En 2023, « nous avons eu 60 % d’inscrits en plus dans notre complexe de Casablanca et 300 supplémentaires dans celui de Bouskoura », relève Adil Halla, le vice-président du Raja, l’un des deux clubs de la capitale économique marocaine auprès du journal Le Monde. Les parents se bousculent devant les centres de formations, académies et écoles privées de football que comptent les grandes villes. Certains n’arrivent pas à trouver de place pour leurs enfants. « Je n’avais jamais vu ça », confie Moncef Lyazghi, dont les deux garçons sont inscrits depuis des années à l’école du FUS de Rabat. Au Maroc, on note également une footballisation du sport, avec « des jeunes qui ont préféré lâcher le basket ou le volley-ball pour joueur avec leurs pieds ».
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L’époque où Lionel Messi et Cristiano Ronaldo, les deux stars du football européen, étaient les modèles d’inspiration pour les supporters marocains, enfants et jeunes, est révolue. « Aujourd’hui, tout le monde veut un Bounou ou un Ziyech [l’attaquant Hakim Ziyech, qui évolue à Galatasaray] dans la famille », lance le chercheur en politique du sport Moncef Lyazghi. La réputation des Lions de l’Atlas auprès des supporters marocains ne se dément pas. « Vous avez déjà vu des enfants se battre pour devenir gardien de but ? », questionne Gabriel Hicham Guedira, fondateur de l’académie Juventus de Casablanca, par ailleurs ancien préparateur physique du Grenoble Foot 38. « Ils ont envie de ressembler à Yassine Bounou [le portier des Lions de l’Atlas, qui évolue au club saoudien d’Al-Hilal] », s’amuse-t-il.
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Après une longue traversée du désert, le football marocain s’est réveillé à tous les niveaux. « On a connu une longue traversée du désert, avoue le journaliste Amine Rahmouni, consultant sportif pour la radio publique marocaine 2M. Entre la finale perdue lors de la Coupe d’Afrique des nations en 2004 et la nomination d’Hervé Renard comme entraîneur en 2016, je n’ai quasiment que des mauvais souvenirs. » Et de pointer : « Renard nous a réconciliés avec notre équipe et Regragui [Walid Regragui, le sélectionneur des Lions de l’Atlas] nous l’a fait aimer ». Du côté des Lionnes de l’Atlas, des exploits ont été également réalisés. Elles se sont hissées en 2022 en finale de la Coupe d’Afrique des nations, et ont atteint les huitièmes de finale lors de la dernière Coupe du monde. Une première. Ghizlane Chebbak et ses coéquipières ont, elles aussi, contribué « à rapprocher les Marocaines du football », souligne Moad Oukacha, président de Sporting Club de Casablanca, qui a terminé deuxième de la Ligue des champions féminine de la Coupe d’Afrique des nations en 2023.
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Outre les Lionnes de l’Atlas et les Lions de l’Atlas, les autorités ont également contribué au développement du football marocain à travers notamment la réussite du « plan Marshall », lancé en 2020 par la Fédération royale marocaine de football (FRMF), le développement du grassroots football – ou football de base. « On assiste à un développement spectaculaire des associations et des petits clubs, avec la multiplication des terrains de proximité et une pratique qui se structure à travers un réel encadrement et l’organisation de tournois », remarque Fadel Abdellaoui, un ancien membre du comité directeur du Raja, qui rappelle combien le football a toujours été important « d’un point de vue social ».
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Vainqueur de la Coupe d’Afrique des nations en 2020, demi-finaliste de la Coupe du monde en 2022, champion du monde arabe en 2022 et 2023… « le Maroc vit son âge d’or du football global », fait remarquer Amine Rahmouni.