Le président de la FDMC se demande si les fruits et légumes refoulés d’Europe sont détruits ou revendus sur le marché national. « S’ils sont revendus au Maroc, c’est grave, c’est un crime de lèse-majesté, une atteinte au consommateur marocain, d’autant qu’il consomme déjà des produits non contrôlés dans son pays. Si on lui redonne en plus les produits non acceptés par les autres pays, c’est la catastrophe », s’indigne M. Kherrati tout en déduisant que le nombre de cancers déclarés au Maroc est le principal témoin qu’il y a des pesticides interdits qui circulent. Cela démontre qu’au Maroc, les pesticides, on ne les utilise pas, mais on s’y baigne ! », déplore ironiquement Kherrati.
Enfonçant le clou, le président de la Fédération Nationale des Associations du Consommateur (FNAC), Ouadie Madih fait remarquer quant à lui que les pesticides sont en vente libre sans aucun contrôle ni surveillance dans les souks ou magasins agricoles en violation de toute règlementation. Ce qui fait que le consommateur peut les acheter sans savoir leur teneur en pesticides, s’indigne Ouadie Madih disant avoir maintes fois dénoncé le fait.
S’il existe des lois qui règlementent le secteur, les représentants de consommateurs regrettent qu’elles soient « ambigües » ou peu appliquées. « En l’absence d’étiquette prévue par la loi, on peut vendre n’importe quoi sans se soucier des risques générés. Une loi ne sert absolument à rien si elle n’est pas appliquée sur le terrain », s’insurge le président de la FNAC. Face à la vente anarchique des produits phytosanitaires, les représentants appellent à mettre en place une formation encadrée des vendeurs.
Pour rappel, le mois dernier, les autorités tchèques ont retiré de leur marché les poivrons d’origine marocaine importés d’Espagne en raison de la présence excessive de certains pesticides, dépassant de cinq à six fois leur limite maximale de résidus (LMR). Même chose en Allemagne pour des poivrons, mais aussi des haricots verts importés via l’Italie, ou encore en France, pour des melons biologiques qui contenaient un pesticide interdit.