Photo : Ziri Ouchen
Karim Mezran, membre du Centre Rafik Harir pour le Moyen-Orient et auteur de cette analyse, estime que plus d’attention devrait être accordée au Maroc où le mouvement de transition s’inscrit dans une approche différente des méthodes violentes qui ont débouché sur une situation explosive dans des pays comme la Libye, l’Egypte, la Syrie ou encore l’Irak.
Si la Tunisie représente un cas d’exception parmi les pays ayant connu des soulèvements violents, dans la mesure où elle a réussi à passer du régime policier de Zine El Abidine Ben Ali à un système libéral et pluraliste, il n’en reste pas moins que les Tunisiens ont payé cette transition au prix fort. En effet, lors du soulèvement populaire de 2011, des centaines de Tunisiens ont été tués par les forces de sécurité. Quant à l’économie du pays, elle peine toujours à retrouver son rythme d’avant la révolution.
Au Maroc, par contre, le processus des réformes a été lancé par le roi Mohammed VI dès sa succession au trône, précise l’auteur de l’analyse en citant les plus importantes réformes initiées par le souverain aux niveaux politique et des droits de l’Homme comme la Moudawana, l’Instance Équité et Réconciliation (IER), l’élargissement des pouvoirs du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), ou encore la nouvelle constitution votée par referendum.
L’analyse relève également le rôle du Maroc dans le maintien de la paix dans la région à travers la promotion d’un Islam modéré. Plusieurs pays africains ont fait appel au Royaume pour former des imams, précise l’analyse. Celle-ci évoque, sur le plan économique, les accords de libre-échange passés entre le Maroc et plusieurs pays dont les Etats-Unis, ainsi que le statut avancé dont il bénéficie avec l’Union Européenne.
Karim Mezran estime toutefois que le roi continue à concentrer l’essentiel des pouvoirs entre ses mains et que la constitution n’a pas encore été réellement concrétisée sur le terrain. Malgré cela, le rôle central du souverain est perçu comme étant un gage de stabilité au Royaume.
Le Maroc est non seulement le pays le plus stable de la région du Maghreb, mais ses réformes sociales et politiques sont des exemples à suivre par les pays de cette région, conclut l’analyse.